’Les jeunes titulaires de titre de voyage pour l’Espagne ne sont pas récompensés pour avoir bravé la mer, à bord de pirogues artisanales’. Le propos est de Mamadou Lamine Keïta, ministre de la Jeunesse et de l’Emploi. Il faisait face le week-end dernier, à Kolda, à la presse locale en marge des vacances citoyennes. Le ministre répondait, ainsi, aux jeunes de Kolda refoulés du Maroc ou des côtes espagnoles.
KOLDA - Les frustrés de l’émigration clandestine à Kolda ont le feu à la poitrine. Parce que nombre d’entre eux n’ont pas encore empoché, par la voie légale, leur titre de voyage. Alors qu’à leurs yeux, des revenants des côtes espagnoles se sont envolés, contrat et document de voyage dûment établis en poche. Cela passe aux yeux des émigrés clandestins de Kolda pour une discrimination. Dans la région de Kolda, plus de 300 jeunes rapatriés du Maroc ou de l’Espagne ont été recensés, il y a deux ans. ‘Il n’y a pas de quota par région ou par département !’, tranche net le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi. Tout, précise-t-il, prend sa source dans les besoins exprimés par la partie espagnole.
Les profils d’emploi, les salaires et le nombre de jeunes sont répercutés au ministère de la Jeunesse et de l’Emploi par son homologue des Affaires étrangères. Puis commence un travail de détection des candidats sur la base du fichier des jeunes rapatriés et du service de la main-d’œuvre. ‘Ce travail se fait devant les Espagnols qui vérifient, ainsi, si les profils demandés sont satisfaits par les candidats. C’est seulement après ce face à face avec le ‘jury’ que l’on passe au recrutement’, explique le ministre Keïta annonçant que 4 000 jeunes iront légalement en Espagne d’ici à fin 2008. Une sorte d’émigration choisie qui cible à la fois des rapatriés et des inscrits au service de la main-d’œuvre ayant le profil de l’emploi demandé par les Espagnols.
Seulement voilà, alerte le ministre de la Jeunesse, si l’on s’en tenait strictement à la législation espagnole, les rapatriés ne seraient pas recrutés. Car la loi espagnole ferme les portes de l’Espagne à l’émigré clandestin déjà refoulé. ’Et puis, les visas pour l’Espagne ne sont pas une prime à l’émigration clandestine’, rectifie-t-il, ajoutant qu’il ne s’agit pas de récompense donnée à des téméraires. Pour autant, le recrutement par profil exclut d’avance nombre de jeunes revenants koldois sans qualification professionnelle. La plupart des émigrés de la région sont, en effet, des paysans ou des pasteurs. Nombre d’entre eux ont vendu des têtes de bovin pour se payer le ticket du voyage. Une parade a été trouvée contre cela. ‘Les Espagnols ont accepté de nous accompagner dans la formation des jeunes’. C’est le cas du programme des volontaires de l’agriculture. En plus, les structures du Fonds national de promotion de la jeunesse (Fnpj) et de l’Agence nationale pour l’emploi des jeunes (Anej) vont être renforcées et décentralisées, tout comme les services de la main-d’œuvre.
Entrée en matière… politique réussie à Kolda pour le ministre Keïta
Tout le monde le sait, le tout nouveau ministre de la Jeunesse et de l’Emploi fait, par ses premières éditions de vacances citoyennes, un test politique important. A chaque étape, sa démarche est prudente comme s’il marchait sur des œufs. A juste raison, sans doute. Parce que son prédécesseur, Aliou Sow, a eu le temps de mettre partout ses hommes dans les structures de l’Ujtl. Lui dont on sait que le limogeage du ministère de la Jeunesse est une pilule amère. A Kolda, Mamadou L. Keïta et ses proches peuvent se frotter les mains. L’étape du Fouladou a été réussie. Ils ont été accueillis par une foule imposante de jeunes en tee-shirt. Dès que le ministre est sorti de sa chambre d’hôtel, les jeunes ont scandé ‘Keïta, Keïta !’
Le secret de la mobilisation ? Le ministre n’en ignore, à l’apparence, rien. D’ailleurs, il en est, peut-être, le stratège. Même s’il a refusé de reconnaître avoir devant lui des jeunes de l’Ujtl. Il a suffi de donner à toutes les tendances des tee-shirts et des casquettes et d’éclater les responsabilités dans l’organisation et le tour est joué. Les hostilités entre camps rivaux de l’Ujtl ont tout de même affleuré. Il y en a qui criaient ‘Fabouly !’, l’actuel secrétaire général de l’Ujtl. D’autres scandaient ‘Bâ Demba !’, adversaire de Fabouly Gaye aux renouvellements agités de l’Ujtl. L’imparable a été évité de justesse au Camp de chantier intégré du Cem I de la commune de Kolda. Car, chaque groupe tenait à noyer l’autre. Tout a été sauvé quand le maître de cérémonie a annoncé la levée des couleurs, une activité obligatoire dans les Camps de chantiers intégrés. Et la république sauva les vacances citoyennes…. Pas peut-être pour longtemps. D’autant qu’entre ‘Bécaye Boys’ et ‘Bâ Demba Boys’, le temps est désormais à l’affrontement.
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