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Politique

CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Et Maître créa « l’infarctus démocratique »

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CHRONIQUE DE L’IMPROVISTE : Et Maître créa « l’infarctus démocratique »

Comment sortir du cercle vicieux du doute ? Signe de renouveau démocratique quand elle est survenue en 2000, après une très longue période « socialiste », l’Alternance s’est transformée en bulletin d’échecs au cours des sept dernières années. Il s’est installé, dans le pays, une démocratie émotive, rendant quasi impossible, la création d’une dynamique de la confiance durable. Ce pays est rongé par le scepticisme causé par les actes posés et les discours que tiennent ceux qui le dirigent. Des investisseurs en chassent d’autres dans notre environnement et dans le paysage mental de Maître, dominé par la saute d’humeur et les intérêts particuliers de sa dynastie et de sa galaxie. Sur cette scène publique brouillonne les hommes qui nous gouvernent, et Maître en tête sont, sans conteste, les meilleurs spécialistes de l’économie bureaucratique - dans laquelle on ne retranche jamais rien, on ne transforme pas et on rajoute toujours. Ils nous prouvent qu’ils ne savent rien ou si peu de l’économie réelle, avec ses contraintes de compétitivité, ses exigences sociales, ses règles de concurrence. Territoire de contingence et d’improvisation, théâtre permanent de (re)présentation du pouvoir, le discours politique sénégalais ne connaît que deux temps : le présent et le conditionnel. 

« L’ingéniosité que déploient les humains, depuis l’origine des temps, pour inventer ou réhabiliter des arguments en faveur d’erreurs l’emporte de beaucoup sur celle qu’ils ont mise à rechercher et démontrer des vérités. » Ce constat que dresse Jean-François Revel dans ses Mémoires pourrait servir de commentaire au système de défense adopté par Monsieur Doudou Wade, après le message de Maître, lu par le Premier ministre Adjibou Soumaré. Telle une encyclopédie surréaliste, il était venu « délivrer le message du président de la République », mardi dernier devant les députés, à l’Assemblée nationale. En entrant par effraction et avec la « complicité » du nouveau Premier ministre, dans le domaine d’évolution de Monsieur Macky, beaucoup d’observateurs ont compris, qu’à travers ce message, l’Exécutif sacrifie une énième fois, le principe de la séparation des pouvoirs.

En effet, Maître à lui seul incarne trois présidences, en attendant la quatrième. Il est Président de la République, il est président du Pds, mais il est également, depuis mardi dernier, Président de l’Assemblée nationale. Peut-être bientôt, président …du Sénat. Cela pose un problème au fonctionnement de la démocratie.

D’ici qu’on demande aux députés de faire acte d’allégeance, en prêtant serment devant Maître, surprendrait si peu. Le seul regret qu’on aura est que de Premier ministre à Président de l’Assemblée nationale, nous n’aurons jamais la faveur de voir Monsieur Macky, plus ou moins folichon ! A la fin de la séance de mardi dernier, répondant à la question d’un reporter sur la loi portant création de la société Apix s.a, le président du Groupe parlementaire libéral déclare : « Mieux vaut une loi votée par un ou deux députés, dans l’intérêt de la Nation, qu’une autre votée par 150 députés et qui ne vaut pas grand-chose ». A-t-on alors besoin d’une représentation nationale. Si deux personnes suffisent, Maître, peut nommer deux personnes qui voteront les lois. Les abstentionnistes du 3 juin 2007 ont été confirmés dans leur choix, par le président du groupe parlementaire libéral, incarnation d’une pléthorique et déjà cacophonique majorité parlementaire.

Convenons que son argumentaire est peu glorieux. Le plus insupportable n’est pas d’avoir à s’expliquer sur un échec en donnant des arguments vides de sens : c’est d’avoir sans cesse à jouer la comédie de l’importance.

Les opportunistes wadolâtres diront que c’est le signe d’une excellente santé démocratique et qu’on ne peut que se réjouir de voir un seul homme prêt à se dévouer pour le bien du Sénégal. Les réalistes verront au contraire dans cette concentration des pouvoirs, l’expression d’une déliquescence où se mêlent, le choc des vanités, la confusion des esprits, la floraison des corporatismes. Sans parler de l’esprit de lucre, puisqu’une seule personne, offre aux petits malins qui en ont compris le mécanisme et l’homme, l’occasion inespérée de vivre aux crochets de la République, non sans avoir promu de gigantesques parties de chasse où les chasseurs et les proies sont de la même espèce, et dont sort vainqueur, celui qui aura occis le plus grand nombre de « frères ». Ses interventions tous azimuts dans tous les domaines ont pour conséquence de banaliser sa position - dans son parti et dans l’Etat - et fragilisé son pouvoir d’arbitrage et de recours ultime et, en dernière instance les institutions qu’il est censé servir : l’Exécutif, le législatif et le judicaire.

