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FORTE CANICULE A DAKAR : Quand les habitudes changent !

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FORTE CANICULE A DAKAR : Quand les habitudes changent !

Dakar est depuis quelque temps sous l'emprise d'une forte canicule. Un thermomètre flirtant avec les 33 degrés. Mais, si la chaleur gêne les populations, elle fait par ailleurs l’affaire des vendeuses de rafraîchissement comme les crèmes glace, eau fraîche, jus, etc. Le changement climatique noté depuis quelque temps dans la capitale sénégalaise, a complètement changé le port vestimentaire des habitants. Du coup, les habitudes vestimentaires, culinaires, et même les comportements changent. Tout ce qui peut soulager la chaleur est bienvenu. Vestes, jaquettes ou autres costumes sont rangés tandis que les survêtements, shorts, body, jupes, pagnes, mini jupes s’arrachent comme de petits pains ou plutôt comme de l’eau fraîche, de la glace, des boissons qui s’invitent à table avant une bonne tranche de farniente, sous un air chaud brassé par le ventilateur

Fatou est une jeune fille de 23 ans. Le teint d’une gazelle, les yeux d’une biche, la démarche nonchalante, elle se plaisait à s’habiller en manches longues pour cacher ses formes. Ses fringues favorites sont les pantalons, les hauts talons. Mais Fatou a finalement changé de look depuis l’arrivée de la chaleur au début du mois du mois de juin. Croisée sur l’avenue Blaise Diagne, elle était habillée en mini jupe, body et lunettes noires. Accompagnée de quelques copines de son âge, elle était d’ailleurs venue se ravitailler en tenues transparentes pour coller à la mode en vigueur par cette chaleur.

Pape, un jeune étudiant dans un école de formation de la place, lui aussi très porté sur la mode, a troqué ses « jungles » et autres manches longues qu’il affectionne contre des survêtements et « bodys ». Nous l’avons aussi croisé sur l’avenue André Peytavin, en train de marchander dans une boutique de la place pour se procurer des tenues bon marché appropriées à la chaleur, « mais griffés», insiste-t-il, pour renouveler sa garde-robe.

Survêtements, body, minijupes, shorts à la mode

Tout comme Fatou et Pape, beaucoup de personnes ont changé leurs habitudes vestimentaires, forte canicule oblige. La mode est plutôt maintenant côté féminin aux minis jupes, body, shorts et autres survêtements ; et côté masculin, ce sont les tenues relax qui sont de mise. Tout dépend des goûts et de la bourse. Du coup, les marchands ambulants, les vendeurs de friperies et autres gérants de boutiques spécialisées dans la vente d’habits et d’accessoires, comme les casquettes, lunettes de soleil, voient leur chiffre d’affaires grimper. Dans le grand marché Sandaga, c’est la ruée, le matin. Chez les vendeurs de fripes un tohu-bohu indescriptible est causé chaque matin par les jeunes filles, et les femmes qui se bousculent devant les fourgonnettes venues débarquer à même le sol des ballots de couvertures, de tee-shirts, bodys, etc., assaillis par des clients qui se disputent les marchandises à des prix défiant toute concurrence. Les stocks pour faire face à la fraîcheur ont été rangés, place aux habits légers et transparents.
Selon Malick, gérant d’une boutique spécialisée dans l’habillement à la rue Jean Jaurès, les habits légers tels que les bodys, les minis jupes se vendent bien. L’autre constat du commerçant est que les couleurs claires, surtout le blanc, sont les plus en vogue en cette période de chaleur. « Cela est dû au fait que les habits blancs n’attirent pas la chaleur comme les habits noirs », explique-t-il. Strings et petits pagnes se vendent bien. Un tour sur les grandes artères de la ville de Dakar suffit pour constater que ce ne sont pas seulement les habits et autres pantalons qui marchent en cette période de forte canicule. Les vendeurs d’effets vestimentaires tels que strings, slips, petits pagnes se frottent les mains. « J’adore la chaleur ! Pas sur le plan climatique, mais parce qu’étant marchand, je me frotte les mains, car c’est en cette période de chaleur, nous faisons de bonnes affaires. Dans une seule journée, nous pouvons espérer des recettes de 80.000 à 100.000 francs CFA, contrairement aux autres périodes où nous arrivons rarement à atteindre ces chiffres », révèle un jeune vendeur venu de la capitale du Baol. Il ajoute que son attirance pour la chaleur, est également due au fait que c’est à cette période que les strings se vendent le mieux à sa clientèle composée de jeunes filles, élèves et étudiantes ou coiffeuses. « Les hommes préfèrent les filles sexy qui portent des strings ou les femmes qui mettent de petits pagnes appelés « kéyitou keur » (la clé de la maison) et sont très sensibles à la tenue de ces jeunes filles qui mettent des strings. C’est pourquoi, pendant cette période, mon frère m’envoie de l’Europe beaucoup de strings qui se vendent très bien.

