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ENTRETIEN AVEC… …Oumar Guèye Sène, ancien international sénégalais : «Il manque une culture de la gagne dans le football sénégalais»

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ENTRETIEN AVEC… …Oumar Guèye Sène, ancien international sénégalais : «Il manque une culture de la gagne dans le football sénégalais»

On a retrouvé l’artiste ! Mais qu’il a fallu fureter dans la diaspora sénégalaise pour dénicher l’ancien enchanteur des foules, sans doute un des plus grands esthètes de l’Histoire du football national ! Oumar Guèye Sène, jadis pied de velours et capitaine à succès du Paris-Saint-Germain avec lequel il fut champion de France en 1986, vit toujours dans la capitale française et entraîne une équipe de Promotion d’Honneur. Même exilé en France, l’ancien meneur de jeu des Lions, aujourd’hui âgé de 46 ans, n’en ausculte pas moins les soubresauts du football sénégalais avec une mine d’apothicaire. Son diagnostic du «Sénégal du foot» se déclame dans un ton acerbe et sans complaisance. Et au bout du fil, son accent semble avoir dérogé de l’élégance longtemps vantée de son jeu chatoyant. Le verbe de «Séné», comme l’appelait la «France du foot», est aujourd’hui aussi perforant que ses sensationnelles passes de jadis. Comme dans un monde à l’envers, c’est Guèye Sène qui tacle. Et ça vaut le coup d’œil.

Avec vous, une question s’impose d’entrée, qu’êtes-vous devenu ? Que suis-je devenu ? Après mon départ en 1992 du Paris Saint-Germain (Psg, L1 française), j’ai arrêté pendant 2 ans et demi parce que j’étais en procès avec le club. Une fois le litige jugé, j’ai rejoué un peu dans les environs de Paris où je vis, avant d’entraîner une équipe dans le Val d’Oise pendant une saison. Après un break, j’entraîne depuis trois ans une formation de Ph (Promotion d’honneur, équivalent de la… D8), c’est à un niveau très bas. En même temps, je suis en train de passer mes diplômes d’entraîneur. J’ai eu le premier et je vais bientôt entamer le brevet d’Etat durant ce mois de mars afin d’obtenir le deuxième degré.

Suivez-vous l’actualité du football sénégalais ? Oui, je suis depuis toujours le football. En 2002, j’ai suivi le parcours de l’Equipe nationale, tout comme en 2004 et tout dernièrement lors de la Can 2006. Et puis, individuellement, je garde des contacts avec certains joueurs actuels de la sélection nationale. Comme Amdy Faye que je connais bien et avec qui je suis souvent en contact au téléphone. Comme quoi, je ne suis pas devenu «étranger» au football sénégalais (rire).

Comment de l’extérieur jugez-vous le bilan sénégalais de la dernière Can 2006 ? Les Sénégalais peuvent s’estimer déçus de ce bilan. Après être arrivé en finale en 2002 et avoir été quart de finaliste de la Coupe du monde 2002, le Sénégal ne peut être satisfait que par une victoire finale. Tout autre résultat ne saura être satisfaisant présentement pour notre Equipe nationale, surtout quand on regarde les prestations de nos joueurs dans leurs clubs respectifs. Pour cette Can 2006, on doit nettement mériter la finale. Et face à l’Egypte en demi-finale (défaite 1-2), l’expérience devait nous servir pour passer ce cap. Mais on n’a pas exploité tous nos atouts pour aller au bout. Car avec l’expérience accumulée par cette génération, elle devait être capable de se sortir de ce genre de match. Dommage !

Vous semblez regretter qu’après la vôtre, celle de Caire 86 à Sénégal 92, une autre génération talentueuse rate l’opportunité d’ouvrir le palmarès du Sénégal ? Oui ! Surtout pour cette génération qui a indéniablement emmené le football sénégalais à un niveau très, très haut pour avoir été finaliste de la Can 2002, quart-finaliste du Mondial 2002. Leur parcours est loin d’être négligeable, ça devait quand même offrir un titre au Sénégal. Mais il n’est jamais venu, c’est regrettable. Il y avait de la place pour cette génération actuelle de gagner une coupe.

