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EDUCATION ET MAINTIEN DES FILLES : LES VIOLENCES, DES OBSTACLES MAJEURS

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EDUCATION ET MAINTIEN DES FILLES : LES VIOLENCES, DES OBSTACLES MAJEURS

Les violences faites aux filles et la sensibilisation sur leur éducation a été le prétexte pour le lancement le week-end dernier d’une vaste campagne sur le sujet à Mbour. Le Groupe Agora Redep, en partenariat avec l’ inspection départementale de l’éducation de Mbour, a organisé une journée de partage le 16 juin dernier sur la question dans les locaux de la mairie. Maîtres d’écoles, élèves, parents d’élèves et autres acteurs de l’éducation ont suivi sketch, lectures de poèmes et des communications diverses sur le sujet. 

Racine Mbaye, le chef du service départemental du développement communautaire, membre de l’Observatoire de l’enfant basé à Grand Mbour et du comité technique restreint de surveillance sur les violences faites aux filles et l’exploitation sexuelle des enfants, a campé la problématique de la lutte contre ces fléaux sur la Petite côte. La zone, selon lui, a fini par devenir un espace vulnérable en matière d’exploitation sexuelle des enfants. Il a catégorisé les types de violences et d’entraves faites aux filles qui compromettent leur scolarité et les exposent souvent à des actes qui les affectent durant toute leur vie. Dans sa communication, M. Mbaye a déploré le fait que ce sont souvent « les personnes censées protéger les filles qui exercent des violences sur elles. Elles sont les auteurs des viols, des sévices et autres châtiments corporels ». Il a en outre dénoncé la prostitution des filles de moins de 20 ans dans des zones comme la station balnéaire de Saly-Portudal. Illustrant ses propos, il a cité la maltraitance faite aux filles et aux enfants de la part de marâtres. Le travail précoce des petites filles, la surcharge de travail et les mariages précoces en plus des mutilations sexuelles (excision), sont perçus, selon lui, comme des faits qui nuisent à l’épanouissement des filles. Prenant des exemples précis, il a cité les cas des violences verbales qui ont pour nom injures, cris et autres insultes qui perturbent les enfants. Il a ajouté les discriminations et le rejet d’enfants de couples séparés ou ne vivant pas avec leurs parents biologiques. Il pense que certaines de ces violences ont une connotation ou des effets sur la psychologie des enfants et finissent par devenir la source de manquements et de conséquences graves et profondes pouvant se répercuter sur leur scolarité.

Elles cultivent des sentiments qui font la place à la haine et à la jalousie. À l’en croire, les victimes de violences sexuelles sont atteintes par la frigidité ou finissent par faire des infanticides quand elles se retrouvent avec des grossesses non désirées. Poursuivant ses développements, il a insisté sur les problèmes d’intégration des filles venant du monde rural et qui éprouvent d’énormes difficultés à s’adapter aux conditions d’existence en ville. Il a préconisé l’instauration d’un dialogue franc et sincère avec les enfants pour leur permettre de s’ouvrir et de dire leurs maux afin d’être mieux compris des autres. Dans le souci de mieux lutter contre la pédophilie très présente sur la petite côte, il a invité à une meilleure sensibilisation pour que des peines sévères soient prises à l’encontre de leurs auteurs, avec une application stricte. Il soutient aussi qu’une lutte beaucoup plus accrue contre la pauvreté puisse contribuer à mieux prendre en charge les filles et leur permette de ne pas être la proie à des marginaux qui les appâtent. Il a loué la rencontre qui collent aux objectifs l’éducation à la citoyenneté des parents et des enfants.

MAINTIEN DES FILLES A L’ECOLE

LES ENTRAVES ET LES OBSTACLES

Madame Aïssatou Traoré Ndao, la présidente de la cellule départementale pour la scolarisation des filles de Mbour a donné les statistiques relatives aux difficultés pour le maintien des filles à l’école. Elle a soulevé quelques aspects liés aux difficultés des filles de séjourner longuement à l’école. À l’en croire, des problèmes réglés ont laissé place à des manquements et montrent encore l’existence des disparités entre les sexes. Elle se désole que le taux d’admission des filles à l’école ne dépasse pas encore 50 %. Elle a cité le taux parité filles –garçons qui est de 48,59 % et qui cache encore beaucoup de choses dont des manquements de tout ordre. Le rappel est aussi fait sur le ratio filles par rapport à l’accès à l’enseignement supérieur, pour 100 inscrites aux cours d’initiation, rares sont celles qui parviennent à atteindre le cycle supérieur.

Elle a enfin mis en relief, surtout en milieu rural quelques exemples. Des filles qui ont abandonné l’école pour cause de problèmes de sanitaires inadaptés ou totalement inexistants. Tout en continuant à élucider les facteurs de démotivation qui empêchent les filles d’évoluer à l’école, il note qu’ aux difficultés infrastructurelles s’ajoutent des faits quotidiens qui les empêchent de suivre les enseignements. Parfois certaines fillettes croulent sous le poids des travaux domestiques ou la garde de leurs petits frères et soeurs. En plus, elles n’ont pas assez de femmes leaders auxquelles se référer, des modèles pouvant constituer des exemples à suivre. Elle a regretté que dans le monde rural, il y ait encore peu de maîtresses et de maîtres non encore imprégnés des questions de genre. Elle a déploré que des filles soient renvoyées de l’école des suites de grossesses restent les victimes sur plusieurs angles. Elle a ajouté les mariages précoces.

