Ce divorce entre l’Europe et les Fédérations sportives internationales est considéré comme une tentative de division de l’Europe et de sacrifier les joueurs africains dont l’Occident reste la principale destination. Pour l’Europe, la Fifa va ainsi s’attaquer aux textes de ce continent uni. Notamment celui de la subordination du sport au droit communautaire. En effet, en adhérant à l’Union européenne, donc aux dispositions du Traité de Rome, "les Etats membres ne se contentent pas d’une déclaration de principe. Ils abandonnent une partie de leur souveraineté et s’obligent à appliquer une « loi » qui est placée au dessus de leurs législations nationales.
Le droit communautaire est supérieur au droit national", c’est le principe dit de « primauté du droit communautaire », consacré par la Cour de Justice des Communautés européennes avec l’arrêt Costa Enel du 15 Juillet 1964. Une des bases du Traité de Rome est celle de la libre circulation des travailleurs communautaires, applicable au monde sportif avec le célèbre arrêt Bosman du 15 Décembre 1995. En effet, avec l’arrêt Bosman, un club français ou anglais peut jouer avec onze joueurs communautaires. La limitation du nombre des étrangers est donc contraire à la législation et la jurisprudence communautaires. Une législation que la Fifa veut ainsi violer avec la proposition de Blatter.
En outre, l’Union européenne a signé des accords européens d’association, de coopération et de partenariat avec une centaine d’Etats de l’Europe de l’Est, du Maghreb, de l’Afrique, des Caraïbes, du Pacifique interdisant la discrimination en raison de la nationalité en ce qui concerne les conditions de travail. Principe rendu applicable avec l’arrêt Malaja du 30 décembre 2002. Et grâce à cet arrêté Malaja, une équipe de football ou de volley peut jouer avec des Tchèques, des Marocains, des Russes, des Camerounais, sans joueurs nationaux. Cet arrêt a introduit une véritable révolution dans le sport puisqu’il redessine la carte de l’Europe au niveau mondial. Plus de cent pays sont concernés par l’arrêt Malaja.
Outre l’Afrique qui devra farouchement s’opposer à ce projet, les clubs anglais de football, très en vue actuellement sur la scène européenne, risquent de s’opposer au projet Fifa du 6+5. Ils évoluent régulièrement avec une très grande majorité d’étrangers, voire sans aucun joueur national. Lorsque Liverpool FC a remporté la finale de la Champions League en 2005 face au Milan AC, sur les 14 joueurs vainqueurs, seulement deux étaient anglais. Cette équipe ressemblait à une mini-assemblée des Nations Unies avec 11 pays représentés sur 14 joueurs.
Autre exemple : Chelsea FC, en décembre 1999, est entré dans l’histoire du football mondial en ayant disputé un match de championnat d’Angleterre sans joueur anglais. Le manager de l’équipe avait déclaré : « Quand je recrute un joueur, je ne regarde pas son passeport. Mon travail est de prendre les meilleurs au meilleur prix. Or, les Anglais sont trop chers. De toute façon, sans ses étrangers, Chelsea n’aurait jamais de trophée ». La finale de la Champions League 2008 va opposer dans quelques jours Manchester United à Chelsea qui vont aussi se disputer le titre de Champion d’Angleterre dimanche prochain car les deux clubs sont actuellement ex-aequo à la première place de la Premier League, seule la différence des buts les sépare. Grâce à leurs étrangers, joueurs, entraîneurs et actionnaires, ces deux clubs anglais sont aujourd’hui au sommet.
Lors de la demi-finale retour de la Champions League face à Barcelone, Manchester United a évolué avec une majorité de joueurs étrangers : 9 étrangers sur 14 joueurs (5 Anglais : Ferdinand, Brown, Hargreaves, Scholes, Carrick – 1 Hollandais : Van der Sar – 2 Français : Evra, Silvestre – 2 Portugais : Ronaldo, Nani – 1 argentin : Tevez – 1 Sud-Coréen : Park – 1 Ecossais : Fletcher – 1 Gallois : Giggs).
Face à la volonté de la Fivb de limiter les étrangers, la fronde des joueurs est grande, ils arborent notamment en France et en Italie des tee-shirts « Let us play » (« Laissez-nous jouer »). En France, les joueurs étrangers sont nombreux. En 2007-2008, les championnats de volley-ball font partie de ceux qui accueillent le plus d’étrangers : en Pro A Hommes : 41,67% d’étrangers et en Pro A Femmes : 52,32% d’étrangères.
SB/FC
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