Qu’a-t-il manqué à cette génération pour gagner un trophée ? C’est un environnement propice et le métier. (Il insiste) Oui, il manquait du métier ! Aujourd’hui, on ne peut parler de chance, car on l’avait. On ne peut pas avoir fait le parcours cahoteux que le Sénégal a fait en Egypte (4 défaites en 6 matches) et arriver en demi-finale sans avoir beaucoup de chance. Mais on pouvait mieux gérer les évènements et aller remporter cette coupe d’Afrique. Surtout que c’était peut-être la dernière Can pour cette génération.

Finalement, on parlera de «gâchis» comme pour la vôtre… (Il se répète) Malheureusement, malheureusement, on pourra le dire, même si c’est un peu sévère. Car, cette génération a fait de très, très bonnes choses en 2002 et on peut la féliciter pour ça. Mais qu’elle n’ait remporté un trophée, c’est une grande déception, d’où un sentiment de gâchis. C’est une génération de professionnels qui jouent à un certain niveau, qui ont l’habitude des grandes compétitions. Encore une fois, il leur a manqué du métier pour retourner les évènements en leur faveur, pour jouer quelques coups à fond. C’est là ma plus grande déception devant cette équipe composée de professionnels. Car, je souhaitais que cette génération actuelle réussisse là où nous avons failli, c’est-à-dire ramener la coupe d’Afrique au Sénégal.

Pourtant le constat général veut que votre génération soit beaucoup plus talentueuse, mais que celle d’aujourd’hui soit beaucoup plus professionnelle… Pour notre génération, c’était un peu plus difficile. N’oubliez pas que nous n’étions pas une équipe composée essentiellement de professionnels. En notre temps, on n’était que quatre ou cinq pros au milieu de «locaux». Même si ces derniers avaient un très bon niveau de jeu. Nous, nous avions des individualités et non une équipe. On n’avait pas un groupe aussi homogène que celui d’aujourd’hui. Et puis notre génération est arrivée en demi-finale à Alger (Can 90). On peut quand même se souvenir des bons moments que le football sénégalais a eu à passer avec nous. Nous ne sommes pas une génération perdue. Nous avons vécu notre période dignement avec plein d’émotions. Je doute que le football sénégalais n’ait rien gagné avec notre génération. D’ailleurs, la qualification du Sénégal à la coupe du monde 2002 n’est qu’un prolongement de notre boulot. Elle raccompagne le travail de notre génération. La bande de Diouf et consorts a complété le parcours déjà entamé. Et après eux, il y en aura d’autres pour continuer l’histoire. L’essentiel est que le football sénégalais puisse un jour s’imposer comme un des grands du continent africain et du monde.

Qu’est-ce qui a aussi manqué à votre génération pour aller au bout ? Nous aussi, il nous a manqué le métier. Personnellement, c’était mon cas. Je vais vous faire un aveu : au Caire, en 1986, je ne voyais pas le danger venir. Car je ne savais qu’une défaite (0-1) contre la Côte d’Ivoire était synonyme d’élimination pour nous. Pour être clair, je ne connaissais pas le règlement et personne ne nous l’avait expliqué dans les détails. Vous voyez….Même en étant menés par ce but d’Abdoulaye Traoré, je jouais tout en pensant que nous étions encore qualifiés. A la fin du match, cela a été un terrible choc pour moi d’apprendre qu’on a été éliminés au goal-average particulier. C’était terrible ! Joueurs, techniciens, dirigeants, tout le monde manquait de métier, car cela faisait 18 ans que le Sénégal n’avait pas disputé une phase finale de Can.

Mais il y a eu Alger 90 et Sénégal 92 pour se rattraper… A Alger, je n’y étais pas. A l’époque, Claude Leroy, qui était l’entraîneur national, ne m’avait pas retenu et cela a été une grande déception pour moi. On disait que j’étais vieux (Il n’avait que 30 ans à l’époque !). Les Lions se sont qualifiés pour les demi-finales, mais ils n’ont pas été au bout. Pourtant deux ans plus tard, le même Leroy m’a retenu pour «Sénégal 92» et j’ai été l’un des meilleurs de l’Equipe nationale. Après notre élimination en quarts de finale face au Cameroun (0-1), je suis allé voir Leroy et je lui ai dit : «En 90, j’étais vieux et voilà qu’en 92, je fais partie des meilleurs de l’équipe. Il y a un problème…» Et ce problème-là existe toujours en Equipe nationale du Sénégal.

