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Economie

HYDROCARBURES AU SENEGAL - Sale temps pour le marché

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HYDROCARBURES AU SENEGAL - Sale temps pour le marché

Dans une quinzaine de jours, les cuves de la Sar risquent d’être de nouveau à sec. Comme au Togo qui, il y a quelques années, revendiquait une des plus grosses raffineries de la région, la Société africaine de raffinage(Sar) risque tout bonnement de devenir un centre de dépôts. A défaut de raffiner, la Sar ne fait plus qu’importer du produit avec les risques qu’elle ne puisse même plus, sous peu, le faire.

Cela apparaît comme un très mauvais signe. La Société africaine de raffinage (Sar) ne répond plus de sa mission première qui est de raffiner du pétrole brut et ses difficultés d’approvisionnement risquent de s’accentuer eu égard à l’énorme ardoise qu’elle traîne sur la cuve et qui a déjà échaudé ses fournisseurs. Or, si la Sar ne raffine plus, pourquoi elle importerait ? On peut se poser la question mais il semble que c’est ce que les majors ont décidé de faire pour, sans doute, transformer la raffinerie en centre de dépôt. Toujours est-il que l’entreprise fait venir du produit de Total Outre-Mer et Shell Trading, les deux maisons-mères des deux plus gros actionnaires de la Sar, Total et Shell, mais jusqu’à quand ? Avec 200 milliards de FCfa dont 141 milliards de FCfa de dettes échues, il n’est pas sûr que les fournisseurs acceptent de continuer à fournir du produit à la Sar, d’autant plus que les cuves de la raffinerie qui viennent de recevoir quelque 10 000 tonnes (sur les 30 000 tonnes qui ont débarqué dont 20 000 seraient versées à la Sénélec) sont en sursis pour une vingtaine de jours. Les conséquences d’une telle situation seraient fâcheuses non pas pour la Sénélec (ça nous rassure) qui, si l’on considère la nouvelle dynamique des autorités, dispose d’ores et déjà d’une licence d’importation mais devrait aussi, sous peu, disposer de ses propres capacités de stockage dont les cuves de Oryx (43 000 m3), mais pour le consommateur final et aussi pour les distributeurs indépendants qui, eux, ne disposent pas de licence d’importation encore moins de capacités de stockage. Jusqu’ici, ils dépendent de la Sar pour s’approvisionner moyennant un droit de passage de 3%.

Mais revenons un peu sur la situation cocasse de la dette de la Sar vis-à-vis de ses fournisseurs qui, pour la plupart, ne seraient que des traders car, sur les 141 milliards de FCfa, la Sar ne devrait que 4 milliards de FCfa à Total Outre-Mer et 9 milliards de Fcfa à Shell Trading soit 13 milliards de FCfa. Le reste, soit 128 milliards de Fcfa, est dû à des traders dont Trafigura (45 milliards), Itoc (35 milliards), Vitol (30 milliards).

Ceci traduit les procédures lugubres qui prévalaient au niveau de la Sar dans les appels d’offres, alors que l’Etat sénégalais était absent même de la Commission des appels d’offres qui ressemblaient plus à des « deals » entre marchands d’illusions.

Dans un autre registre, il est notoire de remarquer l’enchaînement des situations rocambolesques auxquelles le marché des hydrocarbures est en proie depuis les bisbilles qui ont éclaté en 2004 entre l’Administration sénégalaise et Oryx. Celle-ci dépannait régulièrement la Sar en cas de panne d’approvisionnement mais depuis son arrêt, la Sar ne dort plus. Il semble d’ailleurs aujourd’hui que les autorités sénégalaises seraient fondées de reconnaître que dans l’histoire de « fraude » qui avait motivé la mesure d’arrêter les activités d’Oryx, c’est plutôt la Sar qui serait « fautive » sur les fameux sommiers. Autrement, on ne s’explique pas que les autorités sénégalaises aient signé un contrat en bonne et due forme au profit de Sénélec pour une réservation de capacités des cuves de Oryx, si celle-ci était « hors-la loi »…

Depuis la fameuse « libéralisation » du secteur, on ne voit pas vraiment de changement positif et l’impression est que les obstacles se sont empirés et la Sar ne s’est pas remise de la suppression en 2000 de la surtaxe temporaire, introduite en 1998 sur les importations de produits pétroliers raffinés. Par ailleurs, les objectifs à court et moyen terme étaient de moderniser la raffinerie en vue de lui permettre de s’adapter au contexte mondial de concurrence, d’encourager l’arrivée et l’implication de nouveaux opérateurs privés sur le marché pour stimuler la concurrence. Vu son outil obsolète, la Sar ne raffine que du bony light, un pétrole extrêmement léger qui nécessite des coûts de raffinage pas élevés, selon les spécialistes. Mais au point où vont les choses, la Sar risque tout bonnement de disparaître, à moins, comme on le subodore, de muer en centre de dépôt comme semblent s’y résoudre les majors qui la tiennent.



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