Triste sort que celui réservé à la trentaine de ramasseurs de noix de cajou qui ont vu leur oreille gauche amputée dans l’arrondissement de Niaguis, à quelques encablures de Ziguinchor. En quittant leur village Fanda, dans la communauté rurale de Boutoupacamarounda, ces honnêtes gens ne se doutaient pas qu’ils avaient rendez-vous avec ces bouchers des temps modernes. Des individus qui veulent mettre sens dessus dessous cette paix presque restaurée. « Raison pour laquelle, ces meurtriers ne cessaient de dire que « la paix tant chantée n’arrivera jamais dans la brousse ».
Les commanditaires et les meurtriers de Cherif Samsidine Dino Néma Aïdara déambulent librement à Dakar sans être inquiétés
Notre correspondant a sillonné, hier, l’essentiel des quartiers de Ziguinchor pour recueillir l’avis des populations. Les personnes interrogées, après s’être indignées de cet acte barbare ont vu la main des fossoyeurs de la paix derrière ces assauts répétés. Ce qui veut dire que, selon les populations, ces gens ne veulent pas accepter une tranquillité d’esprit en Casamance. Qui risquerait de clore définitivement leur destin. « Il me semble qu’il y a toujours des diables qui remettent en cause le processus de paix. Et à chaque fois que le bout du tunnel apparaît, ces fossoyeurs de la paix réagissent pour qu’on retourne à la case départ », se désole Houfansou Mané, rencontré à Colobane, sur la route de Cap Skirring. Qui soutient également que ces violences constatées, avant-hier, à Niaguis résultent d’une tentative de sabotage de l’excellent travail accompli par le président Wade afin de permettre la verte Casamance de recouvrer cette paix. Lui emboîtant le pas, le vieux, Idrissa Kambaye, rencontré au détour d’une ruelle toujours à Colobane et jouant à la belote, de souligner que « ces rebelles n’ont rien compris à l’enjeu économique mondial ». Et son adversaire du jour de rétorquer que « ces meurtriers ne sont rien d’autres que les bras armés de gens tapis à Ziguinchor et à Dakar et qui gagnent beaucoup d’argent dans l’intermédiation du dossier casamançais ». Un point que ne comprennent pas ses autres camarades qui assistaient à ce jeu de cartes. Car pour eux, « c’est trop méchant de vivre éternellement du sang des casamançais ». A Grand-Dakar, Abdou Sonko, dépité par ces violences sans fin lâche ces mots : « la Casamance a hâte de retrouver son paradis terrestre ». Un paradis qui, rappelle t-il, « faisait la fierté de la Casamance naturelle, de Vélingara au cap Skirring, en passant par Barakabanao, Mampalago, Mpack, Kadjitte, Loudia Wolof et Essyl ». Dans cet ordre d »idées Ismaïla Badji qui se dit militaire en retraite de nous souffler à l’oreille que « la rébellion fait vivre de nombreuses personnes qui n’ont rien à avoir avec le maquis ». Des personnes, souligne Karfa Sadio de Boucotte Ouest, adossé au mur de ladite école « qui ne manipulent ni un kalachnikov, ni une mine, mais qui savent manipuler des consciences pour le maintien de la violence ». Un avis que semble ne pas partager Gnima Seydi, vendeuse au marché Escale : « ces rebelles ont faim à cause de la conjoncture. Il n’y a plus rien à manger dans la brousse. C’est pourquoi, ils veulent se faire entendre afin d’avoir une voix au chapitre lors des négociations ». Mais, lance Dominique Nzalé du quartier Tilène, « ce sont des bandits qui sont manipulés par des gens d’en haut et qui veulent gagner la sympathie du président Wade pour hériter du dossier casamançais ». D’ailleurs « pourquoi, s’interroge Fatou Bintou Gassama de Kandialang, n’a-t-on pas éludé les crimes de Oumar Lamine Badji et Cherif Samsidine Dino Néma Aïdara ? » Des propos que Gérôme Assine de Kenya, une localité située au-delà de l’aéroport confirme surtout lorsqu’ils affirment que « tous les indices sont réunis en ce qui concerne les meurtriers et les commanditaires des lâches assassinats de Cherif Samsidine et de Omar Lamine Badji ». Ainsi, les casamançais semblent tourner une nouvelle page de paix loin de ces bruits de bottes qui ne font qu’éloigner leur région de la dynamique nationale rythmée par la concorde et la paix.
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