Jeudi 28 Mars, 2024 á Dakar
Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Societe

Face-à-face entre consulat et étudiants sénégalais à Paris : Les quatre vérités du service des bourses aux étudiants sénégalais

Single Post
Face-à-face entre consulat et étudiants sénégalais à Paris : Les quatre vérités du service des bourses aux étudiants sénégalais

On dit souvent que toute vérité n’est pas bonne à dire. Mais il faut la dire si l’on veut être en harmonie avec sa conscience. Et c’est à cela que le Consulat, notamment le service des Bourses, s’est essayé en faisant face à des étudiants qui croient avoir tous les droits alors que l’écrasante majorité n’en a aucun, surtout vis-à-vis du service qui gère les bourses étrangères. Ce week-end, Ousmane Thimbo, chargé de la gestion du service des bourses étrangères, basé au consulat du Sénégal à Paris et le Consul général dans la capitale française, M. Léopold Faye, se sont mis à la disposition des étudiants pour les entendre sur les problèmes qu’ils rencontrent dans leur vie scolaire et universitaire, en France. Parmi lesquels les bourses, le problème des passeports, le logement, l’assistance sociale…

Le problème des bourses

Plusieurs questions récurrentes ont animé le débat. Notamment le cas des bourses. ‘Je dois, d’abord, préciser que le Service de gestion des étudiants est là pour les étudiants boursiers. Il faut que cela soit clair’, entame, sans langue de bois, M. Thimbo. Il explique que le Sénégal a créé ce service pour les boursiers qu’il envoie à l’étranger. Pour tous ceux qui ne sont pas boursiers, le service ne connaît pas. Ils ont dû présenter au Consulat de France à Dakar, une attestation bancaire qui doit leur permettre de subvenir à leur besoin. Maintenant, insiste-t-il, s’ils ont fait des Attestations sans provision, ils ne doivent pas s’en prendre à l’Etat, mais à eux-mêmes. ‘Que ce soit un étudiant ou un lycéen, avant de quitter le Sénégal, il y a un parent qui s’engage à le prendre en charge à l’étranger. Et il dépose un document soit à la direction des Bourses ou au Consulat de France. Le parent s’engage, dans une attestation bancaire, de lui verser mensuellement 427 euros. Et le Sénégal lui délivre une autorisation de sortie. Sans cela, l’étudiant ne peut pas sortir du pays’, explique Ousmane Thimbo aux étudiants. Alors ‘si cet étudiant vient à l’étranger et rencontre des problèmes parce qu’il n’arrive pas à joindre les deux bouts, il ne faut pas qu’il incrimine le service de gestion du Consulat. Il doit revoir le parent qui lui a remis l’attestation’, souligne-t-il. Après avoir expliqué le processus d’attribution des bourses, piloté par deux commissions : une pour les nouveaux bacheliers qui ont la mention Bien ou Très-bien et une autre pour les étudiants du troisième cycle, jugés excellents pour poursuivre leurs études doctorales à l’étranger.

Fort de tout cela, Ousmane Thimbo fait remarquer aux étudiants, que pour ces boursiers, il n’y a jamais eu de retard de paiement parce que leur état est déjà réglé avant qu’ils n’arrivent en France. Avant de reconnaître qu’il y a des catégories d’étudiants qui bénéficient d’aides ou bourses sociales qui voient leur paiement effectué en février, avril ou parfois mai. Pour le responsable des boursiers étrangers, il ne s’agit pas de retard, mais c’est la période indiquée pour le paiement puisque leur budget n’est mis en place qu’à cette période-là. Pourtant des étudiants, fait remarquer l’assistance, arrivent en France munis d’une attestation de bourse et qui se plaignent après de ne pas avoir droit à la bourse. Là aussi, le chargé des étudiants sénégalais à l’étranger apporte des explications, parfois étonnantes.

