Le dispositif de sécurité mis en place par les autorités sénégalaises, en parfaite intelligence avec les populations, les hôteliers, les établissements publics...installe une certaine sérénité dans la capitale sénégalaise. Dakar, carrefour dense et vivant, point de convergence stratégique de l’Afrique et du monde, place son « pare-étincelles » pour se prémunir contre l’incertitude. La psychose du terrorisme et les « pépiements » sur la sécurité en général ont créé un « décor » nouveau qui a accru la vigilance des autorités et de simples particuliers accueillant du public. Une petite balade dans Dakar, le jour et la nuit, en donne une large idée.
Une rutilante voiture aux vitres teintées ralentit au coup de sifflet intimidant du policier après un crissement des pneus tout aussi troublant. Après quelques minutes d’échanges, l’officier en tenue donne l’ordre au conducteur, en compagnie charmante, de poursuivre son chemin sous les regards concernés de ses collègues autour d’un pick-up estampillé « police » garé à moins d’une encablure du ministère des Affaires étrangères. De temps à autre, des noctambules brisent la routine de ces hommes parés pour le froid pénétrant de Dakar. L’un d’eux, s’exprimant sous le couvert de l’anonymat, indique que le nombre d’agents ne se limite pas à celui qui est déployé avec ostentation sur cette artère ; certains, en civil, épient tout acte suspicieux. Les véhicules à vitres teintées ou sans plaques d’immatriculation et les particuliers sont singulièrement surveillés. Les courses-poursuites, informe l’agent pour s’en réjouir, sont peu fréquentes.
La nuit, comme le jour
Un peu plus loin, au rond-point du marché de Sandaga, sous une rosée couvrant la route bitumée, c’est un scooter qui est soumis à un contrôle sous les yeux compatissants d’un impotent prenant part aux discussions pour le tirer d’embarras. Il y parvient après que les équivoques ont été levées. Le nombre d’automobilistes astreints au même train-train sur la route dénote la forte présence des forces de police. Il en est ainsi sur la route des Almadies où le samedi soir, moment des viveurs, est particulièrement bouillant. Ici, la présence des forces de l’ordre rassure plus qu’elle n’importune. Adossé à une voiture, Serge, un habitué du secteur, dit être « détendu dans ce contexte mondial traumatisant. Je devenais de moins en moins noctambule avec la psychose du terrorisme mais des amis m’ont redonné l’envie des soirées aux Almadies après m’avoir touché un mot sur la sécurité ».
Après avoir écrasé sa cigarette, le bonhomme et la bande joyeuse se dirigent vers un night-club de l’autre côté de la route. Des « colosses », en costumes et cravates, positionnés aux deux entrées principales, coupent leur élan. Ils s’abstiennent de toute familiarité. Dans ce « coin des enchantés », même les habitués doivent montrer patte blanche. Après qu’ils sont passés au détecteur de métaux ostensiblement tenu par les préposés à la sécurité, les épicuriens, un tantinet agacés, s’engouffrent dans « l’univers des orgies ». On y croque la vie à pleines dents ! Laye, le gérant, un peu moins. Il est plutôt occupé à satisfaire la clientèle et à veiller sur le travail des chargés de la sécurité. Le personnel s’y employant est passé de cinq à dix et les détecteurs de métaux de deux à six. Les attaques dans la sous-région, il y a quelques temps, ont visiblement fait leur effet. Les vendredis et samedis, jours de grande affluence, quatre autres personnes se fondent dans la masse jouissive. Elles prêtent main forte au personnel permanent pour ainsi guetter les mouvements et individus suspects.
Aussi « la fouille est devenue systématique même pour les filles qui en étaient dispensées. Nous en avons fait une exigence. La réalité nous l’impose, quitte à froisser certaines personnes un peu trop susceptibles », prévient-t-il non sans inviter les « petits malins insouciants » qui se plaisent à inspirer de la peur par leur accoutrement à faire preuve de responsabilité. Il ajoute ceci pour s’en désoler : « Les Sénégalais renâclent au contrôle alors que pour plusieurs étrangers, cela relève d’une judicieuse routine ». Par contre, la présence des gendarmes aux abords du night-club le remplit de tranquillité en cela qu’elle est dissuasive au-delà de cette ambiance lourde provoquée par la terreur. Les lieux sont également équipés de vidéosurveillances.
