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SUPERSTITION DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN : Les femmes, victimes désignées

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SUPERSTITION DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN : Les femmes, victimes désignées

Cela fait partie de la pléthore de pratiques auxquelles les Sénégalais sont habitués depuis belle lurette, mais nombreux sont ceux qui connaissent vraiment leur raison d’être. Et à force de voir tout le temps les mêmes choses, elles finissent par entrer dans nos mœurs et nos habitudes. Et la vie continue… sans interrogations.

Pourquoi les femmes ne peuvent pas s’asseoir sur le siège avant dans les transports en commun ? Et l’eau que certains chauffeurs versent sur elles ? À quoi sert la chaussure qui est attachée au-dessus des têtes des clients dans les «cars rapides» ? Voilà, entre autres, tout un arsenal de pratiques que nous voyons au quotidien. Pour en savoir davantage, nous nous sommes rapprochés des chauffeurs et des concernés. En cette chaude matinée d’été, la gare routière Petersen est, comme à son habitude, bondée de clients et de cars «ndiaga-ndiaye». Et quand les appels incessants des marchands ambulants et le bruit des «cars rapides» s’invitent au débat, c’est à un brouhaha indescriptible que nous assistons.  

Les femmes derrière

Assis tranquillement dans son car, Moussa Diouf, la trentaine dépassée, exerce le métier de chauffeur depuis des années. Vêtu d’un tee-shirt et d’un pantalon Kaki, il déclare qu’il n’y a aucun tabou sur le fait que les femmes soient toujours derrière dans les transports en commun. «Elles ne peuvent pas s’asseoir devant parce qu’elles paniquent trop vite. Elles peuvent s’agripper sur le chauffeur lorsqu’elles voient quelque chose qui leur font peur et cela peut causer un accident», déclare-t-il sans détours.

À quelques mètres de là, trois autres chauffeurs installés confortablement dans un car sont en train de discuter du combat de dimanche dernier qui opposait Balla Bèye 2 à Lac de Guiers 2. Comme Moussa Diouf, ils sont tous d’avis qu’une femme n’a pas sa place devant. Et pour Balla Mbaye, l’un d’eux, «ce n’est pas une coutume, parce que si c’était le cas, une femme n’allait jamais conduire une voiture».  

Contre le mauvais sort

Et concernant la chaussure qui est souvent attachée dans les cars, Mor Dieng, assis à côté de lui et les pieds posés sur le tableau de bord, lâche : «C’est bon d’attacher une chaussure droite dans une voiture. Tous les anciens chauffeurs le font, car cela préserve contre le mauvais sort.» Mais il s’empresse d’ajouter qu’ «il faut nécessairement qu’elle soit oubliée dans le car, mais on ne doit pas l’acheter».

Et s’agissant des écrits et des photos, il soutient que c’est juste un style. «J’ai mis une photo de Sérigne Touba, mais si j’étais un Catholique, je pourrais mettre la Vierge Marie ou quelque chose d’autre, dit-il. On écrit aussi des choses pour montrer notre appartenance», finit-il d’ajouter. 

Croyance populaire

Après Petersen, nous voilà à Pompiers, une autre grande gare routière de Dakar. Arona Boye est chauffeur de «7 places» depuis une douzaine d’années. Pour lui, toutes ces pratiques ne sont que des superstitions, comme en compte des milliers au Sénégal. «Je ne fais pas toutes ces choses et le fait qu’une femme soit devant ne me gêne pas», déclare-t-il. Et il ne manque pas de lancer quelques moqueries. «Ce ne sont que des foutaises. Il y a des femmes plus costauds que certains hommes», lâche-t-il avec un brin d’humour.

Cependant, Bouba Ndiaye, un autre chauffeur, n’est pas de son avis. Et il a ses raisons. «Même lorsque je voyage avec ma femme, elle reste toujours derrière. Une fois, je quittais Kaolack pour venir à Dakar, et une femme était à mes côtés. Arrivé à Kaba, j’ai percuté une vache qui traversait la route. Mais la dame s’est agrippée à moi et n’eût été l’aide d’un client qui était derrière et qui l’a giflée pour qu’elle me lâche, le pire pourrait se produire. Et depuis lors, j’ai retenu la leçon», conclut-il.

Nous comprenons alors pourquoi les femmes sont toujours persona non grata sur le siège avant dans les transports en commun. Et à force de subir cette situation, certaines ont fini par s’y habituer, comme cette dame d’une trentaine d’années qui affirme qu’elle ne s’assoit jamais devant. «J’ai peur d’être devant et je ne le fais jamais», a-t-elle soutenu. Histoire de dire que les femmes ont beau clamer l’émancipation sur le toit du monde, mais nos «Diongomas» ne sont pas encore prêtes à réclamer la place à côté du chauffeur.



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