Ecoles coraniques : Les maîtres demandent d'être recrutés dans la Fonction publique

Ils veulent avoir les mêmes droits que les agents de la Fonction publique, notamment les enseignants des écoles laïques et réclament par conséquent leur recrutement par l'Etat. Et les maîtres d'écoles coraniques ont profité de la marche organisée à Thiès à l'occasion de la Journée nationale des talibés pour afficher leur revendication pour plus de considération.

(Envoyé spécial à Thiès) - Les maîtres d'écoles coraniques demandent désormais leur recrutement dans la Fonction publique. Ils ont lancé cet appel avant-hier, à l'occasion de la Journée nationale des talibés organisée cette année à Thiès. Ils estiment en effet avoir les mêmes droits que les agents de la Fonction publique, notamment les enseignants des écoles laïques. Quelque 3 000 talibés ont ainsi battu le macadam à cette occasion sur l'Avenue Caen de Thiès sous un soleil de plomb pour réclamer de meilleures conditions de vie et d'études. Parmi les marcheurs, il y avait aussi des maîtres d'écoles coraniques, des mères-talibés, des représentants d'organismes internationaux, d'Ong et de la société civile. Les manifestants arboraient des pancartes et des banderoles où on pouvait lire entre autres : 'Que l'Etat s'engage à protéger les enfants contre les pires formes d'exploitation' ou encore 'pour une égalité de chance entre taillés et élèves', alors que d'autres scandaient des slogans comme 'l'école française ne vaut pas plus que l'école coranique'.

Dans une déclaration qui sera remise à l'Etat, l'association des maîtres d'écoles coraniques réclame un meilleur traitement pour les talibés. 'Nous demandons également que nos talibés soient traités au même titre que leurs camarades du français. Ils doivent bénéficier gratuitement de fournitures scolaires, des cantines, des soins de santé et de sécurité pour leur avenir'. Ils ont, par ailleurs, promis de tout mettre en œuvre pour que les talibés ne soient plus victimes de mauvais traitements, de violence ou de discrimination. 'Nous prenons solennellement l'engagement de combattre et de dénoncer toute forme de mauvais traitement et de violence quelle que soit sa forme', ont-ils ainsi précisé. Ils demandent, en outre, à l'Etat d'assurer leur prise en charge, en les intégrant notamment dans le système éducatif formel et la réglementation de la mendicité au Sénégal. 'Nous voulons être formés, encadrés, recrutés et bénéficiant d'un salaire', ont-ils ainsi souligné. Dans sa déclaration, le Comité de pilotage s'est engagé, pour sa part, à œuvrer inlassablement pour mettre un terme au manque d'hygiène corporelle et vestimentaire des talibés dans les daara et à les protéger contre toutes formes de sévices corporelles, tout en veillant sur leur santé. 'Nous sommes vraiment émus devant le sort peu enviable des talibés qui sont laissés à eux-mêmes. Nous avons décidé de les soutenir pour mettre un terme à leur souffrance. Et nous demandons à l'Etat d'avoir une attention particulière sur leur sort', a déclaré à ce propos Mme Hady Diarra Bathily, coordonnatrice et superviseur du Projet talibé, par ailleurs présidente des cellules des mères talibés de Thiès.

Pour sa part, le directeur adjoint de Tostan, Malick Diagne, estime que l'Etat, les Ong et les organismes internationaux et les populations doivent travailler en synergie, s'ils veulent mettre un terme à la mendicité. 'Nous avons organisé cette marche pour interpeller le gouvernement pour qu'il prenne ses responsabilités en ce qui concerne la protection des droits des enfants'. Il s'est ainsi dit inquiet devant l'ampleur du phénomène de la mendicité au Sénégal qui constitue, selon lui, une honte pour le pays. Pour lui, la solution à ce problème passe nécessairement par une réglementation du problème des daara. 'Il y a tellement de laisser aller au Sénégal que les pays de la sous-région comme la Gambie et la Guinée-Bissau nous envoient leurs talibés pour se faire de l'argent ici'.