Les magistrats sénégalais doivent être davantage imprégnés des traumatismes causés par les violences sexuelles pour mieux rendre justice aux victimes, a soutenu, mardi à Ziguinchor, Fatou Kiné Camara, présidente de l'Association des juristes sénégalaises (AJS).
"Il est important qu'ils (les magistrats de siège) connaissent les traumatismes psychologiques que causent ces types de violence", a-t-elle déclaré aux journalistes en marge d'un atelier de formation.
Prévue pour deux jours, cette rencontre est organisée à l'intention des acteurs clés des procédures opérationnelles standard pour le traitement adéquat des cas de viols et violences sexuelles.
Y prennent part, des agents des forces de défense et de sécurité ainsi que des acteurs judiciaires et de la société civile.
"Il est important que chacun de ces acteurs de la chaîne sache comment accueillir les victimes et les mettre en confiance pour qu'elles osent raconter ce qui leur est arrivé afin que enquêteurs puissent faire leur travail", a déclaré Fatou Kiné Camara.
"On n'entend pas toujours, dans les cas de viols, de violences sexuelles ou de violences conjugales, les psychologues, les psychothérapeutes et les psychiatres à la barre", a-t-elle fait valoir.
"On se rend compte que le Code pénal a prévu des circonstances aggravantes si la victime a moins de 13 ans. Une fois qu'elle a plus de 13 ans, les juges appliquent des circonstances atténuantes", a renseigné Fatou Kiné Camara.
"C'est un défaut de formation à la gravité de l'infraction que constitue le viol.
A Ziguinchor comme dans toutes les autres régions du Sénégal, il y a des taux élevés de violence sexuelle. Les magistrats sont demandeurs de formations continues", a dit la juriste.
Selon la coordonnatrice d'ONU-Femmes au Sénégal, Racky Chaupin, le nombre de cas de violences sexuelles a doublé ces dernières années au Sénégal, sur la basant d'enquêtes menées par son organisation en 2008 et 2012.
Elle a fait savoir que ces études avaient révélé que les victimes des violences sexuelles ne bénéficiaient "pas d'appui psychologiques, de soins médicaux et d'assistance judiciaire".
Aussi ONU-Femmes a-t-elle entamé "un processus d'élaboration de procédures opérationnelles standard pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles", en partenariat avec le gouvernement du Sénégal, a indiqué Racky Chaupin.
Le gouvernement sénégalais a validé ces procédures en recommandant à l'ONU-femmes d'intervenir dans les régions pour identifier et renforcer les capacités des acteurs, si l'on en croit Mme Chaupin.
Sur cette base, a-t-elle renseigné, ONU-Femmes est en train d'accompagner la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (PFPC), pour la mis en place d'un centre d'accueil, d'hébergement et de suivi des cas de violences sexuelles à Ziguinchor.
ASB/BK
3 Commentaires
Anonyme
En Avril, 2015 (15:31 PM)Anonyme
En Avril, 2015 (16:25 PM)Alerte
En Avril, 2015 (16:48 PM)Participer à la Discussion