Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

TIC ET ELECTIONS : Les technologies s’imposent aux politiques

Single Post
TIC ET ELECTIONS : Les technologies s’imposent aux politiques

Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont été très déterminantes dans la réussite de l’organisation des élections présidentielle et législatives en 2007 au Sénégal. Elles ont été à toutes les étapes du processus. Elles ont, aussi, été utilisées sous toutes leurs facettes et sous toutes les coutures. Aussi bien par les organisateurs, les acteurs politiques en lice que les citoyens.

Le ton a été donné par le président de la République, Abdoulaye Wade qui a pris la décision politique de procéder à la refonte totale du fichier électoral et d’instaurer les cartes numérisées aussi bien pour la carte nationale d’identité que la carte d’électeur. C’est ainsi qu’à la place des carnets d’inscription, toutes les commissions d’inscription ont été équipées d’ordinateurs, de capteurs pour les empreintes et la photo.

Dans une interview exclusive, le chef de la direction de l’automatisation du fichier (DAF), Habib Fall a livré toutes les ficelles du dispositif qu’ils ont mis en place lors des élections.

« On a introduit en 2004 la carte d’identité numérisée qui va servir de moyen unique pour avoir une carte d’électeur qui est basée sur la biométrie (l’association des empreintes et de l’état civil) », a témoigné le directeur de la DAF. Selon lui, « il y a eu sur le plan technologique une évolution tendant à éliminer à la fois les problèmes liés au support de la carte d’électeur et à son contenu c’est-à-dire l’état civil des personnes. Il s’y ajoute qu’on a mis pour la première fois sur la carte d’électeur une photo numérique ».

Ces innovations ont, de l’avis d’Habib Fall, permis non seulement d’avoir pour la présidentielle un taux de participation énorme, exceptionnelle, mais surtout de fiabiliser le vote parce que personne ne pouvait voter deux fois parce que les empreintes suffisent pour définir l’unicité de l’électeur.

Après la phase des inscriptions, c’est un véritable arsenal des TIC que le ministère de l’Intérieur a déployé pour permettre aux Sénégalais d’être informés selon leur choix, sur la situation exacte de leur inscription. Ce dispositif à la fois classique et numérique est mis en branle en même tant que la publication des listes électorales provisoires. L’annonce a été faite par l’ancien ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, lui-même.

« Pour accompagner le processus et rapprocher au maximum l’administration des citoyens Sénégalais, des instructions ont été données aux gouverneurs, préfets et sous-préfets », a expliqué le ministre de l’Intérieur d’alors. Après avoir parlé de la phase de publication classique des listes électorales provisoires, Me Ousmane Ngom a, par la même occasion, chanté les prouesses des technologies en citant étape par étape les procédés qui permettent au citoyen d’avoir accès à l’information relative à son inscription.

En effet, a-t-il avancé, le nouveau fichier électoral provisoire a été publié sur un site web (www.elections2007.sn) et sur un service wap ou Gprs (protocole qui permet d’avoir accès à l’Internet sur le téléphone portable). Il a été aussi, selon lui, accessible avec l’utilisation du Sms, et même avec un numéro vert (8002007) ou à l’aide d’un centre d’appel (828 11 70). « Ils ont pu savoir s’ils figurent ou non sur les listes électorales, si leurs cartes étaient disponibles et à quel niveau », a indiqué Me Ousmane Ngom.

Assaut des candidats vers le Net

L’utilisation des outils et applications technologiques ne se réduit pas simplement à l’aspect organisationnel. Après les phases d’inscriptions et de publication des listes, on est entré de plain pied dans la course à la présidentielle. Contrairement aux précédentes consultations électorales, celles-ci ont été marquées par un rush vers le net. En effet, nombre de candidats déclarés ou leaders de partis politiques ont créé leur site Internet en sus de celui de leur parti politique pour mieux asseoir leur stratégie électorale.

