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BOUBA NDOUR, DIRECTEUR DES PROGRAMMES DE TFM, A BATONS ROMPUS : « Il faut une télé qui s’adapte aux réalités sénégalaises»

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BOUBA NDOUR, DIRECTEUR DES PROGRAMMES DE TFM, A BATONS ROMPUS : « Il faut une télé qui s’adapte aux réalités sénégalaises»
Une vision, Bouba Ndour n’en manque pas. Le Directeur des programmes de la Télévision Futurs Médias (Tfm), qui prend très au sérieux la mission qui lui est confiée, trace en effet la ligne à suivre. Dans cette interview réalisée vendredi dernier, il revient dans les détails sur le programme qui sera proposé aux téléspectateurs, pose le débat sur les contenus relativement à la question culturelle et essaie de s’expliquer l’impatience des Sénégalais, tout en assurant que les choses sérieuses démarrent effectivement aujourd’hui, lundi 11 octobre, à partir de 11 heures.

Vous avez été nommé Directeur des programmes de la Tfm. En quoi consiste votre travail ? Comment percevez-vous cette mission qui vous a été confiée ?

J’ai toujours occupé une place assez stratégique sur tout ce qui tourne autour de Youssou Ndour. Ce qui est méconnu du public, c’est le rôle que je dois jouer et je le joue. En ce qui concerne la télé, je m’y suis toujours intéressé. Youssou s’est basé sur ma vision artistique et mes compétences pour me confier cette mission et non pas parce que je suis son petit frère.

Beaucoup de gens disent justement que c’est parce que vous êtes son petit frère que vous êtes nommé à ce poste…

Le fait d’être un petit frère d’une personne comme Youssou Ndour est un avantage, une opportunité. Je pouvais ne pas être son frère et occuper un poste aussi important. Quand je marche dans la rue, on me dit souvent « Félicitations » pour mon titre de Directeur des programmes de la Tfm. Honnêtement, ce n’est pas le titre qui m’intéresse, parce que ce n’est pas la première fois que je suis directeur d’une structure. Par exemple, si on revient en arrière, pour parler de Jololi qui existe depuis plus de quinze ans, j’ai mis en place cette structure avec lui. Je n’ai pas été embauché comme employé, mais c’est une structure que nous avons mise en place. Il y a beaucoup de choses que j’ai réalisées avec lui. Nous avons la même vision sur beaucoup de choses. Nous avons des rapports assez privilégiés et nous sommes très proches. C’est cette compatibilité, cette convergence de vues qui m’obligent à jouer certains rôles dans ses activités.

Etant Directeur des programmes, est-ce que vous n’avez pas des craintes pour remplir convenablement cette mission assez difficile ?

On peut créer une télé, une radio, mais si on n’a pas les idées qu’il faut, on ne parviendra pas à faire un bon travail. Moi, j’ai les idées nécessaires. Je réalise des albums, j’écris des chansons. J’ai beaucoup travaillé avec mon frère sur l’international, quand j’étais aux Etats-Unis. Quand je suis rentré, tout le monde a senti que j’ai un rôle très important à jouer avec lui. À partir de ce moment, j’en ai beaucoup parlé avec lui et il m’a supplié de venir au Sénégal. C’était en 1993, si je ne me trompe pas. Il faut savoir que j’ai été le Pdg de Youssou Ndour Head Office.

Mais est-ce que vous connaissez suffisamment la télé ?

Je pense que j’ai les capacités nécessaires. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, je ne suis pas un musicien, ni un ingénieur du son. Aujourd’hui, il n’y a pas un chanteur qui connaît la chanson mieux que moi. Je peux même dire que c’est presque un don de Dieu. Je peux trouver ce qui plaît aux gens. Je parle de la production musicale qui est liée à la production audiovisuelle et documentaire. Et tout ça nous amène sur l’image. Je ne suis ni un caméraman, ni un ingénieur du son. Des personnes ont été recrutées pour cela. Comme je l’ai déjà dit, la télé, la radio, la musique, ce sont les idées d’abord. Je pense que les idées sont là. J’ai beaucoup d’expériences dans l’audiovisuel et je peux les réaliser. Il y a beaucoup de choses que j’ai concoctées avec Youssou Ndour et au finish, beaucoup de gens ne savent pas que c’est moi qui étais derrière. Je pense que c’est ça qui fait la force de ce que nous réalisons.

Vous avez dit tout à l’heure que vous savez ce que le public veut, ce qui peut plaire. Est-ce qu’en matière de télévision, vous savez précisément ce que veulent les Sénégalais ?