Quel est ce problème ? (Après un silence) Voyez cette génération des Diouf, Amdy, Henri Camara, elle a du talent et n’est pas dans le besoin. Elle n’a pas besoin que de gagner. Mais on n’a pas su mener ce groupe-là à la victoire. On les a toujours menés pour bien figurer dans les compétitions, pour faire des «coups» mais pas pour aller arracher une coupe. Il manque cette culture de la gagne dans le football sénégalais. Nous avons été victimes de cela, nos successeurs aussi. C’est le mal de l’Equipe nationale. On ne travaille pas psychologiquement le footballeur sénégalais à gagner. D’accord, il y a le beau, mais il y a aussi le résultat qui prime. En 2002, on n’avait peut-être pas le plus beau football, mais tout le monde a suivi quand il y a eu des résultats. Moi, quand j’ai suivi le dernier match amical Sénégal-Rdc (0-0) avant la Can 2006, je me suis tout de suite dit que cette équipe n’était pas préparée pour gagner la Can. Cela se voyait dans son comportement sur ce match-là. De 1986 à 2006, personne n’a pu façonner une mentalité de gagneur au football sénégalais. Personne n’a, semble-t-il, retenu les leçons tirées du vécu de notre génération.

Votre ancien coéquipier en sélection, Jules Bocandé, affirme, quant à lui, que votre malchance a été de n’avoir eu un grand entraîneur avec un discours qui aurait su cimenter et fédérer tous les talents ou toutes les fortes personnalités de la sélection de l’époque. Partagez-vous son avis ? On avait les meilleurs joueurs à leurs postes avec les Cheikh Seck, Roger Mendy, Racine Kane, Bocandé etc. Chacun, à son poste, était un leader, mais on n’avait peut-être pas l’encadrement qu’il fallait pour gérer ce groupe-là. Comme je l’ai dit tantôt, on avait de grands joueurs, mais il nous manquait beaucoup de choses. Et c’était à nos entraîneurs d’apporter certains trucs pour résorber les quelques manquements (Pape Diop était le sélectionneur lors de Caire 86). Je ne cherche pas à critiquer, mais peut-être que nos entraîneurs n’étaient pas à notre niveau. Ce que Bocandé a dit, beaucoup d’entre nous l’ont pensé à l’époque. Seulement, il est vrai qu’une fois sur le terrain c’était à nous d’aller au-delà de toutes les difficultés rencontrées. Mais ce ne fut pas souvent le cas, comme avec les joueurs d’aujourd’hui.

On dit qu’il leur a manqué un bon entraîneur en Egypte… Que c’est difficile d’entraîner l’Equipe nationale, car le public du Sénégal est connaisseur. Personnellement, je ne dirais pas, comme certains, que ceux qui sont sur place, Laye Sarr et Amara Traoré, sont des «mauvais». Ils connaissent le football, ils ont eu à faire leurs preuves, à montrer leurs qualités. Mais à l’heure où on est, on a une équipe pour gagner quelque chose en Afrique. Et il faut des gens qui ont cette mentalité de la gagne, des gens qui ne se contentent pas des accessits, mais qui vont chercher les trophées. L’heure est venue pour le Sénégal de concrétiser sa passion pour le football.

Pensez-vous que Laye Sarr et Amara, candidats à leur propre succession, peuvent inculquer cette mentalité-là à la «tanière» ? Moi, ce ne sont ni les noms, ni les personnes qui m’intéressent. Je n’ai rien contre Laye et Amara, je pense même du bien d’eux. Mon souci est plus profond et dépasse largement ces deux personnes. D’ailleurs, c’est un faux débat que celui sur la nationalité du sélectionneur. Le plus important n’est pas de faire signer un Français, un Anglais, un Allemand ou un Sénégalais. Le souci est de mettre les personnes compétentes à tous les niveaux de responsabilité et les laisser travailler. Ce n’est pas seulement une question de sélectionneur national, il faut de la compétence partout. Jusqu’au ministère…

Etes-vous alors pour le maintien de Laye Sarr et Amara Traoré ou pensez-vous qu’il faut d’urgence un sélectionneur étranger ? Maintenir Laye Sarr et Amara, c’est toujours bon. Parce qu’ils connaissent le groupe, les joueurs de l’Equipe nationale, ensuite ce sont des gens compétents. Mais il faudra évaluer jusqu’où. Sont-ils capables de faire gagner un trophée à la sélection ? C’est la bonne question à leur poser, même s’ils ne diront jamais non. En tout cas, quand on décidera de faire venir un Etranger, il faut aussi bien fixer les objectifs. Si j’étais président de la Fédé et que je décide de faire venir un Etranger, j’allais lui dire : «Mon objectif, c’est ça. Est-ce que tu peux l’atteindre ? En es-tu capable.» C’est comme cela qu’on fixe ses conditions.