Pour ce faire, la section départementale de la scolarisation des filles a initié un certain nombre d’actions comme la prise en charge de vingt filles du cours d’initiation au cours moyen (Ci). Elle a rappelé la demande de la tenue d’audience foraine pour régler les questions d’état-civil des filles et l’octroi de boîtes pharmaceutiques à des écoles. Elles ont accroché à leur tableau de réalisation, des cours d’alphabétisation fonctionnelle dans des terroirs pour faciliter la conscientisation des femmes analphabètes à beaucoup de réalités pouvant favoriser leur épanouissement scolaire.

DES ATTEINTES FAITES AUX DROITS DES ENFANTS :

PEDOPHILIE, ABUS ET VIOLENCES SEXUELLES

Gaspard Onokoko, président du groupe Agora « Education aux droits de l’enfant et à la paix », en relation avec Save The children Suède, a replacé l’événement dans son contexte. À l’en croire, la manifestation de Mbour s’inscrit dans le cadre de la 11ième semaine de l’éducation de base et de la semaine nationale de l’enfant africain. Il pense que le moment est bien choisi pour appuyer les actions gouvernementales sur l’amélioration de la qualité de l’éducation. Selon ses propos, il y a la promotion et la protection des filles et leur maintien à l’école qui demeurent des préoccupations majeures, en luttant contre les violences qui leur sont faites d’une part et en les faisant accéder à l’école, d’autre part, en les y maintenant. Le choix de Mbour n’est pas gratuit. Selon lui, à Mbour les filles sont vulnérables à cause de la présence des hôtels et beaucoup d’atteintes faites aux droits de l’enfant y sont enregistrées. Pour l’inspecteur départemental de Mbour, Bassirou Mar, organiser une campagne de sensibilisation sur l’éducation des filles et les violences faites aux filles est une démarche salutaire. Il a loué la marche des élèves des écoles ayant un gouvernement scolaire organisée à travers les artères principales du centre ville de Mbour. La démarche associe les partenaires sociaux qui adhèrent totalement. Il se réconforte des productions faites par les élèves, évoquant leurs propres problèmes en vue d’en informer de la manière la plus large, à travers des sketchs, des poèmes et des slogans. La démarche participe de l’amélioration des conditions d’évolution des élèves, particulièrement celles des filles. Les préoccupations des enfants sont prises en charge dans les gouvernements scolaires par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Il a loué l’éducation à la citoyenneté et à la paix avec l’action de tous les partenaires.

LE CHATIMENT CORPOREL :

« UNE VIOLENCE FORMELLEMENT INTERDITE ».

Le thème abordé par le directeur cycle du complexe scolaire international, Keur Madior Mame Thierno Lakhone, « le châtiment corporel », a suscité un grand intérêt au cours du forum. Il s’est appesanti sur la dualité violence en milieu scolaire et l’absence de toute violence éducative. En plus de ses développements a été abordée la punition scolaire à travers le temps et dans l’espace liée à des questions de manquements, au travail ou à la discipline des élèves. Il s’en suit, un constat universel, l’usage encore de la chicotte en milieu scolaire. Il a revisité la loi et les dispositions réglementaires en ce sens. C’est le cas du décret 72-861 qui interdit formellement le châtiment corporel à l’école au Sénégal de même qu’une autre loi qui date de 1979. Il a souligné que le phénomène est réel. Malgré l’interdiction, les maîtres frappent encore les élèves. Au niveau du répertoire des causes, il a mis en parallèle un bon nombre de solutions. Il a relevé que la formation des enseignants fait partie des paramètres à consigner. A l’en croire, certains maîtres ont des difficultés pour se débarquer de leur autoritarisme. Ils ne font pas place à un professionnalisme devant les conduire à faire le travail et à concevoir le contenu des enseignements de manière convenable. Il a déploré les châtiments dont sont victimes les enfants. S’ils n’abandonnent pas l’école, ils développent une panique à la vue du maître avec le bâton ou la chicotte les empêchant de se consacrer à l’essentiel, c’est-à-dire, la compréhension du message. Pourtant, pense-t-il, les conflits entre les élèves et les maîtres ne sont pas insurmontables. C’est pourquoi il recommande l’implication des élèves dans le fonctionnement de l’école.

Pour l’inspection de l’éducation Kaba Diakhaté, la solution n’est pas à chercher que dans la pédagogie. Selon lui, le maître le plus craint n’est pas le plus efficace dans son enseignement. Selon ses propos, le maître le plus performant est celui qui arrive à faire passer le message en suscitant l’intérêt des élèves et utiliser des solutions pédagogiques aux difficultés rencontrées dans la pratique de classe en oeuvrant pour que les élèves comprennent et surmontent des obstacles. Il s’en réfère à la remédiation pédagogique qui demande aux maîtres de s’appesantir des méthodes très claires à épauler les élèves ayant des difficultés pour suivre. Il les invite à une dynamique d’accès à certaines questions non comprises de prime abord. Il a rappelé que le rythme des élèves n’est pas uniforme, surtout si le maître se retrouve avec 80 élèves, d’où 80 manières d’apprendre. Pour lui le maître doit savoir déceler les difficultés de chacun et apporter l’aide nécessaire par groupes, à défaut d’individualiser ses approches .À l’en croire ce sont des stratégies payantes qui offrent des solutions très connues des enseignants. Pour l’inspecteur de l’éducation, il n’ y a que des solutions pédagogiques aux questions qui interpellent les maîtres et non des châtiments corporels. Il s’est inscrit en faux contre ceux qui avancent qu’il faut user de la cravache sans en abuser. Aussi dira t-il, « il ne faut jamais user de ce qui est interdit, prohibé » .



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