Lions du Sénégal : Une équipe qui ne ressemble pas à ses entraîneurs...

Est-ce les entraîneurs des « Lions » qui, devenus techniciens, ont oublié ce qui faisait leur force comme footballeurs ? Ou est-ce les joueurs dont ils disposent qui sont limités ? Il y a peut-être un peu des deux pour expliquer la très moyenne prestation de l’équipe au 1er CHAN. Et elle ne doit que se féliciter d’être encore en course pour la 3ème marche du podium.

Bouaké (Côte d’Ivoire) : Les « Lions » ne sont donc pas allés au-delà des demi-finales du 1er CHAN qu’ils s’étaient fixés pour objectif de disputer. Mission accomplie, peuvent-ils dire. En plus, ils ont eu le mérite de n’avoir cédé, avant-hier à Bouaké, face au Ghana, qu’aux tirs au but (1 partout après 120 mn de jeu). En fait, si le Sénégal a été ... aussi loin, il le doit surtout à sa volonté, à sa rage de « ne pas perdre ». Car, excepté le 2ème match contre la Zambie, les garçons de Joseph Koto n’ont jamais été à leur avantage. Un technicien africain n’a même pas hésité à déclarer que « le Sénégal a été l’équipe la plus faible du Groupe A ».

Apparemment, l’entraîneur sénégalais Joseph Koto était conscient des limites de son équipe, lui qui s’était donné comme Everest, l’une des deux places de son groupe, qualificatives au deuxième tour. « Absence d’automatismes pour cause de championnat national non encore commencé » ! L’argument a été servi à suffisance après chaque sortie. Et c’est vrai que les « Lions » ont été, collectivement, l’équipe la moins outillée. La défense ... défendait bien, mais sa relance n’était pas des plus académiques. Souvent de longs ballons étaient balancés vers l’avant, pour des attaquants qui ont été assurément le point faible de l’équipe. Car, le milieu de terrain aussi a, par moments, sorti son épingle du jeu, surtout lorsque Moustapha Diallo du Diaraf a été là et dans un bon jour. Mais il a manqué à ce compartiment du jeu, un animateur, un meneur. Maly Diamanka l’a été, mercredi à Bouaké, en demi-finale, face au Ghana. Entré un peu après l’heure de jeu à la place du buteur du jour, Alpha Oumar Sow, le milieu de terrain de l’US Gorée a apporté la réplique technique qu’il fallait aux Ghanéens. Il a éclairé le jeu et donné de bons ballons, même s’il a raté une belle occasion (112ème mn) qui aurait pu valoir au Sénégal de jouer la finale de dimanche prochain au stade FHB. C’est même à se demander (ou à épiloguer) sur ce qu’aurait été la prestation des « Lions » avec lui d’entrée de jeu.

Deux petits buts

Mais, puisqu’il est bien plus facile de jouer un match ... après le coup de sifflet final, tenons-nous en à ce qui s’est effectivement passé sur le terrain. Et ce qui s’est passé, c’est que l’attaque a totalement raté son tournoi. 2 petits buts en 4 matches (en attendant la « petite finale » de demain au « Félicia », face à la Zambie), c’est vraiment indigent ! Ce n’est cependant que la photocopie de ce qui se fait au plan national, portée sur la scène africaine. Quand le meilleur buteur sénégalais, Mourchid Iyane Ly de la Linguère, n’a réussi que onze réalisations, championnat et coupe confondus, c’est la preuve (par 8 +3, respectivement ses buts dans l’une et l’autre compétition) que les « terreurs des défenses » ne courent plus nos terrains défoncés. Tous les attaquants convoqués pour ce CHAN ont été essayés. Aucun n’a pris sa chance. Tous ont montré leurs lacunes, obligeant l’entraîneur à changer de combinaisons à chaque sortie. Pour le même résultat.

Le coach principal des « Lions » n’avait pas voulu y voir un paradoxe ; mais cette équipe locale du Sénégal ne ressemble absolument pas à ses entraîneurs. Koto a été un ailier intenable, souvent buteur et à qui rien ni personne ne faisait peur. Badara Sarr, son adjoint, a été un bon meneur de jeu, étrennant même quelques sélections avec les « Lions ». Or, l’équipe dont ils ont la charge a été la moins performante collectivement et n’avait fait mieux, après le premier tour, offensivement, que la Côte d’Ivoire qui n’a pas connu la joie de marquer un seul but en trois rencontres.

Alors question : ces deux techniciens osent-ils moins maintenant qu’ils ont troqué le maillot par le survêtement ? On peut le croire au vu de la manière dont ils ont fait évoluer leurs joueurs. Préserver d’abord leur cage et miser sur les rares bonnes opportunités offensives pour faire le but. Ce qui n’a marché que 2 fois sur deux ballons délivrés par le latéral droit, Babacar Ndiour, pour Mamadou Baïla Traoré (face à la Tanzanie) et pour Alpha Oumar Sow (contre le Ghana). « Ne pas perdre » (et non « gagner »), c’est l’expression qui est le plus souvent sortie de la bouche de leurs ouailles. De ce point de vue, la demi-finale qu’ils ont disputée et perdue face au Ghana (1 - 1 et 6 tirs au but à 7) aura été une belle récompense (à défaut de leur talent) de l’engagement et de la volonté qui auront en définitive été les atouts maîtres des « Lions » lors de ce premier CHAN, « Côte d’Ivoire 2009 ».

Maintenant, il leur reste à soigner leur sortie, demain à partir de 16 heures au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan. Ils retrouvent, pour la finale de consolation, les « Chipolopolo » de Zambie contre qui ils ont livré leur meilleur match de ce tournoi, lors de la deuxième journée du premier tour. « On va se battre pour monter sur le podium », a promis Joseph Koto.