‘Pour les attestations de bourses dont vous parlez, il y a des étudiants dont les parents n’ont pas les moyens de leur garantir une attestation bancaire, ils vont voir une autorité sénégalaise qui leur font une attestation de bourse pour qu’ils puissent avoir le visa. Ce sont ces étudiants, qui ne sont pas du tout honnêtes, qui n’ont jamais déposé une demande de bourse, et une fois à Roissy Charles de Gaule, brandissent leur attestation pour dire qu’ils n’ont pas reçu leur bourse’, explique-t-il. Avant d’ajouter que ces étudiants vont même ‘se plaindre auprès des autorités françaises’. ‘Combien de fois des assistantes sociales françaises nous appellent ici pour nous dire : ‘vous avez un boursier qui souffre ici, il n’a pas de quoi à manger, pourquoi vous l’avez amené ici alors’. Quelque fois, on essaie de dire des choses qui ne tiennent pas la route. Et pourtant cette personne sait très bien dans quelle condition il a trouvé cette attestation’, lâche M. Thimbo.

Pour lui, ces attestations ne peuvent pas permettre à leurs détenteurs d’avoir une bourse. Il faut une attestation d’attribution de bourse. ‘Je veux que vous le compreniez. Il faut que cela soit clair. Ce n’est pas une attestation qui justifie la bourse, c’est la commission d’attribution. Aucune autorité ne peut donner une bourse. Même le ministre ne peut donner que des aides. Et lui aussi, c’est quand toutes les bourses sont attribuées, il distribue, en fonction de ce qui reste dans son budget, des aides aux étudiants qui seront payées en avril, mai. Donc tous les étudiants qui ont des bourses d’excellence sont payés à temps s’ils déposent leur dossier de prise en charge’, explique le diplomate sénégalais. Pour couper court à cette polémique entre étudiants détenant de fausses attestations d’attribution de bourse, Ousmane Thimbo informe qu’on ne délivre plus de pareilles attestations qui permettent à certains étudiants de trouver un visa. Le chargé du service des boursiers Sénégalais à l’étranger n’exclut pas de proposer au ministère de l’Education d’octroyer des aides aux étudiants, surtout en fin de cycle doctoral pour pouvoir terminer leur recherche. Et cette aide pourrait tourner entre 600 et 700 euros l’année, soit 400 et 450 mille francs Cfa.

Les étudiants mauvais payeurs remettent en cause les conventions de logements L’autre casse-tête des étudiants, c’est le logement. Là encore, la plupart des étudiants croient fermement que l’Etat du Sénégal doit forcément leur trouver un logement une fois à l’étranger. Alors que justement, l’Etat ne prend en charge que ses boursiers, les autres venus par d’autres moyens doivent s’en prendre à eux-mêmes s’ils ne trouvent pas où se loger. D’ailleurs, même pour les boursiers, il leur est devenu difficile de trouver un logement dans le cadre universitaire du fait de leur comportement de mauvais payeurs. ‘Pour le logement des étudiants, il y avait des conventions signées avec les Crous.

Mais elles ont été dénoncées à cause du mauvais comportement des étudiants sénégalais. Surtout ceux qui sont en fin de cycle qui refusent de payer leur loyer sachant qu’ils vont quitter le territoire français. Pourtant les autorités universitaires françaises n’étaient même pas d’accord qu’il ait des conventions, mais comme elles existaient déjà là, elles ne pouvaient pas revenir en arrière. Seul le Sénégal avait un quota de chambres. Mais comme les étudiants ne se sont pas bien comportés, les autorités universitaires françaises ont joué sur cela pour dénoncer l’ensemble des conventions. Maintenant un étudiant sénégalais, c’est comme tous les autres étudiants. Il doit déposer son dossier, si on l’accepte tant mieux’.

