Très marqué par le fiasco de Ouagadougou, le sélectionneur des Lions veut se servir du Sénégal-Nigeria de mardi comme d’un nouveau déclic. Face aux redoutables Super Eagles, Henryk Kasperczak guette un sursaut d’orgueil de son équipe et un nouvel état d’esprit dans la «tanière». Pour preuve, il a rappelé dans sa sélection publiée hier deux fieffés combattants : l’ex-banni Souleymane Diawara et l’hésitant Ibrahima Sonko.
Ça crève les yeux : le Franco-polonais a visiblement repris le travail après sa grippe maligne qui l’avait clouée au lit pour quelques jours. «Ça va. Je vais bien maintenant, parce que ce n’était pas méchant», a-t-il lancé hier, sourire aux coins. Avant de rejoindre à grandes enjambées les escaliers qui mènent au Salon d’honneur du Stade Léopold Sédar Senghor. Comme d’habitude, Henryk Kasperczak ne s’attarde pas trop sur les couloirs. Juste après son coup d’œil sur le vaste vaisseau senghorien qui est en train de retrouver toute sa verdoyante pelouse, le sélectionneur national sonne le début de sa conférence de presse dont le point d’orgue a été la publication des 24 sélectionnés pour le match amical du 14 Novembre à 18h (Gmt) face aux Super Eagles du Nigeria à Beauvais (France).
En l’absence de Mbacké Seck, le préposé à la communication de la Fédération sénégalaise de football (Fsf), c’est le Franco-Polonais qui s’est lui-même chargé de livrer le chemin de fer de son face-à-face avec les journalistes : un rétro sur le Burkina Faso-Sénégal (1-0) du 7 octobre dernier ouvre les hostilités. Chemise carrelée sur pantalon noir, le patron technique de la «tanière» n’a pas fait la fine bouche pour déplorer le comportement de ses Lions qui ont reçu de plein fouet le coup de sabot des Etalons. Dans l’antre du Stade du 4 août de Ouagadougou, ses hommes ont manqué d’esprit de vaincre, de vivacité, de mordant et de caractère. Bref, face aux hommes d’Idrissa Traoré «Saboteur», tout a vogué à contre-courant de ses attentes. «Franchement, pendant 90 minutes, il y avait plus de négatif que de positif dans cette Equipe sénégalaise», se désole Kasperczak. Qui escompte un sursaut d’orgueil de ses éléments après cette défaite qui «fait partie de son travail».
Aujourd’hui, il attend une réaction saine de ses joueurs qui ont sombré individuellement et collectivement chez les Hommes intègres. Comme un homme impuissant, Kaspreczak formule ses prières : «Espérons avant notre prochain match que l’équipe va régir dans le bon sens du terme au niveau du comportement individuel et collectif. Espérons qu’on va réussir pour la suite.»
Dans sa tête, Ouaga constitue, tout simplement, un rendez-vous manqué qu’il faudra vite oublier après l’euphorie qui l’avait escorté après sa victoire initiale sur l’ogre ivoirien (1-0). Car, l’avenir se pointe, déjà, à son horizon avec ce face-à-face avec le Nigeria. «On ne cherche que ces genres de rencontres. Je crois que c’est une bonne idée pour l’avenir de notre football et de l’Equipe nationale de se frotter aux meilleures équipes africaines», justifie le sélectionneur national. Avec les retours de Souleymane Diawara qui a fini de purger la lourde peine de son incartade de Tours, et Babacar Guèye dont c’est la première sélection sous son ère, Kaperczack est revenu, de son périple européen, avec Jean Michel Badiane dans les bagages. Comme dans ses coutumes, le Franco-polonais s’est laissé aller pour défendre ses choix. Un énorme chantier s’offre toujours à lui. Et il le conçoit clairement dans des mots, en Français, qui ne viennent pas aisément. Il a fallu tendre l’oreille.
Coach, le match contre le Burkina Faso (1-0) a été certainement une déception pour vous ?
La première chose qu’il faut retenir du déplacement de Burkina Faso est que mon équipe n’a pas réussi son premier match à l’extérieur. Honnêtement, nous avons eu de sérieuses difficultés au niveau de la construction et de la finition. Pour moi, c’est un rendez-vous manqué qu’il faut assez rapidement oublier pour se tourner vers le prochain match de la Tanzanie prévue au mois de mars 2006. il faut dire qu’il y a des problèmes parce que l’équipe ne produit pas un rendement équivalent à son potentiel. La stratégie de jeu notamment au niveau des coups de pieds arrêtés, car les tireurs n’arrivent pas à le bien faire au niveau des corners et des coups francs. Espérons que nous serons plus efficaces dans l’avenir, au niveau du comportement individuel et collectif des joueurs.
Ce sont vos choix qui n’ont pas été judicieux ?