Les plages prises d’assaut

Ils sont nombreux en cette période de canicule, tous sexes et âges confondus, à se ruer vers les plages pour fuir la chaleur. Différents accoutrements sont visibles sur les lieux. Ces tenues dites légères, adaptées à la chaleur telles que shorts, body, slips, serviettes…Souvent avec des sacs remplis de matériels de thé pour les adeptes des trois normaux ou encore de boissons pour se rafraîchir. En plus de fuir la canicule. Si certains préfèrent les plages à cause de l’ambiance bon enfant qui y règne, d’autres par contre se terrent chez eux en toute tranquillité, fuyant le bruit. Sur les plages, filles et garçons se côtoient sans limites ni retenue, baisers, tripatouillages, et autres regards provocateurs bref tout un arsenal de séduction s’y invite pour oublier la chaleur.

Coupures d’eau et d’électricité s’en mêlent

Certaines populations de la ville de Dakar ne savent plus où donner de la tête. Elles subissent depuis longtemps forte chaleur et coupures d'électricité. C’est un véritable calvaire que vivent les habitants de certains quartiers de Dakar. La canicule règne de jour comme de nuit. Pour se prémunir de la chaleur, les chambres étant impraticables, certains Dakarois passent la nuit à la belle étoile, souvent sous des moustiquaires pour fuir les moustiques qui pullulent dans les balcons. Les longues coupures d'électricité paralysent toutes les activités. Certains usagers se plaignent aussi du coût élevé des factures, passé ce bimestre du simple au double. Hélas, les populations de la capitale devront prendre encore leur mal en patience. Les délestages de la Sénélec ne sont pas pour faciliter les choses. S'y ajoutent les coupures intermittentes d’eau. La règle à Dakar, plus précisément dans des quartiers comme Grand Dakar, Baobab, Grand Yoff…, est que quand le courant s’en va, l’eau fait de même.

Délestages récurrents : les propriétaires de congélateurs et de frigos paient la note

Interrogée sur les conséquences que les délestages pourraient avoir sur le fonctionnement de son matériel frigorifique, Bintou, commerçante, ne passe pas par quatre chemins pour regretter un manque à gagner certain. « D'autant que, explique cette dame, nous ne parvenons même pas à vendre 10.000 francs de glace. Pire, nos matériels finissent à chaque coupure par céder. Cette situation affecte notre chiffre d'affaires, et peut même détruire tous nos matériels. Cela fait plus de deux semaines que je ne parviens pas à atteindre les recettes que je j’obtenais avant».

Les taximen se frottent les mains


A quelque chose, malheur est bon. Si les vendeurs de glace ne savent plus à quel saint se vouer, les taximen se frottent les mains. Et cela semble très bien marcher pour P. Ndiaye, chauffeur de taxi. Il exprime sa satisfaction, et celle de ses congénères. En effet, il n’hésite pas, pour une course à travers le centre ville via les quartiers Grand Yoff ou Parcelles, à augmenter le tarif de 1500 ou 2000 francs.

La période des chiffres d'affaires pour les vendeurs et réparateurs réfrigérateurs

Le malheur des uns fait le bonheur des autres, les vendeuses de glace, d'eau fraîche et autres jus se frottent les mains. Mais si la chaleur gêne les habitants, elle fait par ailleurs les bonnes affaires des vendeuses de rafraîchissement. « C'est la période des chiffres d’affaires », déclare Arame Diop.  « Je sors de chez moi avec deux glacières de crèmes tous les jours, vers 10 heures, et je les vends bien avant 13 heures, à la gare routière », ajoute-t-elle. Mère Coumba et mère Haby, trouvées dans l’enceinte de la gare routière de pompiers, se réjouissent de leurs bénéfices, chaque fois que les voyageurs débarquent : « Là, la cour de la gare routière est bondée, et les voyageurs qui viennent de débarquer dépensent beaucoup d’énergie, beaucoup de sueur, et ont besoin de se rafraîchir après une longue distance », constatent-elles. « Il y a de même des chauffeurs qui sont abonnés à nous, sans vous parler des apprentis. Elles sont deux dames âgées habitant le quartier « Médina », soutenues par leurs filles et des bonnes prises spécialement pour acheminer les rafraîchissements au niveau de la gare routière. « Il est vrai que nous faisons de bonnes opérations, nous vendons jusqu’à… (Hésitation) 25 000 f /jour », avouent-elles. « Mais nous payons cher l’électricités qui a fini par dicter sa loi avec une augmentation à nous couper le souffle. Les prix du sucre et des ingrédients sont devenus exorbitants », tentent-elles de se justifier.