Le casse-tête des passeports

Pour éviter que des étudiants soient dans l’incapacité de pouvoir renouveler leur titre de séjour à cause du retard que prend le renouvellement du passeport, le Consul général du Sénégal à Paris a assuré aux étudiants qu’il a pris une décision, approuvée par ses autorités supérieures, qui lui permet de proroger le passeport de tout étudiant dont le document de voyage est en expiration. ‘Qu’il s’agisse du passeport bleu ou du passeport Cdeao, je vous le proroge automatiquement parce que je n’accepterai pas que vous soyez en situation irrégulière’, rassure-t-il. Avant d’ajouter : ‘vraiment, un étudiant qui entre dans la clandestinité, ce n’est pas parce que le Consulat a failli, c’est soit c’est en rapport avec sa situation pédagogique, soit il est rentré en situation irrégulière, ou alors il manque de ressources financières’.

En tous les cas, il existe de plus en plus d’étudiants en situation irrégulière. Même si l’on ne connaît pas leur nombre, ils sont de plus en plus nombreux du fait du durcissement des conditions de renouvellement des titres de séjour. Certains préfèrent rester en France. Ce qui les conduit dans la clandestinité s’ils n’arrivent pas à changer de statut. Mais le Consul a lancé un appel pour le respect de la réglementation française en la matière. ‘Comme tous les Sénégalais, vous êtes soumis aux mêmes règles, c'est-à-dire être en règle avec l’administration française. De ce point de vue, nous Consulat sénégalais, ce que nous voulons c’est d’éviter que, par la faute de l’administration sénégalaise, qu’un étudiant ne dispose pas de documents pour être en règle, et particulièrement la validité du passeport’, souligne-t-il.

Identification des étudiants doctorants

Le Consul général dit travailler sur la collecte de données concernant les doctorants sénégalais à l’étranger. ‘Le ministre de l’Education, Moustapha Sourang, est venu récemment à Paris. Nous avons décidé, ensemble, de mettre en place une base de données pour pouvoir identifier l’ensemble des étudiants doctorants ou ayant déjà obtenu leur doctorat. J’ai commencé ce travail, et j’ai informé le ministre’. La raison de ce recensement, c’est pour préparer ‘leur réinsertion future au Sénégal’. ‘Aujourd’hui, l’Education nationale, comme vous le savez, est en train de mettre un réseau universitaire dans le pays. Il y a quatre universités nouvelles qui vont émerger dans deux ans maximum. Et pour une université, il faut au moins 200 professeurs titulaires de doctorat pour démarrer. Autrement dit, si nous voulons développer la case scolaire, il faudra que nous puissions identifier les ressources dont nous disposons, que nous puissions déterminer les filières de formation sur la base de ces ressources, mais aussi que nous puissions offrir des conditions salariales alléchantes pour favoriser le retour des jeunes pour s’insérer dans le tissu. C’est vous dire donc votre préoccupation est également celui des autorités’, lance-t-il aux étudiants. Avant de profiter de l’occasion pour demander aux responsables des étudiants de travailler avec lui pour la mise en place de cette base de données. ‘Nous tiendrons en décembre, avec le professeur Sourang, une réunion pour rassembler l’ensemble des doctorants que nous aurons identifiés, et voir, avec eux, quelles sont leurs aspirations, comment ils voient leur retour, leur réinsertion, les conditions salariales qui leur semblent les plus appropriées et qui sont à la mesure des moyens du Sénégal’, informe le diplomate sénégalais.

