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EVENEMENTS DU 16 FEVRIER 1994 Retour sur une journée de feu et de sang à Dakar

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EVENEMENTS DU 16 FEVRIER 1994 Retour sur une journée de feu et de sang à Dakar

16 Février 1994. Les Sénégalais se souviennent de cette date qui a fait tache d’huile dans l’histoire politique du Sénégal. Dans l’optique de rafraîchir la mémoire de certains Sénégalais et de faire découvrir à la jeune génération ces moments mouvementés ayant marqué la vie du Dahira des Moustarchidines, L’Obs revient sur le contexte socio-politique qui prévalait à l’époque. Non sans oublier de parler de ces événements et des déclarations fracassantes de Serigne Moustapha Sy qui lui ont valu un emprisonnement.

Contexte socio-politique

Les événements du 16 février 1994 sont la résultante d’une série de frustrations d’une frange de la population qui exprimaient, à travers une manifestation, leur ras-le-bol. La crise qui sévissait au Sénégal en février 1994 était multidimensionnelle. A la lumière du Mémoire de maîtrise intitulé «Naissance et évolution du Dahiratoul Moustarchidina wal Moustarchidaty 1978-2002 », son auteur, Makhary Mbaye analyse le contexte socio-politique de cette époque. Selon lui, «la crise qui sévissait au Sénégal en 1994 est la résultante d’un fiasco politique qui n’a pas épargné aucun secteur de la vie nationale.

Au plan politique d’abord. Depuis près d’une décennie, le refus obstiné d’envisager l’alternance avait installé le Sénégal dans un cycle ininterrompu de contentieux électoraux. Au plan socio-économique, l’échec était patent. L’adoption le 16 août 1993 d’un plan d’urgence, qui prétendait redresser la banqueroute, imposait aux travailleurs et citoyens des sacrifices autrement plus insupportables. Au plan éducatif, la démission notable des pouvoirs publics achève de désintégrer un système qui ne saurait mettre en œuvre les conclusions des dernières concertations sur l’enseignement supérieur. Il ne se passait pas un mois sans que les étudiants ne soient en grève avec une plateforme revendicative que l’Etat ne peut pas ou du moins ne manifeste pas la volonté politique de satisfaire. D’ailleurs, 1993 a été pour l’enseignement supérieur une année invalide.

A cela venait s’ajouter l’arrestation puis l’inculpation de Serigne Moustapha Sy, leader moral du mouvement des « moustarchidines et moustarchidates». Tous ces facteurs, dira Makhary Mbaye, actuel chargé de communication du mouvement, ont concouru à l’organisation, le 14 février 1994, d’un meeting sous l’initiative de la Coordination des Forces Démocratiques (Cfd).

Evénements du 16 février 1994

Revenant sur les événements du 16 février 1994, on peut dire que tout est bien parti du meeting organisé par la Coordination des Forces Démocratiques. Il regroupait des formations politiques et des associations de la société civile dont le mouvement des moustarchidines. Présidé par les ténors de l’opposition à l’époque, à savoir Me Wade, l’actuel président de la République et Landing Savané, secrétaire général de Aj-Pads. Ce jour-là, le meeting avait connu la participation des moustarchidines qui, selon l’auteur de ce mémoire, étaient plus soucieux de la libération de leur guide, Serigne Moustapha Sy que d’autres choses.

A la fin de sa communication lors du meeting, comme pour satisfaire la demande de la masse, Me Wade laissa entendre ceci : «vous voulez marcher, eh bien marchez». C’est ainsi que la foule déchaînée commença sa marche dans les grandes artères de la ville de Dakar. Cependant, elle va vite dégénérer en une manifestation tragique. L’auteur de ce mémoire sur les moustarchidines rappelle que «six policiers ont perdu la vie, avec des blessés du côté des manifestants et plus de 150 membres du Mouvement des moustarchidines arrêtés, de même que des membres des partis d’opposition qui vont rejoindre leurs leaders en prison. Les moustarchidines et moustarchidates seront incarcérés dans les prisons de Dakar et Rufisque où ils vont rester des mois avant de bénéficier d’un non-lieu. L’un d’eux, d’ailleurs, succomba à la torture dans les locaux de la police. Il s’agit de Lamine SAMB, membre de la section de Niarry Taly à Dakar».

M. Mbaye explique que le même jour, le ministre de l’Intérieur, à l’époque M. Djibo Kâ, actuel ministre de l’Environnement, annonce par arrêté n°001123 du 17 février 1994 l’interdiction sur l’étendue du territoire national de toute activité du mouvement dit «Dahiratoul Moustarchidina Wal Moustarchidaty». Il prévient également que toute infraction à cette disposition sera poursuivie et punie conformément à la loi.

Serigne Moustapha Sy était-il parmi les marcheurs, ce jour-là, comme le pensent certains ? La réponse est non. Car le leader moral des moustarchines était déjà en prison. Pour rappel, Serigne Moustapha Sy était arrêté le 30 octobre 1993 suite à sa déclaration lors du meeting public du Pds à Thiès, le 23 octobre 1993. Il disait que le pays connaissait trois crises : crise d’autorité, crise de compétence et une crise de confiance. C’est ainsi qu’il a été arrêté et conduit au parquet puis devant le juge d’instruction qui, sur demande du procureur de la République, ordonna son incarcération à la prison centrale de Dakar en vertu de l’article 80 du code de procédure pénale.

Conditions d’arrestation

Nombre parmi les moustarchidines sont revenus sur les conditions de leurs arrestations lors de ces événements du 16 février 1994. Parcourant le mémoire, on peut lire les témoignages d’un nommé Mouhamadou Mocoly. «Je suis arrivé au Commissariat central le 19 février à 10h30. Les policiers me mirent des menottes après m’avoir déshabillé. Ils étaient cinq, en civil, et se mirent à m’insulter et à m’accuser du meurtre de leurs collègues. Comme je niais les faits, ils reçurent l’ordre de me frapper durant 25 minutes. Les coups de matraque pleuvaient. Un balayage du pied me mit à terre. Du diluant me fut ensuite versé sur le sexe et les coups continuèrent de plus belle. En tant que reproducteur à la Nationale d’Assurance, ils me forcèrent à dactylographier mon propre procès-verbal. Ils me forcèrent également à rompre mon jeûne.

Le retour

Les évènements de 16 février ont affecté le dahira des moustarchidines qui a connu des démissionnaires. Et les activités de grande envergure avaient connu une léthargie. Cependant, le mouvement des moustarchidines va reprendre du poil de la bête avec la levée de l’interdiction annoncée par le guide Serigne Cheikh à la conférence du 9 novembre 1994 à l’hippodrome de Tivaouane, en présence du ministre d’Etat chargé des services présidentiels à l’époque, Ousmane Tanor Dieng. Aussitôt après, les moustarchidines se fixent des défis à relever sur les plans culturel, social, économique et politique.



2 Commentaires

  1. Auteur

    Moussa Sall

    En Octobre, 2011 (16:44 PM)
    yalla ne ko fi yalla yagel mome dee fimou diar nekhou ta diar wa sallame
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  2. Auteur

    En Janvier, 2020 (10:53 AM)
    Wallay ndaye sane kène do mome s'y malich
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