Etes-vous personnellement intéressé par un retour dans le football sénégalais ? Vous savez, je ne suis pas quelqu’un qui vient quémander un poste. Mais si je vois que les choses bougent dans le bon sens au Sénégal et qu’on fasse appel à moi, je ne dirais pas non. Cela fait trois ans que j’entraîne mon équipe de promotion d’honneur, et quand je venais l’équipe était mauvaise, mais depuis on fait de bonnes choses. J’ai senti que j’ai apporté quelque chose et j’ai travaillé pour que les choses marchent. L’année dernière, on a failli monter et cette année, on a de bonnes chances de monter. Objectivement, j’ai apporté quelque chose et au sein du club, tout le monde voit que les choses bougent. Au niveau du Sénégal, c’est pareil. On a les joueurs, mais il faut se mettre dans les dispositions de remporter une coupe. Voyez, le Cameroun n’était pas comme ça avant. Il a travaillé cette mentalité de la gagne, pour paraître «Indomptable» même s’il n’est pas le meilleur. Par exemple, la génération qui vient après celle de Diouf ne devrait avoir d’autre objectif que de gagner. Pas autre chose !

Alors, êtes-vous l’homme qu’il faut aux Lions ? Non, je ne parlerais pas comme ça. Pour revenir autour de la sélection, il faut d’abord qu’on fasse appel à nous, qu’on nous redonne de l’importance dans le football. Je pense qu’on ne doit pas nous négliger, nous qui avons joué en Equipe nationale et avons participé à l’essor sur le terrain du football sénégalais. Car je pense qu’on a quelque chose à dire. Et ce n’est pas à travers les journaux qu’on va le faire, mais sur le terrain, avec les personnes qui gèrent le football sénégalais. D’ailleurs, ça fait longtemps que ces gens sont là et il n’y a pas eu un vrai résultat. Par exemple, le ministre actuel (Daouda Faye, Ndlr), il tourne autour du foot depuis le début des années 90, depuis Sénégal 92 mais quel est le résultat ? Et personne ne fait appel à nous.

Mais pourquoi rester en France et attendre qu’on vous appelle, alors qu’il aurait été plus inspiré de venir… (Il coupe) Vous savez, il y a une année, l’ex-Directeur technique national, Mama Sow, était venu à Paris en disant qu’il avait la volonté de réunir tous les «anciens internationaux» présents en France. Mais moi, on ne m’avait rien dit ni appelé. On ne m’a pas dit où cette réunion allait se tenir et qu’est-ce qu’on allait y dire ?

Etes-vous candidat au poste de sélectionneur national ou à un poste de responsabilité au sein du staff technique des Lions ? Moi, je ne refuse rien du tout, mais à la condition d’être un cadre où les gens ont envie de travailler. Il ne sert à rien d’enlever des gens et de les remplacer par les autres. Le plus important, c’est de travailler en profondeur et moi, j’avais envie de participer dans un football où l’on travaille.

Pour vous, le débat ne devrait être dans le choix d’un sélectionneur étranger ou local, mais dans l’urgence pour le football sénégalais de travailler en profondeur… Mais qu’est-ce qu’un Etranger peut nous apporter s’il baigne dans un environnement dans lequel on ne travaille pas ? Combien sont-ils d’entraîneurs étrangers à passer en sélection et pourtant, notre palmarès demeure vierge. S’il s’agit de gérer une sélection et de faire de la compétition, je ne vois pas pourquoi un «local» ne saurait le faire. Il faut plutôt une réelle politique avec des objectifs bien définis dans le temps. Le football sénégalais ne peut plus se contenter de dire «j’ai participé à ça ou ça» mais «j’ai gagné tant et tant». Moi, je n’ai pas eu la chance de gagner quelque chose avec le Sénégal, mais tous ceux qui ont suivi aussi. On est encore à réécrire les matches en disant «on aurait pu…on aurait dû…» Il faut arrêter et travailler pour avoir des résultats.