Le maire de Ziguinchor et ancien membre du bureau politique du Parti socialiste (Ps), Robert Sagna a été le premier à annoncer la couleur presque un an avant la présidentielle du 25 février 2007 en lançant un blog : www.robertsagna.com. Son activisme sur la toile lui a permis de se faire connaître davantage au niveau du grand public et surtout de participer au débat politique et citoyen. Le député-maire de Ziguinchor a pu tirer profit de sa présente sur le Net parce que la coalition qui est née à moins de six mois des élections est arrivée cinquième à la présidentielle.

A côté de Robert Sagna, l’un des candidats à la présidentielle qui a beaucoup plus profité des opportunités qu’offrent les TIC est celui de la coalition « And Ligueye Sénégal » qui signifie en français « bâtir ensemble le Sénégal », Idrissa Seck qui avait également créé son parti en moins de six mois. C’est à 100 jours du scrutin du 25 février 2007, précisément le jeudi 23 novembre de la même année qu’il avait lancé au cyber campus de Thiès son site Internet « www.idy2007.com ». Sur ce site « officiel » de campagne, l’ancien Premier ministre et maire de Thiès faisait la présentation de son parti en plus de son propre CV. L’ancien fils spirituel du président de la République, devenu adversaire redouté du Parti démocratique sénégalais (PDS) au pouvoir a, en outre, dévoilé dans ce portail ses ambitions pour le Sénégal.

Les outils du Web 2.0 entrent dans la scène

Ce leader politique, virtuose des technologies avait, par ailleurs, décidé d’envoyer des informations sur sa campagne sous forme de vidéo sur le site (www.youtube.com). L’objectif d’Idrissa Seck à travers cette action a été de médiatiser son différend avec les autorités étatiques du Sénégal. Le staff du candidat de la coalition « And Ligueye Senegal » a eu, à la veille du scrutin présidentiel à envoyer des messages sms à une bonne partie de la population pour les convaincre de voter en sa faveur. C’est au moment où l’affaire dite des chantiers de Thiès qui lui avait valu six mois de prison battait son plein. Et pourtant, il a été classé deuxième derrière le candidat Abdoulaye Wade, son ancien mentor.

Le candidat de la Coalition Sopi 2007 et président sortant, Abdoulaye Wade a eu à lui seul trois sites Internet. Le principal www.abdoulayewade.net qui a été son portail de campagne diffusait des informations sur ses réalisations, son cursus et ses ambitions pour consolider les acquis et obtenir un second mandat. Cette plateforme du président de la République était sur le plan du design le mieux défini avec une certaine interactivité. A côté de ce site, d’autres avaient été créés par ses lieutenants politiques pour participer à leur manière à la campagne du candidat et secrétaire général du Parti démocratique Sénégalais (PDS, parti au pouvoir), Abdoulaye Wade. Il s’agissait, ainsi de www.lalternance.com et www.lepresidentwade.com). Le candidat de la Coalition Sopi avait remporté l’élection présidentielle du 25 février 2007 avec plus de 1 millions cinq cent millions d’électeurs.

La gauche se met à jour

L’ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng ne s’est pas seulement contenté du site Internet de son parti pour aller à l’assaut du suffrage des Sénégalais. Pour les besoins de la campagne présidentielle, il avait lancé www.tanor-dieng.com. Ce portail a, ainsi, pu concurrencer tous les sites qui ont été créés pour la circonstance tant il a répondu aux normes du web 2.0 et a été aussi très attrayant du point de vue architectural. Cette url a été alimentée et continue d’être entretenue de façon presque journalière par des articles de presse, des photos et des vidéos. « Seulement, le forum proposé n’a pas été bien actif, depuis le début de la campagne jusqu’à l’élection proprement dite », ont estimé quelques acteurs des TIC. Ousmane Tanor Dieng n’a pas, selon lui, su rendre son site plus verdoyant que celui de son parti (www.partisocialiste.sn). Le candidat du Ps avait occupé la 3e place lors de la présidentielle avec plus de cinq cent mille électeurs contre trois cent mille lors des élections législatives d’avril 2001.

