La mort du président Lansana Conté survenue ce lundi n’a pas mis fin à l’instabilité politique que traverse la Guinée. Un groupe de militaires conduit par le capitaine Moussa Camara s’est emparé du pouvoir et a annoncé très tôt hier la dissolution du Parlement et du gouvernement. Une nouvelle entorse à la démocratie déjà mal en point au niveau de la sous-région. Et qui constitue une nouvelle menace pour le Sénégal qui ne saurait rester indifférent face à ce nouveau coup de force du voisin. Ce qui fait dire au journaliste politologue Babacar Justin Ndiaye qu’en regardant attentivement la carte, ‘les décideurs sénégalais doivent mesurer les périls qui enveloppent notre pays’. En effet, analyse le journaliste politologue, la démocratie sénégalaise ‘est prise en sandwich avec une tyrannie militaire au nord (la Mauritanie), une anarchie militaire au sud-ouest (Guinée-Bissau) et un capharnaüm guinéen au sud-est’. Toutes choses faisant dire à Babacar Justin Ndiaye que la démocratie sénégalaise ‘ne respire que par la fenêtre malienne et l’Atlantique’. C’est dire, ajoute M. Ndiaye que la mappemonde renseigne plus que les bulletins des services de sécurité et les rapports diplomatiques. ‘On a la Guinée-Bissau qui se ‘narcotise’, la Guinée Conakry qui sombre dans l’anarchie ce qui ne manquera donc pas d’installer géopolitiquement toute la sous-région dans une sorte de Triangle des Bermudes’. Il se dégage donc de l’avis de Babacar Justin Ndiaye, un boulevard de crise qui va maintenant de Ziguinchor à Abidjan en passant par Conakry, Bissau jusqu’à Sierra Léone.
Par ailleurs, explique le politologue la nouvelle situation en Guinée Conakry est la résultante de l’entêtement de certains dirigeants africains à s’éterniser au pouvoir contre vents et marées. ‘Lansana Conté est resté un quart d’heure de trop au pouvoir’, affirme-t-il. Mais, précise toujours Babacar Justin Ndiaye, ‘la Guinée est historiquement sur une pente politiquement très glissante. Le jeu des forces ethno-claniques est une réalité très vieille’. Et le coup de force du capitaine Moussa Camara et ses camarades sonnent comme une volonté de l’Ethnie Soussou de conserver le pouvoir. ‘Hier l’épicentre du pouvoir était en pays Malinké avec Sékou Touré. En 1984, il s’est déplacé en pays Soussou, et aujourd’hui le clan Conté - soit militaire ou civil - manœuvre de toutes ses forces afin que le pouvoir n’aille ni au Fouta ni en pays Malinké’.
La Guinée se trouve alors en face d’un coup d’Etat impossible à boucler avec l’arrivée du capitaine Moussa Dadis Camara qui, selon le politologue, pourrait seulement être le porte-parole du Chef d’état-major. ‘Dans tous les cas de figure, Conté avait déjà verrouillé son pouvoir avec les officiers Sossou’, relève M. Ndiaye.
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