Juan Francesco Espino, lutteur espagnol de l’arène «J’ai arraché le respect des lutteurs sénégalais»

Dans quelle écurie, évoluez-vous cette saison ?
J’ai une licence individuelle et je n’appartiens à aucune écurie. Cependant, j’ai d’excellents rapports et beaucoup d’amis à l’école de lutte Balla Gaye.
Est-ce que votre intégration dans la lutte sénégalaise est effective ?
Bien sûr, je me suis fait une réputation au Sénégal. Je vous invite à me suivre à travers les rues de Dakar. Vous verrez que je suis aimé et apprécié par les amateurs. Par ailleurs, j’ai arraché le respect des lutteurs sénégalais qui savent maintenant que je ne suis pas un touriste venu faire du spectacle, mais un combattant qui est là pour faire face à tous ceux qui le défient.
Pensez-vous sérieusement faire une carrière en lutte avec frappe sénégalaise ?
Je suis un combattant qui pratique la lutte canarienne grappling, le Jiu-Jitsu brésilien entre autres. Donc, je suis habitué du sport de combat. Je suis venu au Sénégal pour participer principalement à la lutte avec frappe qui draine la foule dans tout le pays. Dans cette forme de lutte, on a les combattants les plus puissants.
Comment gérez-vous votre carrière de lutteur au Sénégal, alors que vous ne vous êtes pas installé au pays ?
Ce serait plus facile si je vivais en permanence au Sénégal, mais le problème, c’est obtenir des combats. S’il s’avère plus évident pour moi d’obtenir des combats, je vais probablement passer plus de temps au Sénégal.
Quelles leçons tirez-vous de la lutte sénégalaise, après vos deux sorties victorieuses ?
Pour s’adapter à la lutte avec frappe, le lutteur ne doit pas manquer de concentration, même pour une seconde. En même temps que vous vous concentrez sur les techniques de lutte, vous devez aussi faire attention aux coups de poing qui peuvent vous mettre Ko. C’est ce qui rend la lutte sénégalaise difficile. L’autre chose importante, c’est que le lutteur n’est pas seul. Il lutte pour ses partenaires qui sont derrière l’enceinte, qui souffrent avec le lutteur et qui partagent le plaisir quand le lutteur gagne.
Il se dit que jusque-là vous êtes tombé sur des adversaires supposés plus faibles que vous. Avez-vous la même impression ?
Je ne sais pas trop. Peut-être que ces adversaires ont une appréhension de mon potentiel parce qu’ils ne connaissent pas de quoi je suis capable. Comme on dit, on a toujours peur de ce qu’on ne comprend pas. Il est possible qu’ils voient dans mon visage la détermination et cela les intimide. Il est possible aussi que ma trajectoire de champion du monde dans beaucoup de formes de lutte crée un mythe.
Comment préparez-vous votre combat contre Keur Diène? 
Je suis en pleine compétition dans les Canaries. J’ai fait trois combats consécutifs entre le 20 et le 26 juin. Jeudi 28 juin, je vais prendre part au Championnat d’Europe de Grappling contrôle absolu à Bruxelles (Belgique) où je devrai faire face aux 6 meilleurs combattants d’Europe. Vous imaginez aisément que je suis bien préparé. Je vais beaucoup voyager, je vais participer à un concours de péage. Vendredi 29 juin, je vais voyager de Bruxelles à Madrid Grand Canaria, avant d’arriver à Dakar. Ça me fait de nombreuses heures de vol et d’attente dans les aéroports. Ce qui provoque une fatigue extrême. Quoi qu’il en soit, comme toujours, je vais tout donner et avec l’aide de Dieu, j’espère remporter la victoire. Du point de vue technique, je sais que Keur Diène est un bon combattant. Il a remporté des combats importants à international et j’espère que mes collègues vont me donner plus de détails pour trouver la stratégie la plus appropriée.

Est-ce que le fait de ne pas être dans une écurie de lutte sénégalaise et de ne pas avoir une préparation en boxe ne va pas être un handicap ?
Comme je l’ai dit. Je pratique également le MMA Vale Tudo où on reçoit des coups. Je possède un gymnase- un Jet Glogal spécialisé dans les sports de contact et dans la boxe. Là, j’en profite pour m’entraîner avec les boxeurs et avec les magnifiques entraîneurs que nous avons.

Qu’est ce qui fait courir Juan dans la lutte sénégalaise ?
J’ai pratiqué la lutte depuis mon enfance et j’ai visité de nombreux pays où la lutte est importante, la Corée, la Mongolie, la Turquie, mais dans aucun de ces pays, la lutte n’a atteint le niveau de popularité dont elle dispose au Sénégal. C’est une forme de lutte très intéressante pour moi. La reconnaissance sociale dont jouissent les lutteurs du Sénégal, je ne l’ai pas vue nulle part dans le monde et c’est très intéressant. D’autre part, le niveau élevé des combattants au Sénégal est un grand défi pour moi et je suis un homme qui aime les défis. Au Sénégal, il y a un beau temps, des gens sympathiques, de belles plages, de la bonne nourriture…. Qu’est-ce que on peut demander de plus ? En ce qui concerne l’argent, je vis bien financièrement. La lutte des Canaries me rapporte beaucoup. J’ai un emploi rémunéré, je possède la plus grande salle de gym. Mais je vois qu’au Sénégal la lutte déplace des masses, des médias, des entreprises et beaucoup d’argent. Je ne connais pas de lutteur sénégalais qui offre des services gratuits. Entre promoteurs et combattants, on se livre à des batailles quotidiennes sur les cachets. Les télévisions et les sponsors aussi ne sont pas en reste. Pourquoi devrais-je donc me battre gratuitement ? Je suis un professionnel qui donne toujours un spectacle. J’ai les mêmes droits que les footballeurs sénégalais évoluant en Europe ou joueurs de basket sénégalais jouant hors du Sénégal

Quels sont vos rapports avec les lutteurs sénégalais ?
Je maintiens d’excellentes relations avec mes amis sénégalais dont Double Less 2, Pape Konaté. Je visite des sites qui parlent de la lutte sénégalaise presque tous les jours. Je regarde les grands combats à travers Internet. Bref, je suis assez bien informé de l’actualité de la lutte au Sénégal.