C’est désormais 50 ou 75 Fcfa de plus à débourser pour un trajet dans un moyen de transport urbain. Les chauffeurs de taxis procèdent aussi à une hausse sur les courses. Motif général : le prix du baril de pétrole a augmenté, comme celui du carburant. En attendant, les clients subissent. En attendant le décret...
8 heures à la Patte d’Oie, un quartier dakarois situé sur la route de l’aéroport. En cette matinée de mercredi, la station de taxis est comme d’habitude animée à pareille heure. Ici, un taxi, c’est pour quatre passagers à raison de 500 Fcfa chacun. C’était, pendant longtemps, le prix minimum à payer pour aller jusqu’au centre-ville.
Mais, depuis quelques jours, les clients sont obligés de débourser plus pour le même trajet. Assis sur le siège avant en attendant que la voiture se remplisse, Pierre Woussou est un habitué des lieux. Cet homme, à l’instar de la plupart des clients, a constaté, amer, la hausse opérée sur le prix du transport. « J’ai toujours déboursé 500 Fcfa pour aller à mon lieu de travail qui se trouve à la Place de l’Indépendance. Mais, avec les nouveaux tarifs, j’allonge 250 Fcfa de plus. C’est vraiment difficile pour moi, parce que, paradoxalement, mon salaire n’a pas augmenté », témoigne M. Woussou. Cette hausse enregistrée sur les prix du transport interurbain, Magaye Guèye, chauffeur et secrétaire général du garage de taxis de la Patte d’Oie, la confirme. « Nous avions décidé d’opérer cette augmentation sur le tarif bien que l’Etat n’ait pas encore publié le décret », déclare celui qu’on appelle sur place « Pa Guèye ». Adossé contre la porte de son taxi, il poursuit en estimant que « les clients ne peuvent pas continuer à payer trois cents ou cinq cents francs au moment où le prix du litre de gasoil est passé à 813 Fcfa. Nous aussi, avons besoin de vivre comme tout le monde. Nous n’acceptons pas de travailler à perte ».
Le point de vue de ce vieux taximan est partagé par Abdoulaye Thiam, transporteur au garage de taxis « clando » situé non loin de là. Toutefois, ce dernier déclare n’avoir pas encore appliqué une quelconque hausse sur les tarifs. « Ici, nous avons décidé de maintenir les prix normaux, en attendant le décret », explique notre interlocuteur. Selon lui, « les difficultés persistent toujours, d’autant que tout ce qu’on gagne sert en partie à acheter du carburant et à verser au propriétaire ». Les propos de ce chauffeur sont battus en brèche par une dame. Son bébé sur le dos, Mme Oumi Diop, attend un « taxi-clando » pour se rendre à l’aéroport où elle détient un commerce.
Elle s’indigne « de la hausse grossière des prix du transport ». « Pendant longtemps, je payais 125 Fcfa pour me rendre à l’aéroport, mais depuis quelque temps, je débourse 150 Fcfa. A ma grande surprise, ce matin, on me dit que le prix est désormais fixé à 200 Fcfa. Ce qui fait le plus mal, c’est qu’ils attendent toujours que le client s’installe confortablement pour annoncer la hausse. Parfois, on est obligé de rebrousser chemin, pour aller chercher de l’argent supplémentaire », explique la dame, manifestement énervée. Chez les cars « Ndiaga Ndiaye », les chauffeurs n’ont pas jugé utile d’attendre un décret pour procéder à une révision des prix. Face au refus du chef de garage de se prononcer, Modou Diouf dit « Kormak », doyen des chauffeurs, nous explique « qu’à l’unanimité, 50 Fcfa ont été augmentés au prix normal ». Par exemple, un client qui payait 225 Fcfa pour se rendre à Keur Massar, doit désormais donner 275 Cfa.
Face à cette hausse des prix, certains clients rencontrés semblent s’être résignés. C’est le cas de Mamadou Dème, assis dans l’abribus en attendant l’arrivée d’un « car rapide ». Il nous confie qu’« en ce moment, certains disent que c’est la faute du gouvernement, et d’autres indexent les transporteurs. Mais, je pense qu’on doit s’en remettre à Dieu, car c’est lui qui est à l’origine de tout ce qui doit tomber sur nous. Bientôt, ça ne sera qu’un mauvais souvenir ».
D’autres clients par contre, ont du mal à accepter la situation et parfois en arrivent aux coups de poing avec les apprentis-chauffeurs. Tapha Sall, un apprenti « car rapide » raconte : « il y a trois jours, j’ai eu une altercation avec un client que j’ai pris à Liberté 6 et qui voulait se rendre aux Parcelles Assainies. Il a voulu payer 50f, alors que le nouveau tarif est fixé à 100f. J’ai été obligé d’utiliser la force pour qu’il me paye mon argent. Un des clients a alerté un policier qui a considéré que j’avais tord. Il a voulu m’arrêter, mais heureusement qu’après discutions, on a trouvé un arrangement ».
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