A côté du leader du Ps, le chef de file de l’Alliance des forces de progrès (AFP), Moustapha Niasse avait mis en selle www.yakarniasse.com pour aller à la conquête des internautes Sénégalais. Pour toucher le plus largement possible sa cible, le candidat de la coalition alternative 2007 avait, aussi, battu campagne avec le site de sa formation politique www.afp-senegal.org/. Ces leaders politiques qui ont connu des fortunes diverses lors des joutes présidentielles de février 2007 et qui ont eu un score de moins de 2 % ne se sont quasiment pas donnés beaucoup de peine pour soigner leur présence sur la toile. C’est le cas de Ligue démocratique/Mouvement pour le parti et le travail (LD/MPT). Les technologies n’ont pas occupé une place très importante dans leur stratégie de communication politique. C’est le site du parti www.ldmpt.sn qui a été aussi utilisé lors de la campagne électorale du candidat Abdoulaye Bathily.

C’est le même cas de figure avec And-jëf/Parti africain pour la démocratie et le socialisme (Aj/Pads). www.ajpads.org/, cette plateforme qui a longtemps servi de support de communication pour ce parti politique a été aménagée pour vendre l’image du candidat, Landing Savané.

Le candidat indépendant Modou Dia qui avait occupé la dernière place de l’élection présidentielle n’était pas très mal loti sur le net. Il y était présent avec comme url : www.modoudia.com/. Par contre, les autres candidats comme Cheikh Bamba Dièye, Doudou Ndoye et Jacques Senghor n’ont pas eu de portail ou du moins n’ont pas communiqué là-dessus.

Le blog, moyen d’expression des citoyens

Ce ne sont pas simplement les politiques qui se sont intéressés au Net dans le cadre des joutes électorales de 2007. Des citoyens à travers leur blog ont et sont encore en train de donner leurs avis sur la manière dont le pays est géré, mais aussi sur le comportement de nos hommes politiques. C’est le cas de cet internaute qui a comme pseudo « Sénégalais frustré ». Chaque jour, ce citoyen donne son opinion à travers son blog “politique-senegal.over-blog.com”. Selon sa description « Quelques réflexions sur les dérives du parti politique au pouvoir au Sénégal, et sur la curieuse passivité de l’opposition… ».

Le politologue et chargé de cours d’analyse de discours politique à l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication (ISSIC), Abdou Aziz Diop fait partie des blogueurs attitrés du Sénégal. Ses analyses et commentaires sont très prisés par les internautes mais aussi les lecteurs des quotidiens et des auditeurs des radios de la place.

Un autre bloggeur qui de par ses écrits a décidé de plonger dans l’arène politique en briguant la mairie de Louga (nord ouest 210 km de Dakar) lors des élections locales qui étaient prévues le 18 mai prochain avant d’être reportées au 22 mars 2009. Il s’agit, en effet, de l’économiste Moubarack Lo qui dispose d’un blog qu’il anime régulièrement et qui lui permet de réagir sur la marche de la société aussi bien sur le plan économique que politique.

Les technologies ont véritablement régenté le Sénégal car c’est grâce à un réseau qui couvre tout le pays et qui relie toutes les sous préfectures, préfectures et gouvernances du pays que les élections ont pu se tenir en 2007. C’est avec ce réseau qui a été à la base de la refonte totale du fichier électoral que le ministre de l’Intérieur a pu transmettre et recevoir toutes les données relevant des élections. « Aujourd’hui, le Sénégal est l’un des rares pays en Afrique à disposer d’une interconnexion de toute l’administration territoriale », s’est glorifié le directeur de la DAF.

En plus de ce réseau, le ministère de l’Intérieur a, toujours dans le cadre de l’organisation des élections, développé des outils pour améliorer la collecte des résultats de l’élection présidentielle. « Pendant toute la soirée électorale, les résultats ont été collectés à travers tout le pays sur nos servers à travers le réseau en direct par le moyen de transfert de données. Les données émanaient des collectivités locales, des départements et des gouvernances. Toutes les données étaient centralisées et saisies par une équipe. Les applications, qui étaient développées, permettaient d’afficher au fur et à mesure l’évolution du score pour tous les candidats. Ce qui nous a permis à minuit de connaître la tendance générale et même les résultats des élections. C’est également une innovation qui a été mise en œuvre pendant les élections de 2007 », a confié Habib Fall.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email