Techniquement, je ne mettrai pas en cause la valeur individuelle des joueurs, parce qu’il y a beaucoup de choses qui peuvent peser sur la prestation de quelqu’un. J’ai fait un choix en mettant Diagne Faye et Ousmane Ndoye pour notre premier match à l’extérieur. Nous avions pensé qu’ils seraient plus présents au niveau de la récupération du ballon. Après un match, on peut dire beaucoup de choses. Malick Bâ, qu’est-ce qu’il a fait pour l’Equipe nationale jusqu’à présent ? Il a fait un bon match contre le Mozambique, c’est tout. Après la rencontre contre la Côte d’Ivoire, il y avait cet esprit de vaincre et contre le Mozambique il y avait la moitié. Par contre, pour ce match, c’est l’état d’esprit qui a vraiment manqué, parce que c’est une équipe qui est en train de se construire avec un mariage des anciens et des nouveaux. Il faut prendre des risques. Il devra se faire dans la douceur. C’est le résultat qui compte et cette défaite constitue une bonne leçon pour l’avenir et je suis optimiste. On attend le match de Tanzanie. C’est en ce moment qu’on saura la capacité de réaction de cette équipe. Maintenant, la défaite fait partie de notre travail tout comme la victoire. C’est à moi de corriger et de motiver les joueurs. On fera l’impossible pour se qualifier. J’espère que tous les joueurs vont se ressaisir avant les prochains matches.
Le Nigeria s’offre déjà à vous dans quelques jours ?
Nous allons jouer contre le Nigeria le mardi 14 au Stade municipal de Beauvais. Il est très important pour le Sénégal de rencontrer les meilleures équipes africaines. C’est intéressant de rencontrer ces équipes, ce ne sera que bénéfique pour nous. C’est dans ce cadre que nous envisageons de jouer le Cameroun au mois de Février parce que le Sénégal a vraiment besoin de rencontrer de très bonnes équipes pour mesurer sa vraie valeur. Personnellement, je n’ai pas peur de rencontrer ces équipes parce qu’elles nous permettront de se situer par rapport à nos moyens et à nos possibilités.
Avez-vous vraiment les garanties administratives que le match aura bel et bien lieu ?
Je suis informé par le président de la Fédération sénégalaise de Football (Fsf) (Mbaye Ndoye) qui m’a garanti qu’on va jouer le match. Je vous le dis officiellement. Je ne vais pas entrer dans les détails parce qu’ils sont d’ordre administratif.
Le 14 novembre constitue-t-il une bonne date pour vous, surtout avec sa proximité avec le championnat qui se joue les dimanche et lundi ?
Nous aurions préféré jouer le mercredi. Malheureusement, la Fédération française de football (Fff) a décidé de nous programmer le mardi parce que la France joue le mercredi contre la Grèce. Elle a tout bonnement décalé notre match. C’est pour cette raison que nous allons jouer mardi. Maintenant, c’est aux joueurs de s’adapter pour surmonter. Le Nigeria est confronté aux mêmes problèmes. C’est vrai que la préparation est courte, il faut faire avec et surmonter tout ça. En principe, il ne devrait pas y avoir de problèmes.
Pourquoi, vous avez publié une liste de 24 joueurs ?
La liste est constituée de 24 joueurs, mais ce nombre peut diminuer. Les joueurs vont jouer avec leurs clubs les week-ends, on va attendre de voir pour se prononcer. Nous sommes habitués à élargir l’effectif et en fonction de ce qui va se passer durant les matches du championnat, on ne sait pas s’il y aura des blessures ou pas. On a formé l’équipe par rapport à ces éléments. Le regroupement aura peut-être lieu à Paris, même si nous avons une possibilité de le faire à Beauvais. Je ne peux dire de façon exacte où se tiendra-t-il. Nous allons entrer effectivement en regroupement le dimanche à midi pour ceux qui ont joué le Samedi avec une séance d’entraînement dans l’après-midi. Les autres vont nous rejoindre le lundi. Il y aura effectivement deux séances d’entraînements avant le match qui aura lieu à partir de 19 heures (18h Gmt).
Avez-vous la garantie que Ibrahima Sonko, qui hésite entre la France et le Sénégal, va répondre à cet énième appel ?
C’est vrai que c’est la troisième fois que je convoque Ibrahima Sonko. Et, à chaque fois, il a été blessé comme tout le monde le sait. Maintenant, on le convoque de nouveau et on va voir comment il va se sentir. Vous savez peut-être quelque chose dont j’ignore ? En tout cas, c’est sûr et certain qu’un joueur qui est convoqué en Equipe nationale devrait venir avec beaucoup de plaisir pour venir mouiller le maillot de son pays. Maintenant, si un joueur vient avec un certificat médical pour attester sa blessure, je n’y peux absolument rien. Je suis honnête avec vous et je ne vais pas compliquer la situation. Je sais qu’en dehors, les gens disent qu’il n’est pas blessé, mais vous ne devez pas le voir comme ça. Je pense comme un professionnel et je pense que si c’est un joueur est prêt à venir mouiller ce maillot national, je vais l’appeler. C’est le cas de Ibrahima Sonko qui n’a jamais refusé de jouer pour l’Equipe nationale. Il a toujours avisé la fédération pour justifier sa blessure. Et, la commission médicale de Reading (son club de Premiership anglaise) l’a toujours confirmée. Pour moi, ce qui compte c’est l’état d’esprit du joueur. Après, on saura s’il est blessé ou non. Il doit savoir que c’est un honneur pour lui de venir jouer dans cette Equipe nationale. De toute façon, il y a le championnat et il va jouer. Je ne sais pas ce qui va arriver et ce n’est pas seulement Sonko qui est dans cette situation. On ne sait pas s’il sera blessé ou non.
