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DECES DU SOLDAT MAWA BA : SA FAMILLE CONTESTE " SA MORT SUBITE"

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DECES DU SOLDAT MAWA BA : SA FAMILLE CONTESTE " SA MORT SUBITE"
Après 8 ans passés, tour à tour, à la Prison centrale de Rebeuss et au Camp pénal de Liberté 6, le soldat Mawa Bâ a rejoint sa dernière demeure, hier. Il a été inhumé au cimetière musulman de Gouye Mouride, à Rufisque. Des membres de sa famille contestent sa mort suite à une longue maladie, mais la mère du défunt refuse qu’une autopsie soit faite. Elle met tout sur le compte de la volonté divine.

Le soldat Mawa Bâ a rejoint le Capitaine Ndiaga Bâ, qu’il avait abattu avec un HK33 en Casamance, dans l’au-delà. Il est décédé, vendredi, au Camp pénal de Liberté 6 avant que son corps ne soit transporté à la morgue de l’hôpital Aristide Le Dantec. Mais ce n’est que dimanche que sa famille a été informée. Après un constat fait par un médecin et un juge (pour l’extinction de l’action publique), son corps a été rendu à ses parents, hier vers midi. Il a été inhumé au cimetière musulman de Gouye Mouride (à Rufisque où il est originaire).

Selon un membre de sa famille que nous avons joint au téléphone, hier, Mawa Bâ ne souffrait d’aucune maladie, contrairement à ce que nous avons écrit dans notre édition d’hier. «Je lui ai rendu visite en prison jeudi et il était bien portant. C’est le dimanche, vers 20 heures, qu’on nous a joints au téléphone pour nous dire qu’il est décédé. A l’hôpital, nous nous sommes rendu compte que le décès remonte à vendredi vers 19 heures. On nous a dit qu’après avoir pris sa douche, il est tombé et est mort sur le coup», raconte-t-il.

Un de ses avocats ajoute que, pas plus tard que jeudi, lors d’une cérémonie, il a rencontré le régisseur adjoint du Camp pénal et avait discuté avec lui sur la possibilité de demander une libération conditionnelle pour le soldat. «Nous devrions nous rencontrer ce lundi pour en discuter. S’il était malade, il me l’aurait dit», soutient-il.

La famille, elle, a refusé qu’une autopsie soit effectuée, mettant tout sur le compte de la volonté divine.

Retour sur les faits

Mawa Bâ a été condamné, en fin décembre 2007, à 20 ans de travaux forcés par la première Cour d’Assises militaire à avoir siégé au Sénégal.

Le 17 juillet 2002, Mawa Bâ, alors soldat de première classe, avait abattu son chef, le capitaine Ndiaga Bâ qui commandait le 3e Escadron blindé basé en Casamance, à Diouloulou précisément. Le jour des faits, le capitaine donnait une fête en l’honneur des soldats qui étaient sur le départ. Alors qu’il faisait la revue des éléments en partance, il remarque l’absence de Mawa Bâ qui faisait partie des soldats affectés. Mawa était occupé à réparer une fuite de gasoil dans une Automitrailleuse légère (Aml). Appelé d’urgence à la demande du Capitaine Ndiaga Bâ, il a répondu qu’il n’était pas au courant de la fête.

Le Capitaine Ndiaga Bâ le savonne vertement devant ses frères d’armes et décide de lui infliger une sanction. Mawa Bâ se retire et entre dans une colère noire. Au moment où le Capitaine Ndiaga Bâ s’était rendu au Secrétariat pour dactylographier la punition qu’il a décidée de lui infliger, Mawa Bâ entre dans sa hutte qui fait office de dortoir et y ressort avec un HK33 (une arme de guerre). Il trouve le Capitaine Ndiaga Bâ et le met en joue. Ce dernier qui n’est pas ébranlé par le geste du soldat s’agrippe au canon de l’arme. Un coup de feu part. Le capitaine est atteint à bout portant. Les autres soldats, ayant entendu la détonation, accourent. Le capitaine est évacué à Diouloulou. Mais, il décède en cours de route. Mawa Bâ se rend, par la suite, avec son arme, à la gendarmerie de Diouloulou et se constitue prisonnier.

Une peine de 20 ans de travaux forcés

Il est transféré à Dakar, inculpé d’assassinat et placé sous mandat de dépôt à la Maison d’arrêt et de correction de Rebeuss. Jugé en fin décembre 2007, il a été condamné à 20 ans de travaux forcés. Il a, ensuite, été transféré de la Prison de Rebeuss au Camp pénal de Liberté 6 où il devait purger sa peine.

Mawa Bâ, de l’avis de ses compagnons d’armes, n’a pas l’âme d’un tueur. Lui-même l’a dit lors de son procès. «Je ne voulais pas le tuer. Je voulais juste qu’il m’écoute pour que je lui fasse comprendre que j’avais marre de ses brimades que j’ai subies pendant deux ans. Il m’envoyait souvent au cachot sans motif et effectuait des retenues sur ma solde de 15 à 20 000 FCfa. Un jour, il m’a accusé d’avoir volé un casque de char et m’a envoyé en ratissage. Il ne cessait de me dire : «Tant que je serai là, tu n’auras rien, tu ne seras rien.» Alors que j’ai été désigné pour faire partie du contingent qui devait se rendre en mission de maintien de la paix en Sierra Leone, le capitaine m’avait réquisitionné pour un ratissage de 17 jours. Du coup, j’ai raté la mission», avait déclaré le soldat devant la barre. Ajoutant que c’est lorsque le capitaine s’est agrippé à l’arme que le coup est parti l’atteignant mortellement.

Un héros, selon ses frères d’armes

Ses frères d’armes se plaisent à raconter ses faits d’arme et à louer sa bravoure. Ils perçoivent Mawa Bâ comme quelqu’un qui a été poussé jusqu’à ses derniers retranchements et qui a fini par péter les plombs. Ce qui pouvait arriver à chacun d’entre eux mis dans les mêmes conditions et traité de la même manière. Ces mêmes frères racontent qu’un jour, lors d’une opération de ratissage, Mawa Bâ leur a tous sauvé la vie par sa bravoure. «Nous avons été pris dans une embuscade lors d’une opération de ratissage. Alors que nous étions à la merci de l’ennemi, Mawa Bâ, qui était un excellent conducteur de char de combat, nous a sortis du pétrin en réussissant à tirer l’Aml, où nous étions et qui était dans un piteux état, hors de portée des balles de l’ennemi. Nous l’avions tous remercié. Malgré tout, le Capitaine Ndiaga Bâ ne l’avait pas félicité comme il est de coutume. Ce qui l’avait beaucoup affecté», raconte un soldat qui a servi avec lui en Casamance et qui est toujours sous les drapeaux. 

Ayant envisagé, en un moment donné, de quitter l’armée, il a fini par se rétracter après que sa mère, une veuve qui ne comptait que sur lui, l’a supplié de rester et d’endurer, car tout cela finira un jour.



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