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Le quartier Fass Guinaw Lamb Joola déguerpi hier : Des dizaines de ‘ familles Sdf ’ crient leur détresse

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Le quartier Fass Guinaw Lamb Joola déguerpi hier : Des dizaines de ‘ familles Sdf ’ crient leur détresse
Le quartier Guinaw Lamb Joola, situé dans le populeux quartier de Fass en face de l'école Manguiers (avenue Cheikh Anta Diop) a été rasé, tôt lundi matin, par des bulldozers, sous haute surveillance policière. Les occupants, qui se retrouvent Sans domicile fixe (Sdf), dénoncent un coup de force.

Les déguerpissements, qui ne sont rien d'autre que les symptômes visibles de la spéculation foncière à Dakar, ont repris de plus belle. Pas plus tard qu'hier matin, les populations du quartier Guinaw Lamb Joola ont connu un réveil mouvementé. ‘C'est à quatre heures du matin que des jeunes sont venus nous alerter que le quartier a été quadrillé par des éléments du Groupement mobile d'intervention. On devait faire nos bagages, sauver ce qui pouvait l'être et nos vies’, témoigne avec une mine abattue, les yeux rouges de colère et de tristesse, Kankou Diakhaté la soixantaine environ. Comme une traînée de poudre, la nouvelle se répand dans ce quartier fait de bric et de broc, de baraques avec des planches, des tôles rouillées et où ne vivaient que des gens exerçant de petits métiers du secteur informel. Quelques ateliers de mécanique et de menuiserie avaient également pignon sur rue dans cette Favela. Le reste se passera dans la confusion totale et la panique générale, surtout du côté des femmes et des enfants. ‘Lorsqu'on m'a informé, je n’y ai pas cru. Car, nous n'avons guère reçu de sommation’, ajoute Kankou Diakhaté qui louait une de ces baraques avec sa famille nombreuse, depuis 1968. Tous ses enfants sont nés et ont grandi dans le quartier de Fass Guinaw Lamb Joola. Et depuis cette date, il a régulièrement payé ses frais de location, dont le ‘montant cumulé peut acheter une maison’, note sa fille aînée, trouvée au bord de la chaussée, entourée de ses bagages et de ses filles et petits-enfants ne sachant où aller. ‘On n'a pas où aller et nos enfants sont inscrits dans les écoles environnantes. A un mois de la fermeture des classes, on pouvait nous donner un délai supplémentaire le temps de trouver un abri’, avance-t-elle.

Babacar Faye, 35 ans, ouvrier de son état est également né dans le quartier. Il estime, à l’image des autres responsables de famille, que l'Etat, qui a ordonné ce déguerpissement par le biais du préfet de Dakar, pouvait décaler l’opération jusqu'à la fin de l'année. ‘Il faut que les autorités sachent que nous sommes des êtres humains comme elles. Il y avait d'autres moyens plus pudiques et respectueux de la personne pour récupérer ce lopin de terre’, martèle-t-il. Lui, comme les autres locataires, payait mensuellement entre dix et quinze mille francs la baraque. Les propriétaires, nous dit-on, sont des familles Lébou qui auraient cédé le terrain à l'Etat. D'ailleurs, les locataires sont conscients qu'il y a une décision de justice d'expulsion depuis 2002, mais elle n'a jamais été exécutée. Ce qu'ils dénoncent aujourd’hui, c'est la brutalité et le fait accompli des autorités. ‘Nous avons été mis devant le fait accompli. Ce qui n'est pas normal pour des locataires de longue date comme nous. Nous avons contacté les propriétaires à qui nous payions les frais de location des baraques, ils nous ont répondu qu'ils n'étaient au courant de rien. C'est ce que nous dénonçons’, fulmine Alpha Diallo. Hier, la plupart des déguerpis n'avaient guère où se diriger. Ils évoquaient la cherté des loyers ailleurs, sans oublier la caution de deux ou trois mois à verser avant de s’installer. ‘Si nous avons habité ici, c'est parce que nous sommes pauvres. Comment voulez-vous que l'on loue des chambres à 30 mille francs ou plus avec deux à trois mois de caution ?’, s'interroge Alpha Diallo.Les nombreux bagages des déguerpis : lits, ustensiles de cuisine, habits et autres ont été parqués pêle-mêle au sein de l'école Manguiers. A ce niveau, le directeur de l'école commençait à perdre patience, dit-on.

Mamadou SARR & Fadel Da Silva (Stagiaire)



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