Le Nantes-Lyon de ce soir (19h) lance la saison 2006-2007 d’une Ligue 1 française, plus grand feuilleton hexagonal qui va forcément porter des accents sénégalais.
Le temps passe, le «mammouth» se dégraisse. Et ce n’est pas la pression surmultipliée des années 2000 qui prédispose à ce jeu continu de chaises musicales, à cette constante dégringolade de l’action sénégalaise. Mais c’est la vie tout court, qui nourrit beaucoup d’espoirs, mais désigne peu d’élus. Car dans le plus grand feuilleton français, qui réclame plus de suspense après une dernière campagne cannibalisée par l’insatiable Lyon (5 titres consécutifs), il n’y a guère plus que…vingt-six acteurs sénégalais à piaffer d’y camper un rôle conforme à leurs ambitions personnelles. A tirer, dans l’intimité des vestiaires de treize des vingt clubs de Ligue 1 française, des plans sur le ciel incertain d’une saison à l’intérêt improbable.
Les temps ont sensiblement changé, mais il serait hasardeux de deviner des nuages noirs dans l’historique relation France-Sénégal. Ou d’annoncer un déluge qui viendra laver les dernières certitudes d’un football sénégalais qui, à force de se regarder le nombril, ne passe plus le portail de la plus grande scène du football hexagonal dans les proportions d’hier.
L’explication tiendrait aux effets combinés des «pervers» arrêts Bosman et Malaja, à ce tunnel sous la Manche qui a débouché la voie de la lucrative Premier League anglaise aux grandes figures de la «tanière» des Lions. Mais aussi à quelques soubresauts conjoncturels, comme la relégation en Ligue 2 de l’imposant contingent sénégalais du Fc Metz qui, l’âme dans les chaussettes, a abandonné au Fc Sochaux le statut saisonnier du club français le plus «sénégalophile» de l’élite.
Mais loin de ces conjectures qui agitent les suiveurs, le casting 2006-2007 des Sénégalais de L1 s’apprête, dès ce soir (19h) avec un Lyon-Nantes qui pourrait impliquer Lamine Diatta, à croquer dans les 38 épisodes du «plus grand feuilleton de France» (dixit Canal+, son diffuseur exclusif). Avec des résolutions aussi fermes que diverses : prendre une nouvelle envergure dans le paysage joyeux et débridé des vice-champions du monde, désensabler une carrière embourbée, renouer le fil de son histoire ou toucher au rêve d’un baptême du feu en L1. Suivez le guide des aspirations sénégalaises à l’entame d’un long-métrage français que les Lions ne traverseront sans doute pas en simples figurants.
NOUVELLE DIMENSION : Habib Bèye (défenseur) et Mamadou Niang (attaquant, Olympique de Marseille), Souleymane Diawara (défenseur, Sochaux), Pape Malickou Diakhaté (défenseur, Nancy)
Qu’ils aient traversé l’été dans la fureur d’une rumeur (de transferts) ou passé l’intersaison dans le confort de la continuité, ces visages connus et/ou reconnus de L1 ont le devoir de hausser leur valeur dans le panorama du championnat français. De prendre une nouvelle envergure dans le paysage footballistique du pays vice-champion du monde. «De monter en régime», affine Malickou Diakhaté qui devrait réincarner le «patron» dans la défense d’une As Nancy-Lorraine attendue au coin du bois.
Brassard au bras (Bèye) ou leader de vestiaire (Diawara), buteur en jachère (Niang) ou graine de champion (Diakhaté), leur campagne 2006-2007 sera jugée à l’aune du crédit que leur confère leur statut dans leur club, leur talent reconnu ou le souvenir de leurs productions antérieures. Une exigence de la critique qui sera sans doute le feu de leur saison.
REVANCHARDS : Omar Daf (défenseur, Sochaux), Lamine Sakho (attaquant, Saint-Etienne), Alassane Ndour (milieu défensif, Troyes), Abdoulaye Keïta (milieu, Nancy), Souleymane Camara (attaquant, Nice)
Leurs blessures répétées ou leurs difficultés à assumer le rythme de la L1 perfusent encore le débat latent sur la véritable datation des os du footballeur sénégalais. Tibia fissuré, genou en bouillie ou cheville en compote, les «revanchards» ont traversé la dernière campagne en «fantômes» (Ndour, Keïta) ou en intermittents de spectacle (Daf, Soul Camara, Sakho). Plus occupés à soigner un mal tenace qu’à courir derrière l’objet du désir, les «poissards» ont, l’espoir au placard, regardé leur quotidien noir donner finalement sur une «saison blanche». Ou presque.
