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MOSQUEE DE GOUYE MOURIDE : On prie sous le soleil et le vent

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MOSQUEE DE GOUYE MOURIDE : On prie sous le soleil et le vent

La cité des affaires de Kawsara, ce projet Chinois qui a été à l’origine d’un bras de fer entre l’Etat et les riverains de Rebeuss, (qui ont fini par faire abdiquer le Président Wade, au lendemain de la raclée du 22 mars), est décidément une patate bien chaude ! Chassés du stade Assane Diouf, ils comptent ériger le complexe sur la Mosquée Gouye Mouride. Niet, a dit la Dahira Masalikul Jinnan qui attend depuis plus d’un an, la construction de la mosquée promise par Wade. Pas question non plus de déménager à Bopp, sur un terrain appartenant à la Cnts et qui fait deux fois moins que Gouye Mouride.

Du sable, rien que du sable, c’est ce qui frappe dès que l’on entre dans l’enceinte de la mythique Mosquée de Gouye Mouride, où le chef de l’Etat, depuis son enfance, prie chaque Tabaski et Korité. A gauche, une petite habitation trop exiguë pour la famille nombreuse qui l’occupe. Sous un arbre, un conducteur de pousse-pousse qui transporte probablement des pièces détachées, à en juger par les taches sur sa « tenue de travail », se paie une petite pause. Des femmes mettent en sachet du « quinquéliba ». Quelques haillons posés sur le sable, un sans domicile fixe (Sdf) est plongé dans le bras de Morphée. Sous un arbre, un groupe de gens du troisième âge s’apprêtent pour la prière de Tisbar. De grosses pierres sont posées aux extrémités des nattes pour éviter qu’elles ne s’envolent. Les pieds posés sur un fût vide, Serigne Kâ se méfie comme s’il était devant un arracheur de dents. « Nous avons fait un point de presse le week-end, nous ne pouvons dire plus que ce qui a déjà été dit. Référez-vous à ce qui a été écrit par vos confrères et recopiez ». Si c’était aussi facile !

Deux millions pour accueillir Wade

D’ailleurs, Serigne Kâ qui passe toutes ses journées à la mosquée pour enseigner et apprendre le Coran, ne fait pas partie du bureau. Il vient ici le matin et ne rentre qu’au crépuscule, sa famille lui apporte le déjeuner. A la question de savoir comment ils font pour prier quand un invité de marque comme le chef de l’Etat vient, il lance avec mépris : « Nous louons des bâches, des tentes et des nattes ». Selon les calculs des membres du bureau, ces accueils coûtent la bagatelle de deux millions à chaque fête. Interpellé sur la provenance de ces sommes, il lance : « comment voulez-vous que je le sache ? ». Désignant du menton un tas de briques, il soutient que c’est tout ce qui reste de leur ancienne mosquée. « Nous prions chaque jour sous le soleil et le vent, quand il pleut, nous restons chez nous ». Un autre « Serigne » qui n’a rien perdu de la conversation apporte son grain de sel : « cela fait plus d’un an qu’ils ont tout démoli mais ils n’ont rien construit. Tout ce qu’ils ont fait, c’est creuser un énorme trou de 3 mètres de profondeur, là-bas ». Le trou en question est délimité par des planches. En dehors de l’eau, de quelques herbes, de déchets, il n’y a rien. Un grand tas de sable est couvert d’une bâche verte. « C’est tout ce que l’entrepreneur a amené depuis plus d’un an », fait savoir Serigne Kâ. Des dizaines de pots de tomates vides traînent ça et là. Des talibés jouent aux billes en se partageant un sachet de « thiakry ». Un hangar construit tout en zinc, sert, paraît-il, de salle de conférence et de chambre au gardien. Le sol est en ciment, des dizaines de sacs à dos sont accrochés au mur. « C’est là que nous dormons », confie un talibé. L’autre côté de la mosquée donne sur le « terrain foyer ». Garagistes et « boudjouman » y cohabitent avec des tas d’immondices. « Faites attention de ne pas vous faire agresser », lance un homme aux cheveux blancs, lorsque le véhicule emprunte la ruelle. A quelques jets de pierres de là, à Bopp, à la cité Port, se situe le terrain où, paraît-il, la mosquée de Gouye Mouride va déménager. La porte est à peine visible à cause des meubles de salon exposés jusque sur le trottoir. Les deux battants de la porte sont grandement ouverts. Des cheveux attendent dans un coin, le temps que les charretiers puisent de l’eau dans le puits. Le site fait deux fois moins que Gouye Mouride. Falou Sall, vendeur de meubles, explique que le terrain a été acheté par la Cnts, en 1997, qui les a déguerpis des lieux. « Nous avions nos ateliers et nous exposions à l’intérieur. C’est nous qui avons creusé le puits. Cela fait trente ans que je suis là, je ne peux pas aller ailleurs. Le gardien vient de sortir, il est payé par la Cnts ».



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