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«Tout est mis en œuvre pour retirer les enfants de la rue»

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«Tout est mis en œuvre pour retirer les enfants de la rue»

« La situation est sous contrôle. Nous avons mis en place un dispositif opérationnel qui, à terme, aidera à ce qu’il n’y ait plus enlèvement ou rapt d’enfants ». Dans l’entretien qui suit, la ministre de la Bonne gouvernance et de la Protection de l’enfance partage le dispositif mis en place. Ndèye Rahmatoulaye Guèye Diop précise ses attributions et nous fait aussi le point sur la deuxième opération de retrait des enfants de la rue.

Comment avez-vous vécu la rafale médiatique de ces derniers jours ?
Je l’ai vécu sereinement parce que je savais que la plupart des attaques dont j’ai fait l’objet se nourrissaient du déficit de connaissance des attributions de mon ministère. C’est, à la limite, gênant de rappeler que la question des meurtres et enlèvements, qu’il s’agisse d’enfants ou d’adultes, relève de la sécurité nationale, donc du sectoriel étatique compétent en cette matière, le ministère de l’Intérieur. Mais, en le disant, je ne cherche nullement à me défausser sur un collègue car le travail gouvernemental est une synergie positive qui nous rend collectivement et solidairement responsables devant le peuple. J’ai en charge la protection de l’enfance contre les abus, les maltraitances, les sévices corporels, la traite, etc. Il y a eu une confusion entretenue par les réseaux sociaux et une partie de la presse qui n’avaient pas idée de mes attributions. Mon collègue Aly Ngouille Ndiaye et moi-même avons organisé un point de presse pour apporter des précisions. Cette incompréhension est aujourd’hui derrière nous. Je rappelle que tout un dispositif est mis en place pour traquer les auteurs de ces regrettables événements. Il est heureux de constater que la situation est bien gérée.

Avec le recul, auriez-vous changé votre stratégie de communication ?
Du tout. C’était un choix. Et je l’assume. Dans mon esprit, la communication se fait d’abord par l’action. Et, pour un ministère comme le nôtre, la présence est sociale et non forcément médiatique. Je viens de faire juste un semestre à la tête de ce département. Il fallait d’abord et avant tout faire un état des lieux. Nous avons rencontré tous les acteurs qui gravitent autour de la protection de l’enfance. Je viens de faire le tour de toutes les familles religieuses du Sénégal. Le ministère a aussi tenu des séances de travail avec des associations privées, le clergé, des associations et fédération de maîtres coraniques, des prêcheurs et animateurs d’émissions religieuses, de la société civile. Des rencontres ont été également organisées avec les Comités départementaux de protection de l’enfance (Cdpe). Rencontres au cours desquelles, les dispositifs de protection de l’enfance mis en place par l’Etat ont fait l’objet de riches échanges. L’objectif était d’échanger, mais surtout de recueillir les préoccupations de tous ces acteurs. Nous pensons que seule une démarche inclusive peut nous permettre d’avoir une politique qui nous donnera les résultats attendus.

Où en êtes-vous justement avec la deuxième opération du retrait des enfants de la rue ?
Les opérations de retrait entamées le 28 mars 2018 dans le département de Dakar se poursuivent. A ce jour (Ndlr : 19 avril 2018), il y a eu huit opérations qui ont permis de retirer 184 enfants de la rue répartis ainsi : 121 Sénégalais, 49 Bissau-guinéens, 3 Guinéens   6 Gambiens, 3 Maliens et 2 Nigériens. Cette fois-ci, ce sont tous les ministères concernés qui travaillent en parfaite synergie. Chacun joue sa partition. N’oublions pas qu’il s’agit d’un dispositif transversal qui intègre plusieurs ministères (Bonne gouvernance et Protection de l’enfance, Intérieur et Justice, Ndlr). Il revient au ministère de l’Intérieur, par la préfecture de Dakar et la Brigade des mineurs, d’aller retirer les enfants de la rue par le biais d’une logistique appropriée composée de véhicules banalisés que nous avons mis à sa disposition. Cette équipe est appuyée sur le terrain par des travailleurs sociaux. Je précise que nous avons opté pour des véhicules banalisés pour ne pas traumatiser les enfants. Tous les enfants retirés sont placés au centre Ginddi. Et, une fois à Ginddi qui est le centre de tri au niveau de Dakar, ils sont accueillis par des travailleurs sociaux qui procèdent à l’identification par photo, l’enregistrement, la consultation médicale, l’écoute, l’accompagnement, les soins d’hygiène, l’hébergement et un suivi (au daara de Thierno Macky Tall sis à la mosquée omarienne de la Medina qui a hébergé l’ensemble des 120 talibés retirés pour le moment). Les talibés sont référés à des « daaras » répertoriés et triés minutieusement selon un nombre de critères bien définis. Nous prenons en charge tous les frais afférents à leur séjour dans ces lieux d’apprentissage grâce à des conditions négociées. Les autres sont orientés vers des centres d’accueil dédiés. A ce jour, tout se passe bien, la situation est sous contrôle et très bientôt nous partagerons les résultats obtenus sur le terrain. Pour le moment, ces opérations sont financées sur les fonds propres du ministère. Permettez-moi de saluer l’initiative de la Fédération nationale des maîtres coraniques qui est prête à nous accompagner en hébergeant ces talibés. Il reviendra au ministère de les appuyer dans la limite de ses moyens. Nous exhortons l’ensemble des Sénégalais à nous accompagner dans ce processus. Nous souhaiterions également bénéficier d’un accompagnement de la société civile, des entreprises – dans le cadre de la Responsabilité sociétale d’entreprise (Rse) – et  des partenaires techniques et financiers. Nous réfléchissons sur un système de parrainage qui, à la longue, pourrait peut-être régler définitivement ce fléau.

