Abdoukhadre Sow : «Je suis le couturier des grands footballeurs et de certains présidents»

Il n’est plus à présenter dans le milieu de la couture.Connu comme le couturier des stars, Djily création a fini d’imposer sa marque dans tous les milieux VIP. Un tour à son atelier où sont visibles les photos de grandes célébrités comme Youssou Ndour, Oumou Sow, entre autres, confirme ce constat. En cette veille de Korité où il est difficile de l’accrocher pour une interview, car coincé entre les livraisons des commandes et les va-et-vient des clients, le Pays a réussi à lui tirer les vers du nez.

Qui est Djily Créations ?

On me connait sous le label de Djily Créations.Mais, mon vrai  nom c’est Abdoukhadre Sow. Je suis un talibé de Serigne Fallou Mbacké, originaire de Touba, une ville que j’ai quittée quand j’avais sept ans. J’ai fait les bancs de l’école Klébert jusqu’à un certain niveau (je préfère ne pas le préciser.) Mais  je ne suis pas resté longtemps à l’école car j’aimais trop le design et la couture. D’ailleurs à l’école, au moment où le maître expliquait les cours, ou nous donnait des exercices à faire, j’étais en train de dessiner des modèles sur mon cahier. J’étais très fort en dessin.C’était ma matière préférée. J’ai alors senti que le stylisme était ma voie et je l’ai emprunté.C’était plus fort que moi. Alors puisque j’ai quitté les bancs de l’école très tôt, j’ai intégré l’atelier de couture de mon grand frère. C’est là où j’ai appris le métier de tailleur.

Mais depuis quelle année avez-vous commencé la couture ?

C’est en 1992 que j’ai commencé l’apprentissage du métier. Mais je l’ai appris pendant une dizaine d’années. C’est en 2000 que j’ai eu ma première embauche. Je suis passé par Sénégal Broderie Moderne, par Mandel Couture et par beaucoup de célèbresateliers de couture de Dakar. Cela m’a permis de renforcer mes expériences dans ce métier. Mais, c’est en 2007 que j’ai lancé mon label  «Djily Créations». 

«C’est encore dommage que dans nos marchés, on ne voit que des marques comme Dolce Gabana, Louis Vuitton et autres marques étrangères, il faut qu’on vende la marque sénégalaise à l’étranger. D’ailleurs, si vous avez remarqué le  footballeur international Yaya Touré, lors de son mariage, il s’est habillé en boubou traditionnel. C’est moi qui l’ai cousu. C’est une fierté pour tout le Sénégal.» 

Actuellement vous faites partie des stylistes les plus célèbres, quel est votre secret ?

Non, je ne me prends pas pour l’un des stylistes les plus célèbres de la place.Je viens de démarrer. Si j’ai cent paliers à gravir, je n’ai réussi qu’un seul. Je ne suis pas encore au sommet car j’ai d’autres projets. Pour le moment j’ai des succursales au niveau international. Si vous allez à Londres, et dans certains Etats aux Etats unis d’Amérique, nous avons des représentants là-bas. 

Mais vous ne pouvez pas nier le fait que soyez le couturier de grandes stars comme Youssou Ndour, vous vous affichez en photo ensemble !

C’est vrai.Aujourd’hui, si de grandes célébrités sont devenues mes clients, c’est le fruit de mon travail. Je m’attelle à faire mon travail à la perfection.Je pense que c’est ce qui explique que j’ai des clients tels que Youssou Ndour, le footballeur Yaya Touré de Manchester City et Adébayor. Et puis, j’ai réussi à imposer à ces footballeurs internationaux de porter des boubous traditionnels estampillés Sénégal. Mon souhait à travers mon label, c’est de vulgariser la marque nationale et la créativité sénégalaise. C’est encore dommage que dans nos marchés, on ne voit que des marques comme Dolce Gabana, Louis Vuitton et autres marques étrangères, il faut qu’on vende la marque sénégalaise à l’étranger. D’ailleurs, si vous avez remarqué le  footballeur international Yaya Touré, lors de son mariage, il s’est habillé en boubou traditionnel. C’est moi qui l’ai cousu.C’est une fierté pour tout le Sénégal. On doit imposer nos créations, et exporter ce que nous avons.  Tous les créateurs doivent imposer aux blancs leurs marques. Les Européens n’ont pas un meilleur esprit de créativité que nous. Nous avons de grands stylistes créateurs en Afrique. Et puis les boubous traditionnels ont de la classe, il suffit qu’on fasse plus preuve de professionnalisme pour nous développer.  