A la gare Petersen, Al Hassan Bâ, un jeune guinéen de 21 ans, se fraie difficilement un passage parmi la foule de vendeurs et d’acheteurs en tirant laborieusement sur sa glacière qu’il tient à bout de bras. Outre la lourdeur de la charge, la marche du garçon est ralentie par les interpellations des passants qui l'appellent à tout bout de champ pour lui acheter des glaçons ou de l’eau fraîche contenu dans sa glacière.

Toutefois, les vendeurs de glace ne sont pas les seuls à tirer profit de cette chaleur. En effet, les propriétaires de réfrigérateurs se sont lancés dans l’affaire, submergeant leurs appareils de sachets de plastiques remplis d’eau fraîche que viennent acheter sur place les voisins. Ndèye Astou Ndiaye, domiciliée au quartier « Grand Yoff », qui se livre à cette activité, reconnaît toutefois que la vente de glace et d’eau n’est pas aussi juteuse qu’on le pense, du fait des grosses dépenses qu’elle engendre en termes de factures d’eau et d’électricité, d’achats de sachets d’emballage, de salaires à verser aux vendeurs et réparation du réfrigérateur qui, à cause d’une forte sollicitation, tombe souvent en panne. Au grand bonheur des frigoristes. Actuellement, leurs affaires sont montées en flèche, comme le reconnaît M Ndoye, dont l’atelier se trouve sur l’avenue Blaise Diagne: «  nous avons des périodes comme l’hivernage, le ramadan et cette période de forte canicule qui sont des moments bénis pour nous », souligne t-il avant de préciser que les pannes portent généralement sur les compresseurs des « frigos ». Quand les réparateurs se frottent les mains, les vendeurs d’appareils de froids en font autant tout comme les vendeurs de glacières assaillis presque tous les jours par des personnes à la recherche du « frigo » performant ou du plus gros récipient susceptibles de leur permettre de profiter le plus que possible de la quête des fraîcheurs des Dakarois sans oublier les vendeurs d’éventails et « ventilos ». Deux autres moyens de lutter contre la chaleur. Quoi que l’on dise, la canicule gêne les uns mais aussi fait l’affaire des autres, en attendant ce mois, le plus redouté, prend ses marques.


La nuit, le thé et la causerie occupent les habitants

A Grand Yoff ou à la Médina, ces quartiers sont restés fidèles à leurs réputations de points culminants et névralgiques de Dakar, de jour comme de nuit, à n’importe quelle période ou heure. Il y a plus de monde, donc plus d’animation, en cette période de canicule où la chaleur chasse les personnes des chambres et même des cours des maisons. Par moment, la nuit on se croirait en plein jour, surtout au-delà de minuit. Seuls ou en couple, les gens vont et viennent dans tous les sens pour un « doxantu » en attente que le sol soit rafraîchi. Thé, causeries et musique animent les grandes places. Certains préfèrent les devantures des maisons alors que d’autres préfèrent les fast-foods pour combler un creux. Dedans, il fait encore plus chaud à cause des fours, au point qu’un des fast-foods a aménagé un espace à l’extérieur pour accueillir les clients tandis qu’à l’intérieur, le plafonnier tourne à plein régime. Par certains côtés, la chaleur n’est pas pour déplaire à ces jeunes, riant, buvant du thé, fumant et dégustant tranquillement leur verre d’eau fraîche. A quelques mètres, à la rue 15 de la Médina, le temps d’un somme peut-être peuplé de rêves dorés, de luxe dont ils sont exclus par la chaleur.

Un peu plus loin, vers la « rue 6 », c’est le carré des belles de nuit. Elles sont nombreuses. Celles qui osent s’habiller sexy sans protéger leur corps expliquent « dafa tang, déniouy fex lou » (Il fait chaud et nous prenons de l’air).

Dans les morosités étouffantes du climat et des affaires, seules les boutiques semblent tirer leur épingle du jeu, assaillies qu’elles sont par les clients en quête d’eau fraîche ou de boissons. Lamine Fall tient une grande boutique au canal de la Gueule Tapée, un garçon est préposé au thé à côté du « tangana » de Diop. La perspective des bonnes affaires fait supporter la chaleur à Dakar

Assane Diallo et Mariama Kobar (Stagiaire)



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