Pour moi tout se regroupe autour de la même chose. Ça veut dire que si tu sors le volet technique, c’est-à-dire comment, par exemple, enregistrer un son et rendre une image, je sais faire la différence entre ce qui est bon ou mauvais, en matière de télévision. Le principe de proposer aux Sénégalais un programme visuel ou sonore, en général, c’est le même principe que la musique. Je sais très bien ce qui plaît aux Sénégalais. Et ce n’est pas aujourd’hui que j’ai commencé à faire ça. Beaucoup de chansons que les Sénégalais entendent viennent de moi. Donc cette vision-là est importante. Il y a un débat important : aujourd’hui qu’est-ce qu’il faut faire ? Malheureusement il y a au moins 80% des gens qui ne sont pas allés à l’école. Ils ne peuvent pas s’accrocher à certaines émissions. On fait la télé pour la masse ou les intellectuels ? Et je pense, là, que c’est très important qu’on fasse la différence entre une télé qui touche tout le monde et une télé qui touche un certain nombre de personnes.

Quel est votre choix ?

Mon choix est de faire une télé qui s’adapte aux réalités sénégalaises. Si je fais un clip ou une chanson, je veux bien que la personne qui est au plateau, qui ne parle même pas la langue, comprenne et sente les choses. Il faut trouver ce juste milieu. Il y a beaucoup de gens qui s’attendent à une radio filmée, mais je pense qu’ils ne verront pas ça.

Peut-on avoir une idée un peu précise sur les programmes que vous allez dérouler ?

Pour des raisons stratégiques, je pense que par rapport à la télé, on va dérouler progressivement. J’ai beaucoup appris pendant le mois qui s’est écoulé. Déjà il y a une certaine pression. Avant de commencer ton programme, tu es jugé. Parfois, on n’est pas patient. Je comprends tout ce qui est pression externe. On a une réputation de gens qui font bien les choses du point de vue de la musique. Et même dans les médias, aujourd’hui Tfm est née des flancs de la Rfm, qui est née de Sport Fm, et de 7 Fm. Personne n’écoutait Sport Fm au départ. Mais elle a fait son chemin.

Le plus important c’est que la Tfm est devenue célèbre avant de commencer à émettre. Et pour cela, je remercie le président de la République Me Wade et son gouvernement. Ils nous ont donné l’opportunité d’être connus avant de commencer à émettre. C’est donc normal que les gens s’attendent à avoir une télé comme France 2 ou Cnn, dès le départ. Il faut qu’on se calme quand même. On est au Sénégal et dans le secteur privé. Une émission de trente minutes te prend 10 heures de réalisation, beaucoup d’argent et beaucoup de sueur. Ce n’est pas facile car ce n’est pas du jour au lendemain qu’on fait les choses. Il faut comprendre qu’au Sénégal les gens te mettent parfois la pression sans raison. On fait tout pour satisfaire les gens et après ils viennent pour dire que ce n’est pas bon. Pourtant toutes les télévisions qui nous ont devancés ont commencé progressivement. Actuellement, on ne diffuse que des clips et tout le monde les regarde. Je vois que les autres anticipent pour se coller à la musique… On nous a dit aussi qu’on ne peut pas couvrir le Sénégal pour le moment.  On a été censuré au départ. Il faut que les gens prennent ça en compte aussi… Il faut comprendre que les critiques contre la Tfm arrangent certaines personnes. D’où la nécessité de faire la différence entre ce que le public dit et ce qu’une personne dit par rapport à ses intérêts personnels. Parce qu’il faut savoir que la Tfm fait vraiment peur. Ce qui est normal, mais dans le bon sens. Ce qui est important c’est que stratégiquement on a décidé d’avancer pas à pas. On a pris la décision de prendre le temps de faire des choses bien.

Vous avez avancé la date du 11 octobre (Ndlr, aujourd’hui) pour le démarrage des émissions, peut-on avoir la confirmation que cette date sera effectivement respectée ?