Quels sont vos rapports avec ces stars qui sont vos clients ?

De bons rapports. Avant même que je ne connaisse ces célébrités ou ces VIP comme on les appelle, j’ai toujours cru en la perfection. Pour moi, c’est ce qui peut attirer tous les genres de clients. Mais je remercie le bon Dieu de m’avoir mis en rapport avec toutes ces personnalités. Youssou Ndour, quant à lui c’est Mame Less Thioune qui me l’a présenté et Mbaye Dieye Faye a raffermi nos relations. Et nous entretenons de bons rapports. C’est quelqu’un de bien. C’est moi qui lui confectionne ces boubous et il m’a mis en rapport avec d’autres présidents. 

«Au début, quand je lançais le label «Djily Créations», j’ai vu que les stylistes n’osaient pas mélanger certaines couleurs sur un même habit. J’ai osé avec les couleurs qu’aucun styliste n’osait mélanger car ils faisaient du «ton sur ton». Au début, ils me critiquaient même en disant que mes modèles sont très folkloriques, mais maintenant ils m’imitent tous». 

Lesquels, présidents ?

Non je préfère ne pas citer de noms.Mais c’est juste pour vous dire que Youssou Ndour est un ami et une référence pour moi, pas en tant que musicien mais par rapport à son parcours, car c’est un «self made man». J’ai des relations avec d’autres grandes VIP. Ce sont mes clients artistes que l’on connaitmieux mais je reçois n’importe qui dans cet atelier. Il y’a des Mbacké-Mbacké, des gens d’autres familles religieuses. Je travaille pour des ministres, des marabouts etc. Mais je ne regrette rien de mes relations avec les artistes. C’est des gens bien qui m’ont beaucoup aidé dans mon travail. On est dans un milieu de business, où c’est de l’échange, j’avoue qu’ils ont porté loin mon label. Il y’a Viviane Ndour, Fatou Guéweul, DjibyDramé, Oumou Sow... Mais il faut dire que j’ai une relation particulière avec Oumou Sow. Elle est tout pour moi. D’ailleurs quand j’ai épousé ma femme, c’est à elle qu’est revenu l’honneur de la première «ndieuké». 

On dit que c’est elle qui a lancé votre label ?

Oumou Sow et moi, on a dépassé la relation de cliente à couturier. C’est la première artiste, pour qui, j’ai cousu des habits. Elle m’a vraiment porté chance. On partage même le milieu de la mode maintenant. Elle gère son propre atelier de couture. On travaille ensemble. J’encourage les femmes à se battre comme elle. 

Vous dites que vous comptez imposer la marque sénégalaise à l’extérieur, qu’est-ce que vous attendez du ministre du tourisme  Youssou Ndour  sur ce plan ?

Je suis conscient que Youssou Ndour ne va pas soutenir Djily Créations personnellement parce que je suis son couturier. Ses responsabilités ont dépassé cela. Mais je pense qu’il va aider les  créateurs de manière générale à avoir une percée internationale pour valoriser l’image du Sénégal. Mais s’il est à la tête de la culture et du tourisme, c’est son devoir d’accompagner tous les artistes et j’en fais partie, donc je sais qu’il va me soutenir. J’ai beaucoup  plus d’espoir que notre marque sera mieux connue à l’étranger.

Pour cette Korité, je remarque qu’il y a un défilé de vos clients, qu’est ce qui fait la particularité de votre collection pour cette fête ?

Je n’ai pas de modèle spécial, car tout dépend de mes clients. Djily créations a un public composé de jeunes et d’adultes. Concernant les jeunes filles, elles préfèrent les modèles en bustier avec broderie, les grandes dames par contre, aiment les grands boubous  et c’est la couleur  palmanequi est en vogue. Les moins jeunes préfèrent les «tailles basses».

Donc vous n’avez pas un style qui vous est particulier ?

Je peux dire que je touche à tout. Mais je me suis plus spécialisé sur les modèles de «gros fils  et de perlage». J’ai quand même apporté ma touche personnelle. Au début, quand je lançais le label «Djily Créations», j’ai vu que les stylistes n’osaient pas mélanger certaines couleurs sur un même habit. J’ai osé avec les couleurs qu’aucun styliste n’osait mélanger car ils faisaient du «ton sur ton». Au début, ils me critiquaient même en disant que mes modèles sont très folkloriques, mais maintenant ils m’imitent tous.

FAWADE WELLE