Qu’est-ce qui explique le retour de Souleymane Diawara que vous n’aviez plus appelé depuis son expulsion du groupe à la veille de Côte d’Ivoire-Sénégal à Tours ?
Aujourd’hui, je peux vous donner la situation. Après son expulsion de Tours (Ndlr : il avait quitté le lieu de regroupement pour aller à Paris sans autorisation du staff), Souleymane est maintenant prêt à se donner au maximum pour cette Equipe nationale du Sénégal. Il s’est occupé des problèmes de son transfert, après cet incident de Tours. Il a changé de club et a signé à Charlton (Premiership anglaise). Il a ensuite joué un match avec son club avant de se blesser de nouveau. Il fallait, donc, connaître sa situation. Maintenant, il joue régulièrement avec son club. Personnellement, j’ai toujours dit que la porte de l’Equipe nationale n’est jamais fermée pour lui. Il a fait une erreur et il l’a reconnue. Nous l’avons pardonné et on le convoque tout simplement parce que le problème est résolu. La preuve est qu’il est convoqué pour ce match.
Vous appelez pour la première fois Jean Michel Badiane ?
C’est un garçon qui, grâce à son talent et son travail, a réussi à gagner sa place dans l’équipe de Sedan. C’est clair. Il est prêté par le Psg et il est devenu un titulaire indiscutable dans son club (Ndlr : Il a été transféré définitivement à Sedan avec lequel il a signé pour 3 ans). C’est vraiment intéressant de l’avoir dans un match amical. C’est pourquoi, on l’a fait. C’est un jeune joueur qui progresse beaucoup depuis qu’il joue à Sedan.
Babacar Guèye, qui joue lundi avec Metz contre Le havre en match décalé de la Ligue 2 française, pourra-t-il répondre à cette convocation ?
Il est titulaire dans son club. Il a plusieurs matches dans les jambes. C’est bien. Il doit jouer, effectivement, un match de championnat le lundi. Avec les joueurs disponibles qui sont là, on va réfléchir pour voir si on ne va pas le laisser jouer avec son club et faire venir un autre pour jouer avec l’Equipe nationale. On va gérer parce que nous avons cinq attaquants. Il y a toujours des choses à régler à l’intérieur d’une équipe. Toutefois, nous sommes suffisamment armés pour pallier à toute éventualité. Il n’est pas le seul dans cette situation parce Lille-Marseille va se jouer le dimanche ainsi que Troyes d’Ibrahima Faye. On va essayer de voir, par rapport à tout ça, les dispositifs qu’il faut prendre pour former notre équipe.
L’entraîneur de Pape Bouba Diop était monté au créneau pour dire que son poulain revenait toujours de la sélection en méforme ou blessé… Il est d’ailleurs, toujours blessé. Quelle attitude adopterez-vous avec le joueur de Fulham ?
Ça arrive à tout le monde. Peut-être qu’un jour, ce sera le contraire. C’est vrai qu’il a joué deux matches de la sélection et il était rentré blessé. C’est par manque de chance. Ce qu’a dit son manager (Chris Coleman), c’est son problème. Ce n’est pas le mien. On le comprend. Il est, toutefois, convoqué parce qu’il peut jouer. Ce n’est pas sûr encore qu’il va jouer, mais on attend ce week-end pour savoir s’il va disputer le match de son club. Sinon, il va rester dans son équipe. S’il se blesse, je n’y peux rien parce que cela ne dépend de moi. C’est tout.
Et l’absence d’Ousmane Ndoye, est-elle liée à sa prestation de Ouagadougou ?
Il ne faut pas voir les choses de cette façon-là. Il a été préféré à Frédéric Mendy parce que nous avions pensé que le match sera engagé sur le plan défensif. Il ne faut pas remettre en question ses qualités. Si je ne l’ai pas convoqué, c’est parce que je cherche des solutions, des possibilités à trouver une équipe plus compétitive. Je suis vraiment à la recherche des solutions. Je ne remets vraiment pas en cause les qualités d’un joueur. Je cherche toujours de meilleures solutions, mais ce n’est pas la qualité du joueur qui est vraiment remis en cause.
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