(Envoyée spéciale à Touba) - Le Magal est aussi réputé être la traite des mendiants. Ils viennent de toutes les régions du Sénégal et même de la sous-région comme la Gambie, le Mali, la Guinée-Bissau. Si certains font le tour des maisons, la majorité a choisi d'elire domicile aux alentours de la grande mosquée. Ici, on retrouve les personnes handicapées, les aveugles, les mères de famille avec leurs jumeaux dans les bras. Pour quelques-uns de ces mendiants qui ont pourtant eu échos de cette rumeur folle sur l'offrande mortelle, le mot d'ordre est : «ici à Touba, on va prendre.» C'est le cas d'Ousmane Faye, un handicapé moteur assis en face de la mosquée. Sous ses pieds, sont jetées quelques pièces de monnaies. Venu de Mbour, il dit n'avoir nullement peur de prendre cette charité qu'on dit «mortelle». «Si on me la donnais ici à Touba, je vais la prendre, car je n'ai pas peur, maan ki la gueum (moi je crois en celui-là)», déclare-t-il, en nous indiquant le mausolée de Serigne Touba. Pourtant, à Mbour d'où il vient, pour rien au monde, il ne prendra cette charité qui a semé la terreur dans l'esprit des gens la semaine dernière.
Tout le contraire de son voisin Rachid venu de la Gambie. Assis dans son fauteuil roulant, lui, se veut très prudent, car cette rumeur, il en a entendu parler depuis Kaffrine. «Je vais vérifier d'abord le contenu, car on ne sait jamais, et ça me fait peur», explique Hachid qui est le seul mendiant rencontré qui s'en préoccupe autant. Abdoulaye vient de Diourbel et il y a juste quelques minutes quand il a reçu deux bougies des mains d'une femme. «Mais je n'ai pas peur. Elle les a juste déposées, et elle est partie, cela ne m'effleure même pas la tête.» Idem pour cette mère de famille qui a du mal à calmer un de ses jumeaux. Venue également de Ndiarème pour profiter du Magal, elle dit ne pas s'en préoccuper, même si la rumeur sur cette offrande mortelle est arrivée dans son Ndiarème natal.
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