Autant de Sénégalais autant d’ « experts » telle est la règle qui s’applique à nos concitoyens. Leur expertise intervient dans tous les domaines. Du football au transport en commun, ils ne se font pas priés pour faire étalage de leur savoir.
Il est 21 h passées, le car roule dans la nationale1 en direction de Rufisque. A hauteur, de la zone franche beaucoup de camions sont garés, sur le troisième axe, la partie réservée à l’arrêt des cars. Ils perturbent un peu la circulation routière. Certains véhicules tels que les « Ndiaga Ndiaye » ne peuvent pas rouler sur ces axes pour libérer les clients, après un trajet harassant. Ces axes sont exclusivement réservés aux cars de transport en commun qui s’en servent pour pouvoir s’arrêter et prendre des clients sans gêner la circulation. Malheureusement les camions leur disputent cette espace réservée et bloquent la circulation.
Un camion occupe presque toute l’espace. Il obstrue en quelque sorte le chemin. Le chauffeur du Ndiaga Ndiaye a voulu rebrousser chemin en faisant marche en arrière. Comble de l’étonnement, quelques clients s’y opposent. « Tu peux bien passer, tu es un poltron, il suffit de braquer la voiture ». Très docile, ce dernier suit leurs instructions. La voiture s’engage sur ce tronçon où ce camion occupe les 60% de l’espace. Le chauffeur négocie pour atteindre de nouveau la nationale. Le car a commencé à frôler le camion. Il se coince. On entend des grincements quand le chauffeur tente de faire avancer la voiture.
Ahurissant, mais toutes les personnes qui donnaient des conseils au chauffeur se sont tues. Quelques secondes plus tard, elles ont commencé à descendre de la voiture à la va-vite. Le car était presque vide. Il ne restait plus que des jeunes femmes et des vieux. Tous les « experts » qui faisaient profiter au chauffeur de leurs prestigieux conseils ont pris la poudre d’escampette.
Le chauffeur se débrouilla avec l’aide d’un vieux jusqu’à ce que la voiture se retrouve sur le bon axe. Débarrassé du camion, le chauffeur du « Ndiaga Ndiaye » voulu appuyer sur l’accélateur, tous les « conseillers » qui avaient fui, voulurent monter de nouveau. Le chauffeur ne les attendait pas. Au risque de se faire abandonnés au bord de la chaussée, ces experts se transformèrent en coureur de 100 m. Un à un, ils montèrent de nouveau dans le véhicule.
Le car a continué son chemin dans un silence total. On entendait plus ces personnes que lorsqu’elles voulaient descendre du véhicule. Ces « experts » auraient pu par leur concours provoquer un accident. Le cercle des compétences des Sénégalais est grandissime. Ils ont réponse à tout. S’agissant de l’équipe nationale, on a autant de Sénégalais que d’entraineurs. La même règle s’applique dans les cars de transport en commun. On a eu autant de clients que de chauffeurs potentiels.
Le chauffeur a aussi une part de responsabilité. Il s’est laissé convaincre par des personnes qui ne savaient rien au code de la route, oubliant du coup qu’il est le maître des lieux. Son savoir doit lui suffire à tout moment.
Il est aussi à s’inquiéter si ces camions doivent se garer en plein voie publique de surcroit sur une route nationale.
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