Grand théâtre et Sorano, le même défi
Une dame, emmitouflée dans un grand boubou somptueux, marmonne. Elle boude presque sous le regard impassible du préposé à la sécurité. La grincheuse finit par s’y plier avec désinvolture non sans poursuivre sa rouspétance. Elle passe au détecteur de métaux et ouvre son sachet jalousement gardé sous les aisselles. « Bonne soirée madame », lui souhaite l’agent de sécurité, fier de ne pas avoir brisé la routine malgré le ton dédaigneux de l’outrancière spectatrice. Ici, au Grand théâtre national, l’habit ne fait point le moine. Tout le monde est soumis aux mêmes normes de sécurité. « L’attitude des gens est le principal obstacle à notre travail. Parce que se parant d’un titre, d’une dignité, certains rechignent à se soumettre aux règles de sécurité qui, en réalité, au-delà du confort psychologique dans lequel elles les installent, témoignent du souci des autorités de veiller à leur protection », déplore Sallo Diop, dit Baye Fall, chef de la sécurité interne. Il est formellement interdit d’entrer dans les locaux avec de la nourriture ou de la boisson car pouvant servir aux esprits malfaisants.
La direction du Grand théâtre s’est toujours prémunie contre l’incertitude et les fauteurs de trouble. Les attaques terroristes dont ont fait l’objet des pays de la sous-région ouest-africaine ont donné plus de relief au dispositif de sécurité et de contrôle. Ainsi, en sus de l’achat de nouveaux détecteurs de métaux, les quatre principales portes ont été équipées de portiques. Les agents disposent de talkies-walkies pour une meilleure coordination. Celle avec la police, qui vient en appoint à la sécurité interne, est jugée satisfaisante par Sallo Diop. Ce dernier a reçu, comme tous les agents sous sa coupe, une formation le prédisposant à cette charge.
La sécurité du pourtour du Grand théâtre et le parking est assurée par les forces de police qui peuvent aussi compter sur une compagnie d’intervention rapide. La présence de sapeurs-pompiers montre le sérieux avec lequel la question de la sécurité est traitée. « Nous regrettons juste le comportement de certains organisateurs qui dépassent, pour des questions parfois pécuniaires, le nombre de spectateurs que peut contenir la salle. Sur ce point, nous sommes intransigeants. Nous ne consentons à aucun compromis qui remettrait en cause le dispositif », avertit-il.
Au Théâtre national Daniel Sorano, il est fait obligation aux organisateurs de manifestations d’envergure de respecter le cahier des charges pour venir en appoint à la sécurité. Ils font souvent appel aux policiers ou à des agents privés. En plus de disposer d’un personnel bien outillé, la direction s’est inscrite dans une démarche de renforcement du dispositif tout en veillant au confort du public. Toutefois, malgré cette volonté de mettre l’assistance dans une certaine commodité, les préposés à la sécurité ne relâchent pas leur vigilance. « Notre conception de la sécurité ne se limite pas seulement aux fouilles systématiques. Nous guettons certains comportements à l’extérieur et à l’intérieur de la salle. L’entrée est, par exemple, interdite aux personnes ivres », détaille le chef de sécurité pour attester de leur rigueur.
Les hôtels investissent dans la sécurité
Une longue file de voitures se forme à l’entrée d’un hôtel sous un soleil déclinant. Au bout de « l’enfilade », les esprits s’échauffent. Le vrombissement des moteurs et les incessants coups de klaxon en rajoutent aux vociférations. Des gendarmes, se massant sur une camionnette attenante à l’entrée, restent indifférents devant ce spectacle routinier auquel les usagers de la Corniche sont habitués. Les contrôleurs, avec des détecteurs de métaux et des miroirs d’inspection pour contrôle sous véhicule, n’en relâchent pas moins leur rigueur. Pas plus que leur sérénité, guère troublée par l’ardeur des automobilistes. Le mouvement est presque machinal. Tous les véhicules et les passagers sont contrôlés avec le même procédé qui semble ravir Christine, une touriste flanquée de son chien. « C’est la deuxième fois que je viens au Sénégal. Malgré le climat de peur et les mises en garde de mon pays, je suis tranquille quand je loge dans un hôtel ou me promène dans les rues de Dakar », confie-t-elle, heureuse du dispositif sécuritaire.