Est-ce vous manquez d’expérience sur le banc pour crédibiliser davantage vos critiques ou vos ambitions ? Finalement, vous n’avez que votre passé d’ancien international. Est-ce suffisant ? Moi, j’ai toujours été ambitieux. Je veux toujours prouver et réussir quelque chose. Et puis, je ne serais jamais là à dire : «Enlevez Amara et mettez-nous.» C’est mesquin. Moi, je veux qu’on lance le football sénégalais dans une nouvelle dynamique, avec de la gagne au bout, même si le foot n’est pas une science exacte. Il faut faire avancer les gens, c’est un impératif.

On reproche aux anciens internationaux comme vous de réclamer des postes sans pour autant faire ses preuves par ailleurs… Il y a une part de vérité. Mais moi, je pratique, je dirige un club, même si c’est PH, et je passe mes diplômes. Ensuite, n’oublions pas que cette Equipe nationale est composée de pros. Ils ne viennent pas en sélection pour qu’on leur apprenne quelque chose, mais c’est eux qui apportent. Ils sont des joueurs de haut niveau ou ils ne le sont pas….

Mais l’Equipe nationale doit être au bout d’un cheminement pour un technicien… (Il coupe) Ecoutez, le football doit être géré par des anciens footballeurs. Cependant, il est vrai qu’il faut gérer un club, travailler au quotidien avant de demander l’Equipe nationale. Il faut aussi être compétent avant de réclamer un poste.

Alors pourquoi, ne pas revenir au Sénégal s’investir dans des clubs ou dans les petites catégories, faire ses gammes avant de postuler pour la sélection A… Mais est-ce que notre football est bien structuré pour inciter à revenir ? Avons-nous au pays des championnats cadets ou juniors ? Avons-nous des clubs structurés au sein desquels on peut vraiment travailler ? Tout le monde sait que notre championnat national, ce n’est pas ça…Comment faire ses preuves dans ces conditions ? Malheureusement, au Sénégal, les anciens internationaux ont rarement les moyens de démontrer leurs compétences.

Mais Cheikh Seck est en train de le réussir lui…. Où évolue-t-il Cheikh Seck ? Il est plutôt du côté administratif (précisément vice-président de la Fédération, chargé des Equipes nationales et des compétitions internationales). Il n’est pas dans le domaine technique. Et puis être dirigeant, ça s’apprend. Ici, en France, les dirigeants font des stages pour maîtriser les rouages du management du football de haut niveau. Mais au Sénégal, on s’improvise souvent dirigeant.

A vous entendre parler, il semble que vous n’avez pas dans vos projets immédiats un retour dans le «Sénégal du foot»… Mais attendez, là où je suis en France, j’ai un poste d’entraîneur. Alors, pourquoi revenir quand on ne te propose rien, quand on ne fait pas appel à toi ? Je ne peux pas revenir au Sénégal et faire comme les autres…

Comme quoi ? C’est-à-dire aller voir les journaux, parler dans les radios pour dire : «Je veux tel poste ou tel poste.» Si je reviens au Sénégal, cela voudra dire que j’aurai une proposition concrète de la part de personnes qui ont besoin de nous. Mais j’ai l’impression que ceux qui sont là-bas n’ont pas besoin de nous (rire). Maintenant, je ne vais pas venir quémander un poste ou réclamer quoi que ce soit. Car si on a besoin de moi, on saura où me trouver. Je ne suis pas injoignable. Mais qu’on vienne vers nous, comme ils vont voir un Français, un Allemand etc.

Mais avant il faudra vous montrer. Est-il possible de vous retrouver bientôt dans les divisions professionnelles du football français ? Ça va être très difficile. Car ici, les gens nous considèrent comme des étrangers et le milieu du football français est complexe et a encore ses réticences, ses préjugés. Déjà, il y a beaucoup de Sénégalais qui sont diplômés, mais qui n’ont pas pu réellement percer. Lamine Ndiaye, par exemple, est assez diplômé. Il n’a pas eu beaucoup d’opportunités en France, alors il est parti au Cameroun (Coton Sports de Garoua). Alors ce sera difficile de voir Oumar Guèye Sène diriger très vite une équipe professionnelle en France

Alors, encore une fois, pourquoi ne pas revenir au pays, participer au débat et arracher de manière démocratique «votre» place dans le football sénégalais ? Mais est-ce qu’il y a un débat ? Au Sénégal, il n’y a pas de débat. Tout le monde parle ! Moi, je veux garder de la distance et rester objectif. Je ne rentre pas dans ce jeu-là, j’ai un niveau qu’il ne faut pas négliger non plus (sic). Au Sénégal, il suffit de parler des journaux, mais moi je ne suis partant dans ce truc-là…

Mais quel poste vous intéresserait ? (Il retourne la question) Quel poste voudriez-vous que je réclame ?

