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M Jean-Pierre Bolduc, Ambassadeur du Canada au Sénégal « Pour obtenir un visa pour le Canada, il n’est pas nécessaire de passer par un intermédiaire »

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M Jean-Pierre Bolduc, Ambassadeur du Canada au Sénégal « Pour obtenir un visa pour le Canada, il n’est pas nécessaire de passer par un intermédiaire »

L’ambassadeur du Canada à Dakar était dans les locaux de l’Obs mardi dernier. Son Excellence a fait le tour d’horizon des grandes questions qui concernent la coopération entre le Sénégal et sont pays. Il s’est notamment appesanti sur la question de l’émigration qui intéresse beaucoup de jeunes Sénégalais

Depuis quand êtes-vous accrédité au Sénégal, Excellence ?

Je suis l’ambassadeur du Canada au Sénégal depuis 2007. A ce titre, je suis établi au Sénégal, certes, mais je suis également responsable de la coopération entre mon pays, le Canada, et les autres pays de la sous-région comme la République de Guinée, la Guinée-Bissau, Cap-Vert et la Gambie.

On sait que le Canada est un bon partenaire pour le Sénégal. Est-ce que vous pouvez énumérer les domaines dans lesquels votre pays coopère avec le Sénégal ?

Quand on parle de coopération, on a tendance à penser immédiatement à la coopération internationale, l’aide au développement, l’ACDI (ndlr, Agence canadienne de développement international) ; c’est effectivement un axe de coopération très important, depuis de très nombreuses années. Et pour le Canada, le Sénégal est un partenaire privilégié. Le gouvernement canadien a récemment décidé d’une concentration du programme d’aide publique au développement (Apd) sur vingt pays dont le Sénégal et, dans ces pays.

Dans le cas du Sénégal, l’Apd se concentre plus particulièrement dans le domaine de l’éducation où le Canada fournit un appui budgétaire qui représente environ 60 % des décaissements bilatéraux annuels du Canada. Ensuite, on intervient aussi dans le domaine de l’entrepreneuriat paysan et dans la micro finance, la gouvernance, etc. Dans le cadre de l’éducation, la particularité est que le Canada est un des bailleurs qui fournit l’appui budgétaire qui cible les secteurs de l’éducation primaire, secondaires, professionnels techniques et l’alphabétisation. Mais il y a également d’autres domaines d’intervention de partenariat et de coopération. J’appelle par coopération les relations bilatérales et politiques que nous avons avec le Sénégal, parce qu’avec ce pays nous sommes membres communs d’institutions importantes telles que les Nations Unies, la Francophonie. Il y a aussi le domaine du partenariat économique parce qu’il y a des relations commerciales avec le Sénégal que nous allons d’ailleurs chercher à accroître, car il y a du potentiel de ce côté, à notre avis.

Est-ce que globalement cette coopération vous satisfait ? A votre avis, les fonds sont-ils utilisés à bon escient ?

La coopération nous satisfait dans la mesure où elle est le résultat d’une collaboration et d’un échange avec le Sénégal. De ce côté, il faut s’assurer, lorsqu’on détermine la coopération, qu’on le fait dans de bons secteurs et de façon efficace. C’est finalement cela le défi de s’assurer que s’il y a des inefficacités on en discute franchement de façon à s’assurer que les fonds sont utilisés de façon efficace. Nous faisons couramment une revue de nos interventions au Sénégal, il y a des moments où l’on regarde ce qui est déjà fait quand il est question, par exemple, de la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie. Et c’est ce que nous avons fait en procédant à la revue de la stratégie actuelle. Je souligne également que la stratégie canadienne d’intervention se situe aussi dans le contexte du Dsrp (Document de stratégie de réduction de la pauvreté) et de revue sectorielle. Tout cela pour dire que les revues sont constantes pour s’assurer qu’effectivement le Sénégal et le Canada sont sur la même longueur d’onde et que nous pouvons dire aux décideurs canadiens ‘’ça va’’ et les assurer que notre intervention au Sénégal porte sur de bons secteurs et que l’argent est allé là où il se devait.

Votre pays appuie également l’agriculture au Sénégal et, dans ce cadre, que pensez-vous de la Grande offensive agricole pour la nourriture et l'abondance (Goana) lancée par le Président Wade ?

L’appui du gouvernement canadien à l’agriculture au Sénégal se fait dans le cadre de l’entrepreneuriat paysan. C’est notamment le cas dans les régions des Niayes et de la Casamance. C’est un appui au développement agricole et environnemental. C’est donc une façon pour le Canada d’appuyer les efforts du Sénégal et des Sénégalais pour améliorer, renforcer l’agriculture et s’assurer d’une croissance dans ce domaine. Quand on parle de secteurs économiques importants, il est clair que l’agriculture est un secteur majeur d’intervention pour le développement économique du pays. On le fait dans un contexte de projets spécifiques et d’appuis institutionnels. D’ailleurs, lors du sommet de la Francophonie au Québec, le président (Wade) a rencontré l’Union des producteurs agricoles du Canada et il y a eu de bons échanges qui lui ont permis de ramener des idées pour le développement du secteur agricole au Sénégal.

Qu’est-ce qui fonde votre optimisme à penser que le Sénégal pourra atteindre les Omd concernant l’éducation ?

L’éducation est effectivement un secteur que le Canada suit de très près parce que l’intervention se fait par le biais d’un appui budgétaire à ce secteur. Notre intérêt pour ce secteur date de très longtemps, les gens se souviennent de l’implication canadienne que ce soit par le biais des Frères du Sacré-Cœur qui ont fait et continuent de faire de l’éducation ici au Sénégal ; de même, l’appui quia été donné au Cesti, à l’école Polytechnique de Thiès…est très apprécié.