Mais au pied de la nouvelle saison, ils semblent résolus à jouer le rebond, à remonter la pente d’une carrière longtemps en arrêt-maladie. A recouvrer une compétence de footballeur pro pour renouer le fil de leur histoire d’aujourd’hui à leurs ambitions d’hier gangrénées par une succession de déboires. Histoire de chasser les démons du passé, de chercher le vent frais qui les sortirait, enfin, des eaux piégeuses qui ont longtemps noyé leurs ambitions personnelles. «C’est presque une nouvelle carrière qui commence, résume Lamine Sakho, le funambule de Saint-Etienne. Il y a presque tout à refaire.» Il y a surtout un orgueil bafoué qui s’accommoderait peu d’une nouvelle saison-galère.
AMBITIEUX : Ibrahima Faye (défenseur, Troyes), Batéfimbi Gomis (attaquant) et Mouhamadou Dabo (défenseur, Saint-Etienne), Nguirane Ndaw (milieu ou défenseur) et Badara Sène (milieu, Sochaux), Boukhary Dramé (défenseur, Psg), Khalifa Bâ (défenseur, Olympique de Marseille), Cheikh Tidiane Ndiaye (gardien, Rennes), Rahmane Barry (attaquant ou milieu gauche, Lorient), Lamine Diatta (défenseur, Lyon)
Ils sont foison à se demander si ce sera la bonne. Si cette saison servira le dessein de grandeur qui fonde leur carrière. Ambitieux de longue date (Diatta, Ibou Faye, Nguirane Ndaw) ou récents (Gomis, Dabo, Rahmane Barry), désillusionnés de la dernière promotion (Boukhary Dramé, Khalifa Bâ) ou encouragés à gonfler leurs statistiques (Badara Sène, Cheikh Tidiane Ndiaye), ils bichonnent tous le rêve, secret ou éventé, de faire partie des immanquables révélations, sensations ou surprises de la saison 2006-07.
Suffisamment talentueux ou gaillardement taillés pour les combats d’élite, ils se bousculent au portillon de la gloire. Sans effronterie. Mais avec l’appétit d’une jeunesse gourmande, sûre de sa compétence, qui a l’ambition légitime de s’allier à l’incertitude du sport pour bousculer les hiérarchies pré-établies. «Pour exister, enfin», se révolte Boukhary Dramé (Psg), porte-parole autoproclamé d’une classe à l’ambition fumante. «Les vérités du début de saison sont rarement celles de fin de campagne, s’encourage «l’affamé» du Camp des Loges. Il y aura des choix qui seront faits tout au long de la saison et c’est à nous d’aller arracher les places pour lancer nos carrières au haut niveau.»
DEBUTANTS : Issa Bâ (milieu offensif, Auxerre), Pape Kouly Diop (défenseur, Rennes), Massamba Lô Sambou (défenseur, Monaco), Chérif Ousmane Sarr (milieu offfensif, Saint-Etienne), Mame Mbengue Ndiaye (milieu gauche) et Hassoun Camara (défenseur, Olympique de Marseille), David Mbodji (attaquant, Lorient )
«Je vais découvrir la Ligue 1, un autre monde. Je veux montrer mes qualités, jouer et apprendre. J’ai beaucoup d’ambitions et j’espère apporter ma jeunesse et mes qualités.» Issa Bâ (24 ans), tout frais Auxerrois, parle pour lui. Il parle aussi pour la flopée de bizuts qui s’impatientent de découvrir les sunlights de la L1. Une bande de «promesses», tout frais émoulus des centres de formation, qui espère se faufiler entre les impondérables et la concurrence pour goûter aux premiers fruits de la passion. Avec l’envie de novice et l’enthousiasme du débutant.
Si, à l’instar du très attendu David Amadou Mbodji (Lorient), l’ex-Castelroussin Issa Bâ a pris le temps de dégrossir son jeu d’esthète sur les prés de L2, la plupart des occupants de la caravane de «bleus» vont vers leur première sortie de footballeur de métier. Leur premier bal, leur premier match de L1. Jusque-là, ils n’avaient évolué plus haut que le Cfa (D4) ou le Cfa 2 (D5), mais la signature de leur premier contrat pro les propulse au pied du rêve. Et il n’a plus rien d’inaccessible…
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