L’immixtion de la belle-famille n’est pas sans conséquences sur la vie des deux conjoints. Les beaux-parents ont tendance à édicter les comportements à l’époux ou à l’épouse et finissent par casser le mariage. Pour plusieurs personnes interrogées la belle-famille a une responsabilité dans la fréquence des divorces.
La circulation est dense au niveau de la Poste de Thiaroye en ce début de matinée du vendredi 17 juillet 2009. Derrière le bureau de poste, le monde des mécaniciens et des vulcanisateurs s’est réveillé à 9 heures. Le cliquetis des marteaux sur les métaux est perceptible de loin. Après cette galerie d’entrepôts, les alentours des habitats du quartier Youssou Fall est calme. La rue principale est couverte par les eaux. Un homme de forte corpulence est devant sa maison. Il a l’air pensif et est sur le point de sortir. Il est aussi préoccupé par la fréquence des divorces. Assis sur un banc, il énumère plusieurs causes avant d’indexer la belle-famille. « Je suis d’avis que les belles-familles ont une responsabilité dans la survenue des divorces. Elles veulent avoir un oeil sur la vie conjugale de leurs fils », admet cet homme qui a requit l’anonymat.
Un peu plus loin, Fatoumata Ba et sa copine sont sur le chemin du marché. Elles marchent d’un pas lourd. Pour la demoiselle, les hommes sont les principaux responsables de la fréquence des divorces. A cela elle ajoute : « Les
belles-familles sont à l’origine des divorces dans certains cas », dit elle sans vouloir faire plus de commentaire.
En prolongeant « Yow nag » (la route des boeufs), on entre dans le quartier « Darou Ramaty ». Le quartier est peuplé. Les habitants mènent une vie en communauté. Ibrahima Sagna et Mamadou Ndiaye sont devant leur maison
pour conjurer la canicule et tuer le temps. La rue est chargée d’histoire, nous disent-ils.
Ibrahima Sagna et Mamadou Ndiaye sont témoins de plusieurs dislocations de ménages. Ibrahima Sagne associe la belle famille dans la survenue de cassures. « Le manque de moyens est la source des divorces mais on voit souvent la mère du mari imposer un mode de conduite à la femme de son fils. De nos jours, les épouses ne tolèrent pas les injonctions venues d’ailleurs », fulmine Ibrahima Sagna. Mamadou Ndiaye d’un âge plus jeune s’en prend plus à la famille du mari. Pour ce dernier, ce sont les frères, les soeurs, et la mère du mari qui poussent le plus souvent l’homme à se séparer de sa femme. « On entend plus souvent dans une famille, la soeur ou la mère dicter des lois à l’épouse. Aujourd’hui, comme les filles ont une éducation occidentale, elles finissent par se révolter et s’en aller », explique Mamadou Ndiaye. Il déroule le fil de la mémoire des divorces et leurs circonstances. La responsabilité de la belle des personnes interrogées par la sociologue Fatou Bintou Dial.
Les belles-familles ont la propension, de nos jours, d’interférer dans le mariage qui reste jusqu’à la preuve du contraire un acte individuel, même si, au Sénégal, on ne le conçoit pas en dehors des familles de l’époux ou de l’épouse. Les fiançailles sont scellées dans certains cas en l’absence des deux concernés et en présence de leurs parents. Ces derniers ont une grande influence sur la définition des règles du jeu d’un couple.
L’immixtion des parents dans la vie des couples donne naissance à la désunion dans la plupart des cas. « Ce qui est clair, on ne peut pas concevoir le mariage en dehors des deux familles. Il y a une forte immixtion des deux familles dans la vie d’un couple. Elles sont à l’origine de tout », a soutenu la sociologue Fatou Binetou Dial au cours d’une conférence de presse à l’Institut Léopold Sédar Senghor de Dakar.
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