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Politique

ENQUETE SUR LE COMPORTEMENT ÉLECTORAL : Les petits secrets du vote des jeunes à la présidentielle 2007

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ENQUETE SUR LE COMPORTEMENT ÉLECTORAL : Les petits secrets du vote des jeunes à la présidentielle 2007

Le vote des jeunes a été déterminant lors de la présidentielle de février 2007. Mais, leur vote comporte nombre de paradoxes relevés par une étude menée par des experts.
Les jeunes urbains ne sont pas intéressés par les critères de probité éthique et morale quand il s’agit de choisir un président de la République. C’est ce qui ressort du résultat d’enquête de terrain menée par une équipe sous l’égide du Mouvement citoyen, en rapport avec l’étude faite par la Fondation Konrad Adenauer. Cette étude a porté sur «le comportement électoral de la jeunesse urbaine sénégalaise lors des élections de février et de juin 2007». Le document révèle que «les votants qui ont mis en avant les vertus du candidat telles que la réputation, l’intégrité et l’honnêteté représentent une très faible proportion, soit respectivement 0,4 ;1,1 et 1,5%». A l’opposé, il est noté la dominance des jeunes enquêtés à accorder la primauté de leur choix à l’espoir et la confiance. Ils représentent environ 57% des votants, selon l’échantillon de l’enquête.

Cette situation dénote les paradoxes relevés par l’enquête sur le comportement électoral des jeunes lors de la présidentielle de 2007 et des législatives de la même année. Lesquels paradoxes poussent à s’interroger sur les mobiles qui peuvent conduire les jeunes à choisir tel ou tel candidat.

Les jeunes votent contre les jeunes

D’après les estimations, les moins de 25 ans constituent 56% de la population et en partant de la dernière refonte du fichier électoral, la tranche d’âge allant de 18 à 35 ans pourrait constituer plus de 25% de l’électorat sénégalais. En effet, les résultats de la recherche trouvent paradoxal que «l’essentiel des suffrages des jeunes soient allés vers le doyen des candidats qui incarnerait ainsi l’aspiration d’une jeunesse sénégalaise en désarroi». Ce comportement des jeunes est d’autant plus étonnant qu’un calme a prévalu le lendemain du scrutin, loin de refléter le point de vue de ceux qui présageaient des manifestations de rue.

Pourtant, les résultats de la recherche indiquent : «S’il est vrai que les jeunes constituent une importante masse électorale, leur importance en nombre ne s’est jamais traduite par un vote systématique et significatif en faveur des candidats de leur génération.» D’ailleurs, l’on souligne que les candidats jeunes de la dernière présidentielle comme Talla Sylla, Cheikh Bamba Dièye et Alioune Petit Mbaye ont développé des messages pertinents pour la prise en charge des problèmes de la jeunesse mais, leurs scores cumulés n’ont pas atteint 2% des suffrages exprimés. Seulement, ces résultats obtenus par les candidats jeunes ne confirment pas l’analyse des perceptions des jeunes qui se sont largement prononcés pour l’exercice de la présidence de la République pour les jeunes. Au terme de l’enquête, ils ont été 73% à être tout à fait d’accord avec la proposition d’un jeune à la tête de l’Etat, avec un pourcentage de 76% des personnes interrogées à Dakar et 70,5% des personnes vivant dans les régions.

Le «ndiguel» en perte de vitesse

L’étude coordonnée par Mamadou Bodian indique également que la participation électorale demeure élevée chez les jeunes analphabètes. En effet, le rapport fait remarquer que 28,1% des jeunes de l’échantillon sont des ouvriers, manœuvres et gens de service. La proportion des artisans, vendeurs et petits commerçants n’est pas non plus négligeable avec un pourcentage de 19,6%. Ainsi, l’on explique que les limites des pouvoirs à assurer l’accès des jeunes à l’emploi, synonyme de la précarité de l’emploi explique que 76,9% des jeunes enquêtés sont pris en charge contre 23,1 qui ne le sont pas. Le document fait aussi constater que plus de 73,8% des enquêtés se retrouvent avec un revenu mensuel inférieur à 50 mille francs Cfa.

Autre constat fait la recherche sur le comportement électoral des jeunes lors des élections de 2007, c’est que l’influence des chefs religieux ou de l’appartenance ethnique était variable en fonction de l’appartenance confrérique. En effet, on indique que le «ndiguel» ou consigne de vote montre que globalement «les jeunes urbains ne sont pas influencés par l’injonction des religieux». Car, à Dakar et dans les autres capitales régionales, ceux qui ont suivi le «ndiguel» représentent respectivement 5 et 11,5% des votants. ECLAIRAGE AVEC… Souleymane Gomis, sociologue : «Les jeunes sont plus portés vers le concret, le palpable»

Quelle explication donnez-vous au vote des jeunes en partant du rapport que vous avez publié ?

Nous sommes partis d’une hypothèse de travail pour se demander pour quelles raisons les jeunes urbains votent ? On s’est rendu compte que cette jeunesse avait conscience du changement. Autrement dit, ils savent qu’avec le vote, on peut faire un changement de régime. Ils lient leur prise de conscience par le vote à leur situation socioéconomique. Ils savent qu’en changeant de régime, leurs conditions de vie peuvent changer.

Beaucoup de politiciens pensent qu’il faut donner de l’argent aux jeunes pour qu’ils aillent voter. Est-ce que cette hypothèse prospère ?

Cette hypothèse est fausse parce que nous l’avons testée. Cette jeunesse citadine adopte des stratégies parce qu’ils ne votent pas forcément pour le candidat qui leur donne de l’argent. Au contraire, ils adoptent des stratégies de ramassage d’argent auprès des politiques pour l’utiliser à d’autres fins parce qu’ils se disent que cet argent n’appartient pas aux politiques, c’est l’argent du contribuable. Vous avez constaté que lors de la présidentielle, les jeunes n’ont pas voté pour des candidats jeunes comme Alioune Petit Mbaye, Talla Sylla et Cheikh Bamba Dièye.

Pourquoi ? Est-ce que ce n’est pas parce qu’ils sont convaincus que ces gens ne peuvent pas régler leurs problèmes ?

Absolument. C’est parce qu’ils n’ont pas eu confiance en ces jeunes, ils pensent qu’ils ne pourront pas prendre en charge leurs doléances. Les jeunes veulent plutôt un discours plus concret, avec des réalisations et des choses palpables. On ne peut plus les bluffer avec des promesses. Ils sont plus portés vers les discours qui leur montrent ce qui est déjà fait. Ce qui est très difficile pour un homme politique débutant. Ils ne peuvent pas montrer des réalisations alors qu’ils n’ont pas encore le pouvoir.

Dans ce cas, est-ce que le pouvoir n’a pas une avance sur l’opposition parce qu’il a les moyens de développer ces stratégies dans la banlieue ?

Le pouvoir détient plus de moyens que l’opposition et cela est valable partout ailleurs. Mais, ce n’est pas suffisant parce que la confiance ne dépend pas forcément sur les moyens que détient le pouvoir. La confiance est beaucoup plus liée à la conscience des gens qui comprennent que leur vote poeut être utilisé pour les dominer encore pour un temps. Or, la jeunesse actuelle a bien pris conscience et elle se méfie. Donc, elle peut avoir plus confiance à un opposant qui a fait ses preuves ou qui est beaucoup plus réaliste dans son propos qu’un homme du pouvoir qui arrive avec beaucoup de moyens pour tenter de corrompre ou d’acheter des consciences.

ALASSANE SAMBA DIOP (RFM) AVEC NDIAGA NDIAYE



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