Sur la route de l’aéroport Léopold Sédar Senghor, un autre hôtel, moins imposant mais tout aussi paré à l’incertitude du moment. Deux gendarmes, « nourris » par la maison, y sont déployés. Il arrive même qu’ils participent aux fouilles quand les circonstances s’y prêtent. La direction a pris les devants depuis quatre mois pour renforcer la sécurité interne. « C’est maintenant une exigence de la clientèle, surtout étrangère, et même de certaines organisations internationales. Pour ne pas être laissés en rade par la concurrence, nous en avons fait une priorité », témoigne un travailleur de l’hôtel requérant l’anonymat. Sous ce rapport, la vidéosurveillance a été renforcée ainsi que tout le matériel et le personnel de sécurité. « Récemment, le Programme des Nations unies pour le développement nous a gratifiés d’une formation au cours d’un séminaire. L’investissement sur la sécurité est le meilleur moyen, aujourd’hui, de gagner des marchés », argue-t-il.
Une circulaire avait été adressée par le ministre de l’Intérieur aux hôteliers pour le renforcement de leur système de sécurité depuis l’attaque de Bamako au Mali. Cela s’inscrit dans une démarche globale de sécurisation des sites vulnérables. Une promenade dans la ville de Dakar montre qu’il a bien été entendu. Les populations ne sont pas moins touchées par les exhortations des autorités publiques. Le terrorisme a eu le don de développer en elles une conscience citoyenne. Les caméras de surveillance pullulant dans les artères de la capitale sénégalaise pourront toujours pallier leurs défaillances.
17 Commentaires
Anonyme
En Janvier, 2017 (18:14 PM)Hilare
En Janvier, 2017 (18:18 PM)La véritable sécurité, ce ne sont pas des fouilles au corps ni des détecteurs de métaux qui vous la garantissent !
Qui veut réellement promouvoir la sécurité doit instaurer la justice partout et à tous les niveaux ! La violence c'est le refuge des frustrés en tout genre et de gens qui n'ont pas vu d'autres sas décompresseurs !
Il urge d'instaurer une véritable justice partout !
La seconde urgence se trouve au niveau de l'éducation ! Plus un individu est éduqué, plus il est instruit, plus il possède de moyens "conventionnels" pour exprimer sa frustration ou sa souffrance ! Donc au lieu de jeter 500 milliards dans un petit train-train qui va desservir moins de 60 km de reseau, investissez dans léducation ! Education, enseignants yi, étudiants yi, lossi dèff doyoul !
Le cœur de chaque créature se trouve entre les Nobles Doigts du Créateur Sublime, sachons lui rendre grâce car il n'ya point de sécurité dans un milieu où Ses Droits sont bafoués ou négligés !
wa salam.
Anonyme
En Janvier, 2017 (18:20 PM)Watt
En Janvier, 2017 (18:28 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (18:43 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (18:46 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (19:19 PM)Sows
En Janvier, 2017 (19:50 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (20:10 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (20:19 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (20:46 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (21:58 PM)Jonh
En Janvier, 2017 (07:46 AM)Anonyme
En Janvier, 2017 (10:16 AM)Kalkulart
En Janvier, 2017 (12:17 PM)La famille est d'abord le premier maillon à sécuriser par :
- une prise en charge des enfants et des personnes agées. et le role de l'état est primordial, par la construction de lieux de loisirs d'education et de formation de la petite enfance,le maintien et l'orientation .
- l'éradication de la mendicité et de l'occupation anarchique des leiux publics
- l'harmonisation des politiques d'habitats des villes et l'élaboration de politiques de fixation par la diversification da la carte economique ainsi que la conommation des produits de qualité du terroir
- l'aide et le soutien des personnes vulnerables
la rationalisation des depenses publiques et la limitations des syndicats et partis politiques
Anonyme
En Janvier, 2017 (13:00 PM)Anonyme
En Janvier, 2017 (14:37 PM)Participer à la Discussion