On va exactement démarrer le 11 octobre. Parce qu’aujourd’hui, comme je l’ai dit plus haut, on ne peut pas démarrer tous les programmes. On n’y pense même pas, parce que du point de vue stratégique, ce n’est pas bon. Déjà à partir du 11, les gens verront la base de la Tfm. On veut commencer très fort. On a quelques émissions : « Waréef », « l’Incontournable » qui est un magazine, comme l’émission « Penc mi ». Avec de grands noms en plus. On a le « Kouthia Show » qui arrive. On a aussi deux émissions musicales. Sans parler du sport. Il y a aussi une autre émission culturelle « Aada ak cossaan » qui va revenir sous un autre format. On va commencer avec ces émissions qui sont assez lourdes. Et on va dérouler au fur et à mesure. Car des idées et des émissions, on en a beaucoup en boîte. Ce qui est intéressant avec la Tfm, c’est que même les producteurs étrangers voient dans cette télé une opportunité d’ouverture. Parce que, quoi qu’on dise, Youssou Ndour laisse ses employés travailler à leur guise. Parce qu’il y a un esprit d’ouverture qui fait que la Tfm s’ouvre aux producteurs étrangers. Personne n’a le monopole du savoir. Et cette télé sera la télé des idées d’ici et celles qui sont venues d’ailleurs. C’est important.

On a vu le groupe Gelongal travailler avec vous. De quelle nature sera votre partenariat ?

Quand ce groupe est venu au Sénégal, beaucoup de personnes ne les connaissaient pas. Youssou Ndour qui est un visionnaire leur a fait confiance et a commencé à travailler avec eux sur des clips.

J’ai de très bons rapports avec eux. Ils ont eu à réaliser des clips extraordinaires. Le dernier exemple, c’est le clip de Viviane Ndour « Fima toolu si yaw », le clip le plus téléchargé de l’année sur l’international.

Honnêtement, on ne joue pas dans le registre amateur. Tout ce qu’on fait est mûrement réfléchi. Nous prenons le temps qu’il faut pour faire plaisir aux populations. Ici à Futurs Médias, on ne connaît que la gagne et Inchallah d’ici peu, Tfm prendra la première place des télés.

Parlons maintenant de Bouba et Viviane. Comment Youssou est-il parvenu à vous remarier ?

Je ne vais pas entrer dans les détails. Tout ce que je peux dire est que Youssou c’est mon grand frère, mais il n’est pas un dictateur. Ce n’est pas une personne qui décide pour moi. Mais c’est un grand frère et lorsqu’il prend une décision me concernant et qui m’agrée, je ne peux que m’en féliciter. Ce qu’il a fait, c’est bien. Le fait de retrouver Viviane, de retrouver mes enfants, ça me fait énormément plaisir. La vie est ainsi faite. Dieu nous a déjà tracé la voie à suivre. Nous ne pouvons y échapper. Ce qui s’est passé nous agrée tous les deux, Viviane et moi. Personne ne nous a forcés. Ce qui est sûr c’est que Youssou Ndour a accéléré le processus. Il a anticipé sur les choses. Je sais que lorsqu’on m’a appris le mariage, je ne me suis pas mis à dire : « Non ! Ça jamais ! » Je suis heureux.

À quand l’album de Viviane Ndour ?

L’album de Viviane va sortir en novembre. Dans tous les cas, ça ne dépassera pas la Tabaski. Beaucoup de gens me demandent pourquoi je refuse de sortir l’album de Viviane, sans savoir qu’il s’agit d’une stratégie. Depuis 4 ans, Viviane n’a pas sorti d’album. Le single de Viviane est sorti en février. On est en octobre et jusqu’à présent les deux tubes qui sont sortis cartonnent. L’album qui compte 8 tubes va bientôt sortir. Ma conception est qu’il faut laisser un album avoir une durée de vie. Je ne fais rien au hasard. Aujourd’hui, j’entends toujours dire : «Votre album est bon». Or, l’album n’est pas encore sorti.

Où en êtes-vous avec le programme « Xeex sibiru » ?

On a une boîte qui s’appelle « Senegal surround sound » qui s’occupe de la communication autour de la lutte contre le paludisme, projet que nous avons mis en place avec « Malaria no more » qui est aux Etats-Unis. C’est le projet le plus important dans lequel je suis impliqué, que je dirige, que j’ai mis en place. On a depuis une année et demie fait beaucoup d’actions. On est sur le point de lancer le plan de communication de l’année 2010/2011. Il y a une tournée nationale, des campagnes de sensibilisation etc. Il y a énormément de choses qui vont être faites. C’est un projet important, noble. L’exemple du Sénégal est en train d’avoir un impact sur le plan sous-régional et même international.

On prépare un concours de chants qui sillonnera les 14 régions du Sénégal. La personne qui avait gagné l’année dernière est en studio. Son album va bientôt sortir.

Mame Sira Konaté & M. Wane et Retranscrit par Pape Mayoro Ndiaye (Stagiaire)



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