Quel est le dispositif prévu pour que ces enfants ne reviennent pas dans la rue ?
Comme je viens de le dire, cette fois-ci, nous avons eu à travailler avec plusieurs ministères. Les discussions se poursuivent avec les ministères de la Justice, de la Famille, de la Santé et de l’Action sociale et celui des Transports. Nous voulons désormais que la Police des frontières soit encore plus vigilante sur le transport des enfants. Pour cela, nous mettrons à contribution les associations et fédérations de transporteurs dans les gares routières pour qu’elles n’acceptent plus de transporter des enfants non accompagnés. Même pour les enfants accompagnés, il faut des documents attestant l’autorisation de la tutelle. Donc, il y a tout un dispositif qui est mis en place. Tout a été bien réfléchi, bien mûri. Mieux, on va évaluer, rectifier et corriger au besoin tout au long du processus de retrait des enfants. La démarche vise à améliorer le dispositif pour que cette fois-ci nous arrivions à éradiquer ce fléau au Sénégal. Je dois dire qu’en revanche, les enfants retirés de la rue ne sont pas revenus. Ils sont retournés dans leurs familles et réinsérés. Parce qu’il ne s’agit pas seulement de les placer dans des centres d’accueil ou des « daaras ». On les aide psychologiquement à se préparer à réintégrer leurs familles et on les aide à y rester durablement grâce à un paquet de services sociaux complémentaires. Mais c’est un processus long et compliqué. Retirer un enfant définitivement de la rue peut prendre jusqu’à six mois ou même plus. Parfois, le simple fait de trouver le nom de l’enfant pose problème. Il y a donc tout un travail d’enquête et d’accompagnement à faire. Maintenant, quand on annonce une opération de retrait des enfants de la rue, certains se cachent et attendent que cela se calme pour revenir. C’est donc un travail de longue haleine.

Après le meurtre du petit Fallou Diop de Rufisque, beaucoup ont pensé que votre ministère avait failli à sa tâche de protection. Quelles sont exactement les attributions de votre département ?
Les attributions de mon ministère en matière de protection de l’enfance sont assez claires. Le décret n° 2017-1598 relatif aux attributions du ministre de la Bonne gouvernance et de la Protection de l’enfance est explicite en la matière : « Il (le ministre, ndlr) veille au respect des droits fondamentaux des enfants et à leur protection contre la maltraitance et toutes les formes d’exploitation dont celles liées à la mendicité. Il s’assure de la bonne intégration des jeunes enfants dans la vie familiale et sociale. Il est responsable des politiques à l’égard des enfants abandonnés, des enfants des rues et des enfants en voie de marginalisation. Il met en œuvre les actions permettant de donner un cadre de vie décent à ces enfants ». Encore une fois, au vu des attributions de mon ministère en la matière, certaines personnes ont attaqué mon département à tort. Les populations ont fini par comprendre, et c’est le plus important.

