René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication camerounaise estime que Washington s'est basé sur une version erronée des faits pour retirer au Cameroun son traitement commercial préférentiel dont le pays bénéficiait dans le cadre de l'African Growth and Opportunity Act (Agoa). Les États-Unis pointent en particulier des atteintes aux droits humains commis par les forces armées camerounaises.
Les États-Unis ignorent « la réalité des faits sur le terrain » en accusant le Cameroun de violations des droits humains, a affirmé René Emmanuel Sadi, ministre de la Communication dans une réponse à la télévision nationale lundi 18 novembre. Cette décision américaine intervient alors que le Cameroun fait face à un conflit meurtrier entre séparatistes anglophones et l’armée dans le Sud-Ouest et le Nord-Ouest, qui a fait plus de 3 000 morts, mais également à des attaques du groupe jihadiste Boko Haram dans l’Extrême-Nord.
Suspension de la préférence commerciale
Fin octobre, Washington avait décidé que des violations grossières et répétées des droits humains internationalement reconnus » justifiaient de priver dès la fin de l’année Yaoundé du traitement commercial préférentiel dont le pays bénéficiait dans le cadre de l’African Growth and Opportunity Act (Agoa), une loi devant aider au développement sur le continent africain en encourageant le commerce. Pour René Emmanuel Sadi, les États-Unis font preuve « d’une ignorance ou d’une méconnaissance », voire même « d’une volonté délibérée d’ignorer (la) réalité ».
Selon l’ambassade américaine au Cameroun, le pays d’Afrique a exporté 220 millions de dollars (environ 200 millions d’euros) de biens vers les Etats-Unis en 2018, dont 63 millions de dollars (57 millions d’euros) « au titre de l’Agoa ». « Tout enjeu, si bénéfique soit-il, doit être » compatible avec l’unité de la nation, a répliqué le ministre. Paul Biya, 86 ans et président du Cameroun depuis 37 ans, a fait dernièrement des concessions aux pressions venues de l’étranger, notamment des Etats-Unis, de l’Union européenne et de France.
Il a notamment fait libérer son ancien rival durant la présidentielle de 2018, Maurice Kamto, ainsi qu’une centaine de ses partisans, qui étaient en prison depuis neuf mois, et a annoncé la tenue de législatives début 2020, après les avoir repoussées à deux reprises. Mais la décision de Washington « devrait servir de signal d’alarme au gouvernement camerounais », a estimé l’ONG Human Rights Watch dans un rapport, qui souligne notamment que les autorités ont empêché à plusieurs reprises Maurice Kamto de tenir des réunions politiques depuis sa sortie de prison.
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