Nous vivons dans un environnement fondé sur l’imbrication étroite de la raison d’État avec des intérêts particuliers à la lisière de la grande délinquance, ayant constamment fonctionné sur le mode du coup tordu permanent. Les coups bas et les trahisons brutales se multiplient dans une atmosphère florentine de fin de règne.

Cela me rappelle cette histoire belge dont il faudra concocter une version sénégalaise. La scène se passe à Diamniadio. Maître s’interpose un jour de grosse baston, demandant aux Emiratis de se mettre d’un côté et aux Américains de l’autre. Une fois la consigne appliquée, les autochtones restés sur le champ de bataille demandent : « Et nous les Sénégalais, on se met où ? ». « Yallah roukh khima Karim » (en arabe : allez vous mettre derrière Karim !), l’icône globale de l’ingénierie financière, urbanistique et aéroportuaire d’avant-garde, concepteur « de la plus belle corniche de l’Afrique de l’Ouest ». Parmi eux, quelques uns de s’écrier « Il est où » ?

Bonne question s’il en est. Il est où ? A l’Anoci ? Sur la Vdn ? A l’aéroport de Diass ? Préparant sa visite à Touba ? A Dubaï ? Accompagnant les Indiens des Ics ? Qu’il est loin le temps où son cher père fustigeait Abdou Diouf et son gouvernement d’avoir vendu la Sénélec à 40 milliards !

On rirait de cette comédie de boulevard si elle ne nous racontait pas le naufrage du pays. Tout est affaire désormais, d’une « Génération », véritable symptôme général dont souffre d’ailleurs notre société. Leurs costumes sont toujours hyper bien taillés et repassés, ils sont rasés de près, même en urgence. A croire qu’être imberbe est pour eux, un critère de compétence.

Les Américains ont quitté Diamniadio, par « consentement mutuel » avec l’Etat du Sénégal, laissant la place à la Zone économique spéciale, offerte à des privés Emiratis, sur un plateau de dollars et dont soupçonne qu’elle sera laissée à la régulation de Apix s.a qui n’existe pas.

Des techniciens du droit nous ont expliqué que l’Agence pour la promotion des investissements privés au Sénégal (Apix) est devenue depuis le 6 février 2007, par la « grâce » de la loi, une société anonyme (s.a), donc de droit privé. Or, à ce jour du moins, l’Etat détient la totalité du capital social. Si l’on concède le statut de société anonyme à la nouvelle structure, force est alors de concéder également que nous sommes en face d’une hérésie juridique sans nom. Cette hérésie a été nettement perçue par les juges du Conseil d’Etat qui en donnant leur avis sur le texte, ont suggéré au gouvernement de changer l’intitulé du titre de la loi. En place et lieu d’ « une loi portant création d’une société anonyme dénommée Apix », tel que formulé dans un premier temps par le gouvernement, il lui a été conseillé de mettre la mention : « loi autorisant la création d’une société anonyme dénommée Apix ». Les juges ont ainsi conseillé au gouvernement une méthode de contournement de la loi. La nuance, plutôt la différence entre les deux expressions emporte d’immenses conséquences de droit. La loi portant création fait exister par elle-même la société à créer. Or la loi qui autorise « Apix s.a », a nécessairement besoin d’être accompagnée d’un deuxième acte juridique pour que la société à créer ait une existence juridique. Pour le moment, cet acte n’existe pas.

Nous sommes en plein dans un « infarctus » démocratique, avec un jeu de pouvoirs et de contre-pouvoirs déséquilibré, et une culture de l’opacité, portée par une caste politique qui fait trop souvent sa petite cuisine, sur son petit feu, dans son petit coin, profitant, par ailleurs de la « baisse de…25 francs » sur le prix du riz.. Pour l’heure, la vie quotidienne est un cauchemar : pauvreté généralisée de la société, de la cuisine, de la vie. Le « pain ndambé » a encore de beaux jours, en attendant la réalisation des Grands projets de Maître défendus par des politiciens aux cursus aussi éculés que leurs idées, et qui font tinter les casseroles qu’ils traînent



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