L’intervention actuelle se fait par le biais d’un appui budgétaire sectoriel. En ce moment, lorsque vient le temps de décider de verser de nouvelles tranches, il y a un certain nombre de points qui sont considérés, comme le cadre macroéconomique, c’est-à-dire les revues que le Fmi fait du programme, c’est un des éléments déclencheurs ; il y en a sept qui doivent être satisfaits pour que le Canada fasse un versement supplémentaire. C’est sur cette base que nous travaillons.

Le Sénégal est-il un bon élève ?

Il est un bon partenaire dans le domaine de l’éducation et de l’appui budgétaire. Cela dit, je ne suis pas maître d’école pour décerner des notes. Mais dans la mesure où le Canada a décidé de continuer de l’appuyer et de faire du Sénégal un des vingt pays qui vont bénéficier de la concentration de l’aide accordée par le Canada, il y a aussi la nécessité de s’asseoir autour d’une table pour voir ce qui fonctionne et ce qui ne l’est pas et tenter de corriger. Et pour cela, nous avons des interlocuteurs sénégalais qui sont des gens sérieux. Les décideurs regardent ce qui se passe avec l’argent du contribuable canadien. C’est pourquoi, il faut un dialogue franc avec les autorités des pays qui bénéficient de notre coopération.

Il y a des sociétés, telle que Acces Canada, qui sont établies au Sénégal pour faciliter l’obtention du visa d’immigrant aux Sénégalais. Ces sociétés sont-elles crédibles ?

Ces services de consultation relèvent d’initiatives individuelles. Ce sont des gens qui décident de façon indépendante d’offrir leur aide pour l’obtention de visa. Je n’ai pas de jugement à porter sur cela. Cependant, pour quelqu’un qui veut obtenir un visa pour le Canada, il n’est pas nécessaire de passer par un intermédiaire. Toute la procédure peut être obtenue en visitant le site de l’ambassade du Canada (www.dakar.gc.ca.) Il faut faire très attention, parce qu’il y a, dans ce milieu, des gens qui agissent pour frauder. Il faut toujours avoir à l’esprit cette fameuse règle qui dit que ‘’si cela a l’air trop beau pour être vrai, c’est que cela ne l’est pas’’.

Pour les étudiants sénégalais, est-il possible, avec le système Lmd, d’aller poursuivre ses études au Canada sans être rétrogradé ?

C’est à l’Université qui accueille l’étudiant de l’évaluer pour avoir une vue sur la formation qu’il a déjà reçue. À ce que je sache, chacun des cas doit être étudié séparément et cela est valable également pour l’étudiant canadien qui viendrait étudier au Sénégal, à l’Ucad.

Quelle analyse faites-vous de la situation politique au Sénégal ? 

L’avenir du Sénégal sur le plan politique appartient aux Sénégalais. L’année dernière nous avions encouragé le dialogue politique entre l’opposition et le pouvoir. Les élections de mars dernier ont été, de la part des Sénégalais, un bel exercice pour la démocratie et cela s’est passé dans la transparence. De notre côté, on encourage le dialogue entre l’opposition et le gouvernement, et c’est de cette façon qu’on s’assure que tout le monde a la possibilité d’exprimer ses opinions. Car en réalité, c’est du choc des idées que jaillit la lumière pour tout le monde.

Sur la liberté de la presse, on voit un bouillonnement médiatique au Sénégal avec notamment le projet du groupe Futurs Médias. Que vous pensez de la presse sénégalaise de façon générale, et plus spécifiquement, du groupe Futurs Médias ?

Je dirais qu’en général la presse sénégalaise est responsable. Le Canada a toujours été impliqué dans le développement de cette presse avec notamment le Cesti et les stages au Canada. Il y a du côté de la presse sénégalaise une expérience, une capacité et un professionnalisme. Il y a dans cette presse, comme dans bien d’autres secteurs, des personnes qui se laissent aller et qui débordent de façon incorrecte. Le jugement général que je porte sur cette presse est positif, parce qu’il y a une bonne variété d’opinions et de sujets traités. Donc, c’est une presse vivante, vibrante et qui en même temps se veut professionnelle. Sur cela, je la salue. Elle a un rôle majeur à jouer en termes d’information et d’analyse pour aider à la compréhension des situations.

Pour le groupe Futurs Médias, il y a ses composantes que je connais très bien. On nous dit que la Rfm est beaucoup écoutée par la diaspora à l’extérieur. C’est dire donc l’importance que les médias peuvent avoir, car cela a un impact pour tenir informée la diaspora sur les enjeux au Sénégal. De par mon expérience acquise dans les autres pays africains, je sais que la diaspora veut rester en contact avec le pays et si elle n’a pas cette information présentée par différents points de vue, son jugement peut perdre de son importance. 

Des Sénégalais qui ont séjourné pour différentes raisons au Canada vont mettre sur pied une Amicale des anciens de ce pays. Qu’est-ce que vous en passez ?

L’amicale est en formation et sera lancée au milieu de ce mois de juillet. Son objectif est effectivement de rassembler les Sénégalais qui ont fait leurs études au Canada. Nous favorisons beaucoup ce genre d’amicale et nous cherchons à voir comment rendre cet outil dynamique. Mais, d’ores et déjà, ce sera quelque chose de très important pour nous.



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