[ Opinion ] Et si « Djiné Maïmouna » n’était que de la triboélectricité ?

Le phénomène des hystéries collectives affectant principalement des lycéennes et collégiennes dans Dakar et d’autres villes de l’intérieur a défrayé la chronique l’année dernière, en pareille période. Il se pourrait qu’il récidive encore cette année, dans les mêmes circonstances. Il a donné lieu à de nombreuses interprétations, psychosociologiques comme métaphysiques. L’on a, à cet égard, accusé une certaine « Djiné Maïmouna »...

J’ai la conviction qu’il est possible d’approfondir l’explication des troubles collectifs en question en restant dans le domaine rationnel. Les jeunes filles affectées portent généralement des habits en tissu synthétique qui, par effet de frottement sur leur corps, produisent de l’énergie statique, surtout par un temps sec où l’atmosphère est elle-même particulièrement chargée.

Quand elles sont dans de telles conditions, elles peuvent recevoir une décharge électrique ressemblant à une électrocution, en serrant la main à une tierce personne ou en touchant un objet en contact direct ou indirect avec le sol. La secousse induite n’est pas dangereuse. Toujours est-il qu’une personne qui la ressent, sans savoir ce qui lui arrive, peut paniquer et même tomber en transe, selon son état psychologique. Il peut s’ensuivre une réaction hystérique en chaine du fait de « l’effet de sympathie » dont ont fait cas les spécialistes de la psychologie humaine dans leurs explications au phénomène.

A la base, il convient de retenir que la triboélectricité, qui est la production d’électricité par le frottement de deux matériaux de nature différente, est à sa source. Il se produit quand l’hygrométrie de l’air est très faible, avec les vêtements en fibres synthétiques comme facteur aggravant.

J’ai eu à étudier de très près ses effets, il y a quelque quatre années. C’était à la demande d’une compagnie pétrolière. Ses employées travaillant dans les boutiques de ses stations-services à Dakar et à Touba se plaignaient, de subir une décharge électrique, à chaque fois qu’elles serraient la main à la première personne qu’elles rencontraient, à leur sortie du travail. Avec toute la panique qui s’ensuit. La psychose du mauvais sort commença à s’installer.

Le constat que j’ai établi, après investigation et analyse des lieux, est que ces personnes étaient chargées d’électricité statique. Dans le rapport que j’ai communiqué aux responsables de ladite société, je leur avais recommandé d’insiste auprès du personnel féminin des boutiques dont l’hygrométrie est très faible en raison de la climatisation, pour qu’il évite le port d’habit synthétique au travail, avec une préférence pour les tissus en coton. Cela fut fait et le résultat ne s’est pas fait attendre. Le problème a disparu.

Dans le cas des établissements scolaires, il est fort probable que « Djiné Maïmouna » soit aussi un phénomène déclenché par la triboélectricité.

Saliou NDIOUR

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