A enterrement spécial, mobilisation spéciale. L’inhumation de Karine Wade, hier au cimetière musulman de Yoff, est à marquer dans les annales des grandes cérémonies funèbres du pays. Tellement les moyens déployés pour la circonstance étaient énormes. Un hélicoptère qui survole les cimetières, des voitures 8X8 et 4X4, des bus climatisés avec à bord, d’éminentes personnalités du monde politique et de la culture ont radicalement changé le visage hideux du cimetière. Dès les premières heures de l’après-midi, les forces de l’ordre, déployées sur les lieux, ont commencé à «assainir» les lieux. Les malfrats, les vendeurs de cacahuètes, de café Touba et autres charretiers qui pullulent dans les alentours du cimetière sont priés de vider les lieux. A 15 heures 45 minutes, une foule immense est massée tout au long du parcours menant vers le cimetière.
Des jeunes, des vieux et des femmes. Chacun y allait de ses commentaires : «Ndeysan, Aïda la toudou, sama tourondola (Elle s’appelle Aïda, c’est mon homonyme)», lâche une dame. «Vraiment les hommes politiques doivent ouvrir les yeux. Ils doivent savoir qu’après la vie, il y a la mort qui nous attend. Nous prions pour le repos de son âme», conseille un homme, visiblement ému par les évènements. 15 heures 50 minutes, une flèche ouvre la voie à Serigne Montakha Bassirou, porte-parole de Serigne Bara. Sous forte escorte de talibés mourides, le marabout est accueilli dans le hangar de la mosquée du cimetière. Les talibés Mourides viennent un à un serrer la main du marabout et demander des prières. Les personnalités continuent d’affluer. La devanture du cimetière devient étroite pour accueillir tout ce beau monde. Les forces de l’ordre se redéploient.
Les derniers pas de Karim et Karine
A 16 heures 30 minutes, le cortège funèbre arrive aux cimetières. Le corbillard s’arrête devant la mosquée. Le cercueil, recouvert d’un tissu noir avec des écritures saintes, est posé devant le marabout. Au premier rang, le chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, Karim Wade et autres membres de la famille. On demande aux fidèles de se tenir droit pour la prière mortuaire. Karim Wade, habillé en grand boubou blanc, devient tout rouge. Il a l’air d’être ailleurs. Il jette un regard dans la foule comme quelqu’un qui cherchait une personne qui lui est chère. En vain. Son regard s’écrase sur le cercueil posé à ses pieds. C’est l’heure de la prière mortuaire. Après, le cortège se dirige vers la tombe. Sous les «Zikr» et des «Lahilahaillah», Aïda Karine Wade est accompagnée à sa dernière demeure. Karim Wade tient le cercueil et avance, la tête baissée, vers la tombe de Karine. Le pas lent. Le rythme cadencé. Karim Wade donnait l’impression de quelqu’un qui ne voulait pas se séparer de sitôt de sa compagne. Lentement, mais sûrement, le cortège arrive à la tombe. Elle est déjà prête à accueillir l’éternel hôte. On sort le corps du cercueil. Karim ôte son grand boubou et met un pied dans la tombe pour enterrer sa douce moitié. Il est exactement 16 heures 57 minutes. Triste moment. Son père, Abdoulaye Wade, assiste impuissant au décret divin. Son oncle, Doudou Wade, reste bouche bée. Quelques secondes après, Karim se redresse. Il est couvert de poussière. On ensevelit le corps de Karine. Il fixe la foule, puis baisse les yeux. La gorge nouée, il enfile ses lunettes fumées. Une toux sèche trahit l’émotion qui l’étreint. Les chefs religieux de Touba Serigne Mountakha Bassirou et de Tivaouane Abdoul Aziz Junior, et les fidèles formulent les «Fatiha et 11 Likhlas» classiques pour le repos de l’âme d’Aïda Marème Karine Wade.
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