Dakar, 5 fév (APS) - La grande taille des ménages, le refus explicite ou assumé du nouveau conjoint de s'occuper des enfants du premier lit en cas de remariage, combinés entre autres à l'insécurité alimentaire expliquent pourquoi certains parents confient leurs enfants à des marabouts itinérants, a soutenu mardi à Dakar Maurizio Tovo, consultant à l'Understanding Children's Work (UCW).
‘'Des facteurs socioculturels, familiaux et économiques sont le plus souvent invoqués par les parents qui confient leurs enfants à des marabouts itinérants'', a fait savoir Maurizio Tovo au cours de la cérémonie de restitution d'une étude sur les enfants mendiant dans la région de Dakar.
Mme Tovo s'appuyait ainsi sur une étude menée en février et mars dernier sur les zones pourvoyeuses d'enfants mendiants. L'enquête concerne quatre régions : Kolda, Saint Louis, Thiès et Kaolack. Elle a été précisément menée dans 6 départements et 28 villages.
‘'Les résultats de cette étude financée conjointement par la Banque mondiale et le Fonds fiduciaire japonais ne sont pas représentatifs au niveau national. Mais ils peuvent servir d'indicateurs à l'explication du phénomène'', a-t-elle signalé.
‘'Recevoir une bonne éducation, apprendre des valeurs et normes sociales pour un bon comportement, à travers l'apprentissage des vertus d'humilité, l'amélioration du statut social de la famille, le respect des traditions, etc. sont le plus souvent revenus comme explications du phénomène'', a-t-elle relevé.
L'expert de l'UCW relève également, la sécheresse, l'insécurité alimentaire, le poids de la crise agricole amenant à diminuer le nombre de personnes à nourrir et la perspective de meilleures opportunités économiques en ville, comme explications du phénomène.
L'enquête a aussi montré, selon Maurizio Tovo, une prédominance des hommes dans la décision de confier les enfants à des marabouts itinérants. ‘'L'enfant lui-même décide très rarement (une fois sur 10), la mère rarement consentante (une fois sur 10), le père dans la plupart des cas (87 pour cent)''.
Et si le père est décédé, c'est un autre homme de la famille qui décide, note l'étude.
‘'Il s'agit souvent d'enfants qui ne gèrent pas le troupeau et qui n'aident pas aux travaux champêtres. Il y a également les enfants qui ne fréquentent plus l'école. Nous n'en savons pas assez'', a-t-elle en outre expliqué.
‘'C'est un problème complexe qui n'a pas de réponse unique. Envoyer un enfant avec un marabout itinérant peut être pour les parents une manière de gérer les risques mais ce n'est pas certainement en le faisant que les risques seront écartés'', a-t-elle également indiqué.
AKS/AD
1 Commentaires
Helene
En Juin, 2014 (19:25 PM)Participer à la Discussion