Menace de déguerpissement: des commerçants de Thiaroye-Gare arborent des brassards rouges

Ils ont été très virulents contre leurs délégués hier à l'occasion de la manifestation contre les sommations et les menaces de déguerpissement brandies par la ville de Pikine. Pour les commerçants qui ont battu le macadam en arborant des brassards rouges, « personne ne va quitter les rails à la date du 15 avril 2013 »  comme exigé par la ville qui souhaite les voir intégrer le complexe commercial.

Les commerçants qui occupent les rails à Thiaroye-Gare et qui sont sommés de quitter les lieux au plus tard le 15 du mois d'avril, ont battu le macadam hier pour crier leur ras-le-bol et dénoncer la mesure. Pour Mor Talla Diouf, un des responsables de ce mouvement, « les commerçants sont fin prêts pour faire face à la mesure et le jour J, c'est-à-dire le 15 avril, personne ne bougera d'un iota ». Il rappelle qu’il y a eu un premier recensement en 2003 et un second en 2004 et enfin un troisième recensement en 2007.

Mais, signale-t-il, aucun de ces recensements n'a été fait dans les règles de l’art. Il accuse les délégués d'être de connivence avec l'autorité et qu’ils auraient même vendu des étals et certains magasins qui leur étaient destinés. Vrai ou faux ? Les rumeurs enflent et vont bon train à Thiaroye-Gare. Du côté des commerçants qui avaient arboré des brassards rouges, l'on attend. Les prochains jours nous édifieront, mais il est certain, renchérit Abdoulaye Diouf, « rien n'a été clair dans la manière dont ce dossier a été géré jusque-là ».

Pour ce jeune commerçant, qui dit être titulaire d'une maîtrise en géographie, déguerpir plus de 1800 jeunes goorgoorlus de leur lieu de travail, c’est ramer à contre-courant du progrès économique dans ce pays. Revenant sur la manière dont les cantines ont été distribuées, il soutiendra que cela a été fait de manière opaque et nébuleuse. « C'est à ne rien y comprendre », regrette-t-il. Il précisera également que les commerçants ne resteront pas « les bras croisés » parce que, poursuit encore Abdoulaye Diouf, « même Transrail n'est pas au courant de cette mesure de déguerpissement ».

En tout cas, il susurre que plus de 251 commerçants flottent encore et que rien n'a été décidé les concernant. Pour certains, c'est parce que l'essentiel des recettes collectées sur les rails allait dans les caisses de la commune d'arrondissement. Le maire de la ville de Pikine cherche vaille que vaille à mettre la main sur les ressources pour renflouer ses caisses. Un argument qui semble tiré par les cheveux dans la mesure où il serait envisagé de mettre en place une troisième ligne de chemin de fer pour desservir Dakar par le Petit Train de Banlieue (PTB) en toute heure.

Ce projet serait entre les mains du CETUD qui veut faciliter la circulation du PTB entre Thiaroye-Gare et Dakar de façon quasi permanente durant toute la journée.