EDUCATION - Relance de l’enseignement technique et professionnel : De nouvelles stratégies pour une formation qualifiante

Dans l’optique de mettre en place une formation qualifiante capable de répondre aux besoins socio-économiques de la société et au bien-être des individus tout en assurant l’adéquation formation/activité productrice, un atelier s’est tenu la semaine dernière (du mardi au vendredi), à la Somone, dans le but de mettre en place des cadres de gestion de la capitalisation des personnels et la révision de tous les programmes.

En présidant l’ouverture des travaux de l’atelier, le ministre de l’Enseignement technique et de la formation professionnelle, le Professeur Diamé Signaté, a tenu à faire le constat que dans un monde du travail en mouvance constante, de concurrences et d’exigences, la formation qualifiante se révèle, de plus en plus, comme un investissement indispensable pour l’entreprise. Par conséquent, il demeure plus que jamais convaincu que la formation professionnelle et technique a un rôle important à jouer dans ce domaine. «Au Sénégal, ce qui est fondamental et primordial, ce qui nous préoccupe tous, c’est la formation et l’insertion. Le caractère évolutif du marché n’est pas sans conséquences importantes pour l’enseignement, puisqu’il implique, notamment, la nécessité d’une formation tout au long de la vie, d’un enseignement technique et professionnel continu et périodique et d’une actualisation permanente des connaissances et compétences au Sénégal», déclare le Pr Signaté. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il soutient que la nouvelle politique de formation professionnelle de son département traduit la volonté de l’Etat du Sénégal «de valoriser les ressources humaines et de faire de ce secteur, un instrument permettant d’assurer la compétitivité de notre production et la performance de notre économie dans le contexte de la mondialisation». Le ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle estime qu’il faudrait qu’il y ait une adéquation entre la formation et l’insertion qui devrait suivre. «On est obligé de nous mettre en rapport constant avec le secteur privé, puisque c’est lui qui peut nous aider dans le cadre de l’insertion. La formation est permanente et le marché est un monde seulement de la concurrence, un monde sans âme. Donc, il faudrait que nous formions permanemment des jeunes», indique Pr Diamé Signaté, qui croit que dans un contexte où les hommes sont en perpétuel devenir, il faudrait justement penser à les former et, souvent, à les recycler pour adapter cette formation-là aux besoins des entreprises. «Les entreprises ont besoin de jeunes, mais qu’ils ne soient pas des jeunes dont la formation est dépassée», suggère le ministre, qui estime que dans le cadre de l’enseignement général, il faut inclure la formation professionnelle. «Le grand problème, c’est qu’on a toujours privilégié l’enseignement général. Que ce soit en France ou dans d’autres pays occidentaux, tout comme au Sénégal, on a toujours privilégié l’enseignement général. Aujourd’hui, nous connaissons les limites de cet enseignement-là. En tant que professeur d’université, depuis trente ans je forme des licenciés, des maîtrisards, des doctorants, etc. J’ai des centaines d’étudiants qui, depuis dix ans, on ne peut pas les insérer, parce que tout simplement, ils n’ont pas de métier», se désole Pr Signaté, qui indique que dans les universités occidentales les plus classiques, comme à Paris IV, Paris Sorbonne ou Paris III, il y a l’enseignement général et qui est toujours présent, mais est doublé d’une formation. «Parce qu’ils ont fait des réformes pour permettre aux jeunes d’être insérés. Je crois qu’ici aussi, on doit arriver à çà.» «Aujourd’hui, vous avez 25 000 étudiants à la faculté des Lettres, la moitié des effectifs de l’université. Qu’est-ce qu’on peut en faire ?», s’interroge le ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle qui pense que «c’est un effectif ingérable ; on ne sait même plus où mettre ces étudiants-là qui, tous, font l’enseignement général», lance Pr Signaté. A son avis, «il faudrait que les autorités universitaires, en rapport avec les autorités Etatiques, procèdent à des réformes pour introduire un système qui permette de former ces jeunes-là à autre chose qu’à l’enseignement général». En outre, selon le ministre, la démarche sectorielle adoptée par son département, dans le cadre de la formulation de la réponse à apporter aux besoins de qualification des secteurs classés prioritaires de l’économie sénégalaise, s’appuie «irréversiblement» sur un processus de développement des programmes de la formation professionnelle suivant l’Approche par compétences (Apc). Ce qui nécessite un dialogue entre les instances nationales de formation professionnelle et technique et les acteurs du secteurs économique (marché de l’offre d’emploi), afin de mettre en place les conditions nécessaires à une articulation optimale entre la formation et l’emploi. Le résultat final de cette démarche est la définition d’un programme d’études permettant aux formés d’acquérir les compétences recherchées pour les emplois ciblés. «L’Approche par compétences (Apc) permet d’obtenir une meilleure concordance entre les processus de formation, les produits de la formation et la réalité du marché du travail. Le temps est venu de travailler, tous, ensemble pour combiner nos forces et favoriser le développement de la richesse collective des Sénégalais qui passe inéluctablement par la synergie des efforts, des intérêts publics et privés», déclare le Pr Diamé Signaté.