On évalue à plus de 10.000 candidats africains à l’émigration vers les îles Canaries actuellement massés en Mauritanie et au Sahara occidental. Entre 700 et 800 personnes tentent la traversée chaque jour. Parmi ceux-ci, on compte un nombre impressionnant de jeunes Sénégalais. Selon les statistiques officielles espagnoles et mauritaniennes, 40% des pirogues qui prennent la mer font naufrage. Plus de 1300 personnes ont perdu la vie en mer entre novembre 2005 et aujourd’hui.
Justifiant ainsi l’organisation d’un séminaire sur l’émigration clandestine dans la capitale du nord, le secrétaire général de la fédération régionale des Gie de pêche, Badara Tall, s’est adressé à une centaine de pêcheurs, mareyeurs et transformatrices des produits halieutiques pour les exhorter à élaborer et à mettre en oeuvre dans les plus brefs délais un plan d’action de lutte contre ce fléau pernicieux qui gangrène la Langue de Barbarie. M. Tall a surtout insisté longuement sur la nécessité d’identifier les causes principales internes et exogènes qui expliquent ce phénomène, de définir les stratégies de lutte, d’identifier les acteurs et les partenaires qui seront impliqués dans la mise en oeuvre de ce plan d’action, de proposer des éléments de contenu pour la formulation de la déclaration de Saint-Louis qui devrait mettre en exergue l’engagement des pêcheurs à contribuer efficacement à la lutte contre ce phénomène. Les débats ont tourné essentiellement autour des effets négatifs et de l’impact de ce phénomène sur la filière pêche, des actions urgentes à entreprendre pour faire face à ce phénomène.
Au Sénégal, a précisé Badara Tall, les départs s’organisent à partir des zones de pêche, notamment, à Soumbédioune, Kayar, Djifer, Guet-Ndar, etc. Plus de 1600 personnes dont 94% de jeunes et 60 convoyeurs ont été interpellés en mai 2006. À l’analyse, ce sont les sociétés de pêcheurs qui paient le plus lourd tribut à l’émigration clandestine par voie maritime. Les jeunes pêcheurs et les meilleurs capitaines de pirogues partent à l’aventure au péril de leur vie. À Saint-Louis, toutes les familles de pêcheurs sont touchées de près ou de loin par ce mal. Si celui-ci persiste, c’est la pérennité des filières de la pêche qui sera compromise. Or, la pêche constitue pour le Sénégal un secteur stratégique sur les plans macroéconomique et de la lutte contre la pauvreté. Elle emploie six cent mille personnes et représente la première branche exportatrice avec près de 190 milliards Cfa de recettes par an. Les pêcheurs de Saint-Louis contribuent efficacement aux performances de ce secteur. Ils sont présents au niveau de toutes les côtes ouest-africaines et leur expertise est reconnue de tous. Badara Tall a encore invité les professionnels de la pêche de langue de Barbarie, les séminaristes, les personnes ressources, les chefs de services régionaux, les Ong et autres partenaires de la fédération régionale des Gie de pêche à poursuivre la réflexion en vue de trouver les solutions les plus adéquates à cet épineux problème de l’émigration clandestine par voie maritime qui a déjà engendré des conséquences désastreuses à Guet-Ndar, Santhiaba, Gokhou-Mbathie et au quartier de l’hydrobase. Il a, par la même occasion, insisté sur la nécessité de mobiliser toutes les énergies pour lutter contre l’exode massif des ruraux vers les centres urbains et les métropoles africaines et d’outre-mer, pour faire face aux crises économiques induites par les chocs pétroliers et approfondies par les conséquences de la libération de l’économie mondiale.
Badara Tall a enfin rappelé que la sécheresse des années 70 et 80 fait partie des événements majeurs qui ont contribué à massifier le phénomène de l’émigration clandestine.
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