Le champion français de ski est décédé lundi à 83 ans. En dehors de sa superbe carrière et de son apport révolutionnaire à son sport favori, Jean Vuarnet a souffert des morts de sa femme et de l'un de ses fils, victimes d'un suicide collectif perpétré par la secte de l'Ordre du temple solaire dont ils étaient membres. Un champion s'en est allé. Jean Vuarnet a tiré sa révérence à l'âge de 83 ans dans sa maison de Sallanches en Haute-Savoie.
Spécialiste de la descente, l'homme originaire de Tunis arrivé à Morzine à l'âge d'1 ans, a remporté la médaille olympique et le championnat du monde de descente en 1960. Deux victoires obtenues grâce à une position révolutionnaire à l'époque. Jean Vuarnet fut en effet le premier à adopter la technique de "l'oeuf", à savoir le haut du corps groupé comme un foetus sur les genoux, lui conférant un meilleur aérodynamisme.
Premier skieur sacré avec des skis métalliques, Vuarnet portait également des lunettes de protection avec un verre nouveau, qui accroît la luminosité. Il donnera son nom aux montures en question et deviendra, également, le fondateur de la station de ski Avoriaz.
Suicide collectif Hélas, cette réussite sportive et commerciale est entachée d'un drame familial. En 1995, Vuarnet perd Edith, son épouse, et Patrick, le cadet de la famille, lors du suicide collectif des adeptes de l'Ordre du temple solaire. Dans la nuit du 15 au 16 décembre 1995, seize corps sont retrouvés carbonisés et disposés en étoile dans une carrière du Vercors. La famille Vuarnet avait découvert l'appartenance à la secte de deux des leurs un an plus tôt, en octobre 1994, lors d'un premier massacre où 53 personnes ont trouvé la mort, en Suisse et au Canada. À cette époque, des journalistes débarquent à Morzine pour interroger Patrick Vuarnet, 27 ans.
"Ils sont très bien renseignés", se souvenait Alain Vuarnet dans Paris Match. "Je découvre hélas que Patrick l'est aussi. Il répond avec une incroyable précision, et se livre à la description minutieuse de la secte à laquelle il appartient". Au fil de l'interview, Alain Vuarnet remarque des réactions étranges de sa maman. "Au fur et à mesure que Patrick avance dans ses divulgations, je vois maman cligner des yeux, incliner la tête. Elle finit par nous faire comprendre que, elle aussi, fait partie de la secte".
Rituel macabre Malgré la promesse de quitter l'Ordre, l'ancienne championne de ski et son fils sont retrouvés morts quelques mois plus tard, plus de huit jours après leur disparition. Les Vuarnet réfutent la thèse du suicide, font exhumer les corps à plusieurs reprises et s'étonnent de la présence de blessures par balles et de phosphore sur les lieux du massacre. Le 14 décembre 1995, la justice conclut que mère et fils ont avalé de leur propre chef des sédatifs avant d'être abattus volontairement par deux membres de la secte et brûlés. Un rituel macabre pour lequel personne ne fut condamné.
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