L’assistante sociale du Consul sans moyens

Que vaut une assistante sociale si elle n’a pas les moyens d’intervenir pour soulager ses patients ? C’est la question que l’on se pose d’autant plus qu’elle s’occupe de Sénégalais étudiants ou non qui sont dans un besoin pressant. D’ailleurs, le Consul général a senti la nécessité de faire la précision d’emblée : ‘Il faut comprendre que l’assistante sociale n’a pas de budget. Quand il s’agit d’un Sénégalais, qui n’a plus d’attache, plus de ressource, nous essayons de trouver quelqu’un pour l’héberger’, explique-t-il. Avant d’avouer : ‘Nous cotisons nous-mêmes pour l’aider financièrement. Je ne vous le cache pas. Et nous demandons au ministère des Sénégalais de l’extérieur, qui dispose d’un budget social, de lui payer son billet si le Sénégalais désire rentrer au pays parce nous n’avons même pas ces moyens-là’. Pour M. Léopold Faye, il faut comprendre que l’assistance sociale soit là ‘pour accompagner, pour identifier les problèmes et leur trouver des solutions administratives. Lorsqu’il s’agit de démarches auprès de préfectures ou lorsqu’il s’agit de démarches auprès de l’administration sénégalaise’.

Avant de reconnaître qu’il faut des moyens pour l’assistance sociale. ‘Je pense que mes prédécesseurs l’ont toujours demandé. Et j’ai encore demandé qu’il faut que notre assistance sociale soit dotée de moyens. Parce qu’il y a beaucoup de Sénégalais dans des conditions difficiles. Ils viennent nous voir mais nous n’avons pas les moyens de les aider. Il y a des gens qui sont en difficultés à l’aéroport, qui sont en escale et qui doivent payer quelque chose, ils s’adressent à nous mais nous n’avons pas de moyens’, insiste le Consul général.

Le cas de l’assistante sociale est l’arbre qui cache la forêt. ‘Le problème c’est que nous n’avons pas les moyens qu’il faut ni sur le plan budgétaire et financier, ni sur le plan des ressources humaines’, reconnaît Léopold Faye. ‘Vous avez parlé du téléphone, mais c’est le mal que j’ai trouvé ici.

Comment voulez-vous qu’un Consulat ne dispose pas d’une standardiste et d’une réceptionniste ? Vous imaginez que c’est une difficulté majeure. Mais ce sont là des problèmes qui sont liés au manque de moyens. Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas conscients de cela. Nous en sommes biens conscients et nous nous battons pour que cet handicap soit comblé. Donc je pense qu’autant les étudiants souffrent avec la gestion du standard automatique, autant également tous les Sénégalais souffrent de cette situation pour entrer en contact avec le Consulat, soit pour les passeports soit pour les états civils, soit pour les visas, etc.’, souligne-t-il.

Mais le Consul général garde espoir que ce problème sera résolu puisque, informe-t-il, ses supérieurs lui ont promis quatre postes pour combler le déficit de personnel. Cependant, cette promesse avait été faite avant la volonté affirmée d’Abdoulaye Wade de revoir la taille du gouvernement consécutive à la flambée du prix des produits pétroliers et des denrées de première nécessité. Et il a peur que cette promesse soit remise en cause pour cette nouvelle donne.



0 Commentaires

Participer à la Discussion

  • Nous vous prions d'etre courtois.
  • N'envoyez pas de message ayant un ton agressif ou insultant.
  • N'envoyez pas de message inutile.
  • Pas de messages répétitifs, ou de hors sujéts.
  • Attaques personnelles. Vous pouvez critiquer une idée, mais pas d'attaques personnelles SVP. Ceci inclut tout message à contenu diffamatoire, vulgaire, violent, ne respectant pas la vie privée, sexuel ou en violation avec la loi. Ces messages seront supprimés.
  • Pas de publicité. Ce forum n'est pas un espace publicitaire gratuit.
  • Pas de majuscules. Tout message inscrit entièrement en majuscule sera supprimé.
Auteur: Commentaire : Poster mon commentaire

Repondre á un commentaire...

Auteur Commentaire : Poster ma reponse

ON EN PARLE

Banner 01

Seneweb Radio

  • RFM Radio
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • SUD FM
    Ecoutez le meilleur de la radio
  • Zik-FM
    Ecoutez le meilleur de la radio

Newsletter Subscribe

Get the Latest Posts & Articles in Your Email