C’est à Alieu où Aladji Bara a passé presque toute sa vie. C’est dans cette bourgade qu’il a rendu l’âme. Retour sur l’histoire passionnante de cette contrée bénie.
«Alieu», le quartier de Serigne Mouhamadou Lamine Bara, qui signifie «très haut» en arabe, lui a été donné par son vénéré père, Serigne Fallou. «Cette mise à disposition a coïncidé avec l’année du rappel à Dieu de Serigne Bassirou Mbacké, fils de Serigne Touba», se rappelle le témoin, Amar Diaw, compagnon de Aladji Bara. Des investigations ont permis de savoir la date précise : Août 1966. Chétif, rongé par le poids de l’âge, M. Diaw qui n’a jamais quitté la contrée rapporte que «le quartier n’était, à l’époque, que de vastes champs appelés «Date». «Les terres ont été mises à la disposition de Serigne Fallou par les populations de Guédé d’où est originaire la lignée maternelle de Serigne Fallou.»
Après qu’il y a habité quelque temps, les habitants décident alors de récupérer leur bien et Serigne Fallou le leur rend pour aller s’installer à Ndindy. Mais, narre Amar Diaw, «les populations, après réflexion, prennent peur du déménagement de Serigne Fallou, reconnaissent l’énormité de la faute qu’ils ont commise et repartent revoir le marabout pour se la réparer». Les sages lui font alors encore cadeau des champs. Serigne Fallou reprend le bien, non sans exiger que les documents administratifs attestant de la cession lui soient transmis. Chose faite, Aladji Fallou signifie aux populations de Guédé : «Vous me rendez le site, je le reprends, mais le mets à la disposition de cet homme rigoureux et courageux.» Désignant son fils, Serigne Bara. «Ce fut notre premier champ à cultiver, ici à Alieu», se rappelle Amar Diaw.
Cette première saison fut prospère, car, «les récoltes de cette année étaient tellement abondantes qu’on avait fait comprendre à Serigne Fallou l’impossibilité d’en disposer dans sa totalité. A moins de mobiliser toute la communauté mouride pendant quelques jours», renchérit Serigne Cheikh Astou Faye Mbacké, chef du village de Darou Mousty. Le saint homme rétorqua en ces termes : «Je connais quelqu’un, capable de tout récolter : Cheikh Modou Awa Balla Mbacké.» Ce dernier, désigné par Serigne Fallou, réussit le pari avec l’aide de ses talibés. Ils commencent au lever du soleil et peu après la prière du crépuscule, la récolte avait été faite, les graines séparées de l’herbe. Pour comprendre l’abondance de la récolte à Alieu, il faut se rappeler d’une supplique que Serigne Fallou avait faite avant de s’installer à Alieu : «Si les efforts que j’entreprends à Alieu ne sont pas agréés par Serigne Touba, que la récolte n’ait pas la valeur du sel et qu’elle soit anéantie.» Au finish, il est avéré que Serigne Fallou a eu la bénédiction de son père, Bamba.
C’est cette œuvre que Serigne Bara a continué en y érigeant une «daara» et pratiquant l’agriculture aux alentours de l’école coranique. D’ailleurs, détaille Amar Diaw, «le premier repas, servi aux fidèles qui implantaient la daara, a été préparée par une de ses épouses du nom de Adji Khoudia Diop, mère de deux filles de Serigne Bara, Khary Mbacké et Mame Bousso». Depuis cette date, «elle n’a jamais quitté Alieu. Elle est actuellement en veuvage». Vieux Amar Diaw précise, toutefois, qu’il y a eu un moment où des particuliers s’opposaient à la cession des champs, mais Aladji Bara, usant de sa diplomatie et de son tact, a réussi à contenir les quelques cas de protestations. Et Alieu de grandir pour devenir ce qu’il est aujourd’hui.
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