La capitale sénégalaise se vide à la veille et aux lendemains des fêtes de Tabaski. C’est connu. La plupart des gens rallient leurs villages et autres villes d’origine. Dans ce lot se comptent les bonnes. Et les ménages souffrent beaucoup de cette situation. Reportage.
10h 30 à Sacré-Cœur 2. À hauteur de l’Institut supérieur d’entreprenership et de gestion (Iseg), se trouve l’un des coins où se regroupent des jeunes, garçons et filles, à la recherche de travail comme techniciens de surface ou bonnes. Le lieu d’habitude rempli est vide ce matin. La raison, Mariama, vendeuse dans un kiosque qui jouxte le « bureau de recrutement » de ces jeunes, nous la donne. En effet, nous informe-t-elle, « c’est le calme et le vide ici à chaque période de Tabaski, les filles vont au village pour au moins deux semaines ». Ainsi, c’est la croix et la bannière pour trouver une ménagère en ces temps. « Restez encore cinq minutes et vous verrez des gens à la recherche de ménagères, à cette période, ils sont prêts à débourser beaucoup d’argent », poursuit Mariama. L’on a pas eu besoin de cinq minutes. Une simple observation nous a permis de savoir que la plupart des voitures qui passent ralentissent ou s’arrêtent carrément pour constater la situation. « Fii tamit dé amul kenn », (ici non plus il n’y a personne », s’exclame une dame au volant d’une « Crossfox » grise. L’air désolée, bouche bée, elle semble embarrassée. « Je ne sais plus à quel saint me vouer. Je dois travailler lundi et je perds espoir de trouver une bonne avant et Dieu sait qu’il m’en faut une », nous dit-elle quand on s’est approché. Teint clair, la trentaine bien sonnée, elle soutient : « ma bonne m’a dit qu’elle ne reviendra que dans trois semaines car une de ses cousines se marie et elle doit y assister, mais moi je ne peux pas attendre trois semaines car je ne peux allier boulot et travaux ménagers». « Hiiii, xalaatumako sax té mënumako », dit-elle, comme pour elle-même. La tabaski c’est aussi la période des mariages au village. Les filles nubiles cherchent prétendants en cette période, d’autres se marient.
Les fonctionnaires prennent chaque an un mois de congé. Les bonnes aussi ne s’en privent pas. Et au moment où certaines s’accordent trois semaines, d’autres prennent tout bonnement... un mois. « Ma bonne m’a dit qu’elle ne reviendra qu’après la Tamxarit », nous dit d’une voix fluette Mme Diagne, rencontrée au rond-point de Liberté 6, le « bureau de recrutement » le plus célèbre de Dakar. Ici, traînent quelques rares filles à la recherche de travail. Le problème est qu’elles placent la barre trop haut. Elles imposent une loi marketing. La demande étant beaucoup plus forte que l’offre, la marchandise coûte cher. « C’est à prendre ou à laisser, il n’y a pas de bonnes et cette situation va durer au moins trois semaines, moi je ne travaillerai pas pour moins de 60 mille Frs Cfa », dixit Awa, une des chercheuses d’emploi. Au-delà de la loi du marché, elles expliquent cette situation par le fait qu’elles risquent de se retrouver seules dans une maison, faisant tout le travail, et d’être remerciées sans indemnités une fois les anciennes de retour.
Par ailleurs, autant Awa est catégorique sur ses prétentions salariales, autant certaines clientes le sont sur leurs propositions. Pas prête à débourser plus de 40 mille Frs Cfa, Eugénie Mbaye, forte corpulence, noirceur d’ébène, avec l’accent des Sérères des îles, assure, très amère, qu’elle « préfère s’arranger avec ses enfants pour faire le ménage la nuit et se débrouiller pour les repas - celle qui arrive la première prépare - plutôt que de débourser 60 mille Frs Cfa ». Elle, elle peut au moins compter sur ses enfants. Celles qui n’en ont pas sont obligées, à défaut de se plier pour faire elles-mêmes leur ménage, de débourser autant pour assurer la propreté et les repas à la maison.
4 Commentaires
Kiki
En Novembre, 2010 (16:51 PM)Jaune
En Novembre, 2010 (17:35 PM)Movezfoy
En Novembre, 2010 (23:11 PM)Ty
En Novembre, 2010 (07:01 AM)Participer à la Discussion