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DAOUDA FAYE «VAVA», MINISTRE DES SPORTS : «Il faut réformer l’esprit des gens»

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DAOUDA FAYE «VAVA», MINISTRE DES SPORTS : «Il faut réformer l’esprit des gens»

C’est un Daouda Faye «Vava» très en verve qui nous a reçu dans son bureau sis à la rue Carnot pour tirer au clair certains aspects de sa gestion et de sa philosophie du management du sport sénégalais. Le ministre des Sports qui n’est pas un adepte de la langue de bois tranche le débat sur ces relations avec la fédération de football, le conflit, l’union sacrée autour de l’équipe nationale, la réforme du football, le basket, le meeting d’athlétisme de Dakar… Seulement avant toute chose demande-t-il que certains dirigeant pensent à une remise en question de leur mentalité.

On parle de plus en plus d’une réforme du football, quelle est votre position sur la question ?

C’est le énième document de la réforme depuis 1969. Lamine Diack a fait une réforme. Il y a eu des états généraux. Il y a eu les journées de Blaise Diagne. Il y a eu la réforme Daouda Faye de 1994. Enfin, il y a eu le projet de réforme Youssoupha Ndiaye basée sur celle de 94, mais améliorée. Réformer ce n’est pas écrire, c’est appliquer. Il faut réformer l’esprit des gens. Parce qu’ils ne veulent pas de réforme. J’ai décidé de saisir la fédération, la semaine prochaine. J’ai noté que dans les discussions, la fédération était dans les dispositions pour coller à la politique du ministère. Je l’ai noté depuis le match contre le Bénin. Ils ont travaillé, ils ont rejoint l’État dans sa position pour la délocalisation qui n’était pas évidente. Et, ils ont aidé l’encadrement technique. Ils ont réussi à faire ce match en acceptant le dialogue avec les cadres du ministère. Les difficultés sont derrière nous. Maintenant il faut mettre en avant l’intérêt du football et l’objectif : gagner la Can. En 2002, il y a eu des émotions fortes mais on n’avait pas gagné. Je vais demander à la fédération de nous faire des propositions par rapport à ce qui a été préparé pour que l’État puisse accompagner. Il faut que ceux qui sont chargés de l’application sur le terrain soient les maîtres d’œuvre. Il n’appartient pas à l’État de dire que c’est comme ça que vous allez jouer maintenant.

Dans vos explications, vous citez souvent l’exemple des «navétanes». Ce mouvement vous a-t-il séduit ?

Ils sont dans la ligne droite de la politique de décentralisation du sport. Dans le plus petit village, les gens jouent parce que les «navétanes» sont ainsi organisés. C’est un apport considérable qu’il faut prendre en charge et assurer la coordination avec ceux qui sont délégataires de pouvoir. Je suis étonné de ne pas voir la passerelle entre le «navétanes» et la fédération.

Les «Lions» ont eu un résultat probant face à la Tanzanie, quel commentaire cela vous inspire t-il ?

Je suis très satisfait de ce résultat qui confirme la qualité du choix de Kasperczak qui a montré un professionnalisme exemplaire. Avec lui, son adjoint et l’ensemble du staff technique. Depuis son arrivée, nous avons disputé cinq matchs (Côte d’Ivoire, le Mozambique, le Burkina Faso, le Bénin et la Tanzanie) pour quatre victoires et une défaite. Et à chaque fois, il a été confronté à des difficultés. Le résultat est bon. Ce qui est dû certainement au travail de recherche, de supervision de l’ensemble des joueurs sénégalais qui se trouvent dans la diaspora et dans le championnat national. Il est sur la bonne voie. Mieux, les joueurs ont repris confiance et conscience de leur mission : il nous faut gagner la coupe d’Afrique. La seule satisfaction que je peux tirer de mon passage dans ce ministère, c’est de gagner avec mon pays sa première coupe d’Afrique.

Mais, sans une union sacrée autour de l’essentiel, gagner la coupe d’Afrique ne serait-il possible ?

Le président de la République est sensible à tout ce qui touche à la jeunesse surtout en matière de sport. Il dit toujours « ne m’emmener pas des détails, mes options sont claires. Quand vous êtes coincés, revenez me voir, je vous donne les moyens». C’est ce qui nous a permis de faire un grand sacrifice sur les ressources dont nous disposons pour permettre à la fédération de faire un pas important dans la prise en charge de ses arriérés de primes et des charges non honorées lors du match contre la Côte d’Ivoire à Tours. Nous avons payé l’ensemble des primes. Après une réunion a permis de faire face à l’ensemble des problèmes liés à l’organisation de ce match. Cette démarche devra être un déclic vers la qualification. L’esprit également qui prévaut au niveau de la fédération et du staff technique a facilité les choses et le ministère dont le rôle consiste à coordonner, impulser, aider et appuyer a fait son travail en comblant le déficit à chaque fois. Et, les primes ont été payées le soir même du match, dans la nuit.