Votre ministère s’occupe aussi de la bonne gouvernance. Pouvez-vous préciser vos missions dans ce domaine ?
Au terme du décret portant attributions du ministre, nous sommes chargés de promouvoir la bonne gouvernance dans l’administration et la société. La promotion se fait à travers trois leviers : appui ou initiation des innovations institutionnelles (comme la loi sur l’accès à l’information) ; animation de mécanisme de dialogue (cadre multi-acteurs de suivi budgétaire) et éducation et sensibilisation sur la bonne gouvernance.
La stratégie nationale de bonne gouvernance fait référence à des principes dont la redevabilité, la transparence, l'accès à l'information, la participation citoyenne et la gestion des deniers publics. Il s’agit de mettre en place des politiques de gestion rigoureuses mettant en avant ces principes et valeurs de bonne gouvernance dans les administrations publiques. Depuis mon arrivée à la tête de ce département, des actions sont régulièrement menées et nous ne sommes pas seuls. Nous travaillons avec d’autres acteurs privés comme institutionnels pour plus d’efficacité sur le terrain.

Quel est le lien entre la protection de l’enfance et la bonne gouvernance ?
Il existe deux liens entre la protection de l’enfance et la bonne gouvernance, un lien organique qu’est le Plan Sénégal émergent (Pse). En effet, ce sont la Bonne gouvernance par l’axe 3 et la Protection de l’enfance par l’axe 2 qui misent sur le développement du Capital humain qui commence par la protection de l’enfance. Et un autre lien matériel : la protection de l’enfance fait partie des droits humains qui est une composante de la bonne gouvernance d’où l’éducation à la gouvernance à travers l’enfance. L’axe 2 du Pse mise sur le développement du capital humain. Et qui parle de capital humain engage les jeunes dès le bas âge. La bonne gouvernance commence d’abord par protéger les droits de l’enfant. Ensuite, c’est dès le bas âge qu’on commence à inculquer à l’enfant les valeurs et notions de bonne gouvernance. L’enfant doit grandir avec ces notions, ces concepts pour se les approprier plus tard.  L’objectif, à long terme, est d’arriver à construire au Sénégal un nouveau type de citoyen modèle, soucieux du devenir de son pays. Dans une perspective plus immédiate, mon département, conformément à la vision du chef de l'Etat, poursuit ses efforts de promotion des principes et valeurs de bonne gouvernance dans l'administration et dans tous les segments de la société. Donc, bonne gouvernance et protection de l’enfance sont intimement liés et en parfaite conformité avec l’ambition du président de la République Macky Sall.

On vous reproche de ne pas donner suite aux rapports des corps de contrôle de l’Etat. Que répondez-vous à cela ?
L’Office nationale de lutte contre la corruption et la concussion (Ofnac) a un pouvoir d’auto-saisine. Il ne me revient pas, en tant que ministre de la Bonne gouvernance, de me prononcer sur ces rapports. C’est un aspect qui ne relève pas de mon département. En revanche, sur la bonne gouvernance, je suis à mesure de vous dire que tous les voyants sont au vert. L’indice Mo Ibrahim, Transparency international, le Fmi et bien d’autres structures nous décernent régulièrement des satisfecit. Nous sommes sur une bonne dynamique. Ce n’est pas un combat gagné d’avance. Il faut toujours voir la situation de référence, de là d’où nous venons. C’est seulement depuis 2012 que le concept de bonne gouvernance est pris réellement en charge, développé pour devenir aujourd’hui une réalité dans notre pays. Je comprends que la perception auprès des Sénégalais soit mitigée. Cela résulte en partie d'un non accès au grand public de certaines données objectives en la matière. Mon département est en train de développer des stratégies pour améliorer l'accès à l'information sur les grandes avancées du Sénégal en matière de bonne gouvernance qui feront d'ailleurs l'objet d'une publication. Bien sûr, il reste encore des efforts à faire. Nous ne dormons pas sur nos lauriers, nous continuons le travail enclenché pour que le Sénégal devienne, sous peu, le champion en Afrique en la matière.

Quel rapport avez-vous avec des structures comme l’Ofnac et la Cour des comptes ?
De très bons rapports. Nous travaillons en parfaite synergie. Nous déroulons certaines activités ensemble. Il y a aussi des activités que nous confions à ces structures. J’ai visité l’Ofnac, la Cour des comptes, l’Inspection générale d’Etat (Ige) et l’Agence de régulation des marchés publics (Armp). C’est pour vous dire qu’entre ces structures et mon ministère, il y a une excellente collaboration. C’est un partenariat, une approche à développer pour qu’il y ait une synergie et une cohésion entre les institutions de l’Etat



2 Commentaires

  1. Auteur

    Khatior-bi

    En Avril, 2018 (05:04 AM)
    Gneme Yalla reck
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  2. Auteur

    Les Talibés Mendiants

    En Avril, 2018 (08:16 AM)
     :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nohope:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :nono:  :thumbsdown: 
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