Celui de sélectionneur national par exemple, parce qu’il est aujourd’hui vacant… Si on me le propose, je ne dirais pas non. Vous savez, être entraîneur de football, ce ne sont pas des diplômes. On voit ici en France des entraîneurs qui sont bardés de diplômes, mais qui ne font pas de résultats. Pour être entraîneur, surtout pour un ancien footballeur de haut niveau, il suffit d’avoir de la personnalité, connaître le football et l’être humain. Moi, le jour où je serai nommé sélectionneur du Sénégal, je ne serais pas là à dire que j’ai tel ou tel diplôme ou à dire que je suis Oumar Guèye Sène. Je parlerais aux joueurs en tant que footballeur, parce que je suis footballeur comme eux. Je ne leur parlerais que du football avec des objectifs bien précis, l’extra-football ne m’intéresse pas.

En 2002, vous aviez émis la volonté d’organiser votre jubilé à Dakar pour marquer votre retour dans le football sénégalais. Où en est ce projet ? Le jubilé, je l’ai laissé tomber. Parce que beaucoup n’ont pas compris pourquoi je voulais l’organiser. J’ai mes raisons sur ce qui me poussait à le faire à Dakar, j’ai aussi mes raisons sur ce qui m’a poussé à l’annuler.

Quelles sont ces raisons ? Bein, il se passe qu’au Sénégal, ce n’est pas faisable. Je suis sûr et certain que cela ne se fera pas. Parce que les gens qui doivent aider à sa réalisation ne coopèrent pas.

En quoi faisant ? Les gens qui devraient aider les anciens footballeurs à faire quelque chose au Sénégal ne sont pas compétents. Peut-être que nous leur faisons peur, peut-être qu’ils redoutent qu’on leur pique leurs places. En tout cas, je constate que beaucoup de dirigeants ne sont pas compétents.

Pourquoi le dites-vous ? Ecoutez, je n’ai pas envie de me fâcher avec les gens, de dire quoi que ce soit sur un tel ou un tel, mais il est évident que beaucoup parmi ceux qui dirigent notre football ne sont pas compétents. Il y a beaucoup d’incompétences autour du football et du sport sénégalais, c’est connu.

Etes-vous bien placé pour le dire ? Regardez l’état du football sénégalais et dites-moi si j’ai tort. Le constat est là….C’est dommage que tous qui parlent au Sénégal ou qui dirigent n’ont rien fait pour le football sénégalais. Je le dis et je le répète ! Voyez, ils n’ont su tirer aucun bénéfice de la campagne de 2002 pour le football sénégalais. Donc tous ces gens qui sont en place sont, encore une fois, incompétents. Je pense que l’Etat sénégalais doit bouger. Il n’y a pas d’installations, pas de terrains pour jouer. Nous, en notre temps, on jouait pieds nus partout à Dakar, aujourd’hui, il n’y a presque plus de terrains de foot à Dakar. Pire, pour se préparer à une compétition, l’Equipe nationale vient en France, alors qu’elle devait avoir de vraies installations au Sénégal pour faire l’affaire. Où est passé tout ce qu’on a tiré du dernier Mondial ?

Au plan purement personnel, la rumeur veut que vous ayez totalement changé dans votre vie de tous les jours… Je tiens à dire que c’est ma vie privée. Cela ne regarde que moi et je ne vais pas m’étendre là-dessus, même si je n’ai rien à cacher. Mais bon, si j’ai changé, c’est de manière très positive aussi. J’ai mûri, j’ai aujourd’hui une autre façon de voir la vie…

Il paraît que vous êtes aujourd’hui beaucoup tourné vers la religion musulmane, que vous êtes devenu presque un Ibadou Rahman… Vous savez, s’être tourné vers la religion, c’est une très bonne chose qui m’arrive. Car la négliger en est une mauvaise. Donc, j’ai trouvé le bon chemin et j’essaie de me parfaire chaque jour. C’est ce que je peux dire. (Ferme) N’insistez pas s’il vous plaît…

 



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