Entretien avec Yalla-Marie GUEYE: Comment devenir un entrepreneur?

Yalla-Marie GUEYE est une jeune femme de 36 ans, entrepreneure dans la communication. Elle a fondé Indigo Event, concepteur et organisateur d’événements. Elle organise pour sa 1ère édition, le salon INSPIRATION NOMADE, le 1er salon parisien regroupant des créateurs-artisans d’accessoires de mode ouvert au grand public. Elle nous parle d’elle dans cette interview.

Pouvez-vous nous en dire plus sur Indigo Event ?
Indigo Event est une société regroupant 3 pôles : la conception, l’organisation d’événements et le conseil en communication. Nos clients sont principalement des TPE (Toutes petites entreprises), des PME (Petites et moyennes entreprises), des associations et des artistes. Parallèlement, nous concevons nos propres événements à destination du grand public.

Pourquoi avez-vous décidé de créer votre entreprise ?
Cette décision sommeillait en moi depuis quelques années maintenant. Pour devenir entrepreneur, il faut avoir la tête sur les épaules, un projet fiable et surtout beaucoup de volonté et de détermination. Je me sentais assez forte et convaincue pour débuter cette aventure entrepreneuriale. C’était le moment pour moi de mettre à profit toutes mes expériences acquises au fil des années et prendre une certaine liberté.

Le secteur de la communication est vaste. Pourquoi avoir choisi l’évènementiel ?
C’était comme une évidence. Depuis mon adolescence, j’ai toujours été la première à organiser des petites rencontres que ce soit entre copines, ou même au sein de mes établissements scolaires. C’est quelque chose de parfaitement naturelle en moi. Néanmoins, je suis aussi une farouche communicante ceci lié à ma formation et à mon vécu.

Quels ont été vos premiers pas en tant qu’organisatrice ?
Mon tout premier pas fut l’organisation d’une semaine culturelle et artistique, au sein de mon lycée, afin de récolter des fonds en faveur du téléthon. La mobilisation des élèves, des institutions, des autorités scolaires, des élus et des parents a été au-delà de mes espérances. La 1ère édition a eu un véritable succès. Ce projet a même continué après moi. C’est grâce à cette 1ère manifestation que j’ai su que je ferai ce métier plus tard. Puis, à mon entrée à l’université Sorbonne-Nouvelle pour y suivre une formation en communication culturelle avec une spécialisation en muséologie, qui aboutissait à un master en Conception et direction de projets culturels, cela a renforcé mon intérêt pour les cultures. Je me suis également fortement intéressée à l’art plastique, à l’anthropologie culturelle, au concept du multiculturalisme et de l’interculturalité. Ce sont vraiment des domaines qui m’ont passionnés et qui me passionnent encore aujourd’hui. Je suis de ceux qui pensent que la conception d’un événement grand public doit avoir du sens et un intérêt pour la société. Il faut pourvoir répondre aux questions du « Quoi », « Pourquoi » et « Pour qui ». C’est pourquoi dans chacune de mes conceptions, il y a un paramètre sociétal qui entre en ligne de compte. Par exemple, le festival pluri artistique « Femme Noire au cœur de la création artistique » portait une thématique qui amenait à réfléchir sur l’image de la femme noire dans la scène artistique actuelle. Une femme noire, artiste mais aussi muse. Ce parallèle entre ces 2 femmes qui finalement n’est qu’une, nous a amené à construire un événement intéressant. Puis, il eu aussi le salon Labo Ethnik qui voulaient pallier au manque de visibilité des créateurs afro-caribéens à Paris et se voulait de démocratiser les défilés de mode afin que le grand public puisse en profiter dans les meilleures conditions possibles.  Ma fierté est que certains des projets que j’ai initiés, continuent à évoluer sans moi.