Peut-on considérer alors que la page des conflits est tournée ?

C’est normal dans la vie, il y a des problèmes. Même dans un ménage, on n’est pas toujours sur la même longueur d’onde. Il y a des moments où les opinions divergent, mais quand il s’agit d’aller en bataille pour le compte du Sénégal, tout le monde est uni. Là, il n’y avait qu’un seul objectif et un seul adversaire. C’est normal que tout le monde soit prêt contre la Tanzanie. Qui nous avait piqué notre première place. Que nous devons occuper jusqu’à la fin et aller prendre la coupe au Ghana.

Mais à quel prix ? L’environnement du football est-il bon ?

L’environnement est bon. Le football est comme ça. Partout, il y a des moments où il y a des divergences dans la gestion. Il n’y a pas eu de contentieux réel au Sénégal. Il y a eu des statuts proposés et une volonté d’application aux textes en vigueur au Sénégal. Et, c’est dans ce cadre qu’il y eut des interprétations malheureuses. Mais puisque la Fifa a recommandé aux différentes fédérations des statuts, nous avons préféré dire à l’institution de nous simplifier les choses en nous mettant autour d’une table. C’est la démarche que nous avons adoptée. La Caf et la Fifa reviennent prochainement pour terminer le travail commencé. Et, nous avons fait la moitié du chemin. Ce n’est plus qu’une question de mise en forme et de discussions sur l’organisation du football dans son ensemble. Car, le football local est une préoccupation majeure.

Mais il faut des moyens pour régler les problèmes du football. Et, la fédération n’a pas de ressources additionnelles. Ce qui a des incidences sur les finances. Et, il n’y a plus d’agent marketing. Que pouvez-vous faire sur la question ?

On ne dit pas qu’on s’arrête comme ça, sans mettre quelque chose en place. Et cela se retourne sur le dos de l’État qui est obligé de tout prendre en charge. C’est difficile. Je vais les convoquer après la prestation de serment. Il faut qu’ils se mettent autour d’une table. Je vais leur demander de se parler pour nous dire sur quoi, ils sont tombés d’accord. Je ne peux pas accepter ce vide. Il faut quelque chose, car l’État a besoin d’être soutenu et cela passe par les ressources additionnelles. Avec pamodzi, il faut le dire, les matches amicaux étaient organisés sans que l’État passe à la caisse. On ne m’a pas dit pourquoi les ponts étaient coupés ? Dans un contrat, il y a toujours une clause de révision avant terme. C’est dans l’intérêt des deux parties de se parler.

Où est ce que vous en êtes avec la commission ad hoc et les discussions ?

Je préfère laisser le soin à la commission Ad hoc de faire le point sur la question. A la prochaine réunion qui se déroulera bientôt, le point sera fait. Il y aura un tableau de bord que nous allons utiliser.

Et, en ce qui concerne l’organisation des championnats d’Afrique de basket féminin, êtes-vous dans les délais ?

La balle est dans le camp de la fédération et du comité d’organisation. Je leur ai demandé de se mettre en rapport de façon permanente avec les services techniques de mon département pour veiller à ce que le planning soit respecté pour que le stadium Marius Ndiaye soit prêt à temps. De même qu’à Thiès avec le stadium Lat Dior. Nous sommes en train de voir avec une société de place associée à des professionnels pour la construction d’un gymnase à Iba Mar Diop. Et nous voulons que cela soit prêt avant le début du championnat d’Afrique soit en septembre. Mais le plus important est de prendre l’option de ne plus organiser pour applaudir les autres. Il faut organiser pour gagner ou être sur le podium. Si nous ne le pouvons pas nous ne devons pas organiser. Nous devons alors avoir une préparation particulière. Nous sommes prêts à aider la fédération sur la préparation des filles. Il nous faut de grandes championnes le jour-j.

Le meeting international d’athlétisme de Dakar pointe à l’horizon, quel soutien comptez-vous apporter ?

Nous avons déjà accepté de dégager une enveloppe de 50 millions pour cette manifestation. Mais là aussi, il ne faut pas qu’on organise pour applaudir les étrangers. Il faut que les Sénégalais gagnent quelque chose. Nous avons toujours eu de grands champions. C’est cela qui donne un sens à ce meeting de Dakar.

Vous êtes un homme politique, quelle est votre position sur le débat du dauphinat et de la succession de Wade ?

Je suis loin de ce débat. Le Président vient juste de gagner un deuxième mandat. Ce n’est même pas décent de parler de cela, sinon il ne ce serait pas présenter. Au moins, laissons le pendant quatre ou quatre ans et demi pour parler de ça. En ce qui me concerne, je quitterais la politique et les affaires le jour du départ de Wade.



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