Pourrions-nous dire que vous êtes « une femme de culture » ?
Une « femme de culture », j’espère l’être car j’essaie d’apporter mon concours en étant actrice de la promotion et la diffusion culturelle. J’adhère parfaitement à la philosophie d’André Malraux qui disait « La culture pour tous » ainsi qu’à la vision de Léopold Sédar Senghor sur le concept du métissage culturel et la civilisation de l’universel. Je suis une passionnée d’art, une amoureuse des civilisations et une fervente militante du multiculturalisme. Je pense que c’est au travers des mélanges des cultures que chacune pourra s’élever et bien même s’il y a une fusion, la culture hybride qui en naîtra ne sera encore que plus belle. La culture ne doit pas être prise en otage à des fins politiques ou communautaires. La culture n’a pas de propriété privée, la culture appartient à l’universel, pour l’universel.

Dans la réponse précédente, vous dites que vous faites de la promotion et de la diffusion de la culture, pourriez-vous expliciter votre propos ?
Bien sûr ! Quand je vous dis que je fais de « la promotion et la diffusion de la culture » ; je veux dire que la majeure partie de mes activités sont dans ce domaine précis. Je ne sais pas créer mais je sais mettre en valeur. Je mets en avant des artistes, des créateurs de mode, des artisans mais aussi des pays, des régions en m’appuyant sur leur socle culturel. La promotion se fera soit en réalisant un salon comme le salon Inspiration Nomade, ou des festivals, des expositions, des conférences, ateliers et autres. Vous savez la promotion, c’est de la communication. La communication est un moyen essentiel pour se faire connaitre et se développer. C’est un outil au service des relations humaines, qui permet de véhiculer un message à destination d’un individu ou un groupe d’individus bien défini.

Parlez-nous du salon Inspiration Nomade ?
Le salon Inspiration Nomade est une conception Indigo Event. Elle a pour objectif de présenter une sélection de créateurs-artisans qui créée essentiellement des accessoires de mode, tel que des sacs ou des bijoux, et ceux de manière artisanale, c’est-à-dire fait à la main. Dans la sélection de cette 1ère édition, nous avons le plaisir d’accueillir 2 marques qui portent haut le drapeau du Sénégal. Tout d’abord, la marque MIS WUDE, qui est une marque de maroquinerie Sénégalaise. Elle réalise un travail exceptionnel. Ces produits haut-gamme en maroquinerie et bijoux, révèlent au public les techniques ancestrales d’Afrique de l’ouest du travail du cuir.  
Ensuite, la marque TOUBAB SIGNARE, qui achète ses tissus au marché Sandaga de Dakar pour confectionner ses pochettes. Le salon Inspiration Nomade met vraiment à l’honneur les créateurs, leurs savoir-faire, et les influences culturelles qui les ont inspirées.

Avez-vous d’autres projets ?
Il y a toujours d’autres projets. En ce qui concerne, les conceptions Indigo, nous nous focalisons sur le salon Inspiration Nomade qui ouvrira ses portes le samedi 8 avril 2017 dans le quartier du Canal Saint-Martin à Paris. Puis, nous enchaînons avec la boutique éphémère du salon pour le mois de Juin et la 2ème édition en fin octobre. Enfin, un événement sur le tourisme verra le jour en 2018.

Pensez-vous que votre métier, d’organisateur d’événements, soit un métier d’avenir ?
Á mon sens, je dirai que c’est un métier qui reste dans l’ère du temps. Il a su s’adapter aux évolutions sociétales et technologiques, et aussi se professionnaliser. C’est un métier qui garantit le lien social et dans ces temps quelque peu troubles, nous avons besoin de retrouver une cohésion sociale forte ainsi que consolider le vivre-ensemble.

Quels conseils, donneriez-vous aux jeunes qui souhaiteraient se lancer dans ce domaine d’activité.
Je leur dirai d’y aller à 100%. C’est un métier passionnant et humain. Néanmoins, je leur conseillerai vivement de se former et de ne pas hésiter à faire des stages pendant leurs années d’études car bien que le terrain soit complémentaire à la formation initiale, elle permet aussi de se forger une idée sur le métier et un caractère professionnel.