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ABDOULAYE DIATTA, DIRECTEUR DU PROJET DES VOLONTAIRES DE L’EDUCATION : « Le volontariat est un passage obligé pour être instituteur »

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ABDOULAYE DIATTA, DIRECTEUR DU PROJET DES VOLONTAIRES DE L’EDUCATION : « Le volontariat est un passage obligé pour être instituteur »

Invités de la rédaction du « Soleil », le directeur du projet des Volontaires de l’Education, Abdoulaye Diatta, accompagné de son adjoint et inspecteur de l’Education Matar Sow et de l’expert en Enseignement à distance Mouhamadou Mansour Faye (maître de conférences à la Faculté des sciences et techniques à l’Ucad), ont présenté le portail Internet des Volontaires.

Lancé le 10 août dernier, ce support est, outre un nid d’informations sur le projet, une offre de formation initiale et continuée pédagogique pour les enseignants. M. Diatta et son staff ont à l’occasion expliqué que la mise en place du portail est un jalon important dans l’évolution du projet qui a, entre autres, permis de booster de façon significative le taux d’accès à l’éducation. Le nouveau dispositif démarre à la rentrée. L’objectif, c’est de le systématiser, dans les 12 mois à venir, à l’ensemble des Volontaires de l’Education.

« La direction du projet des Volontaires a été créée en 1995, à un moment où nous avons connu beaucoup de difficultés au niveau de l’accès à l’éducation. Le Taux brut de scolarisation (Tbs) tournait autour de 54 %. Et, non seulement le Tbs était très faible, mais il baissait d’année en année. D’où l’initiative de mettre en place le dispositif du projet des Volontaires pour pallier cette tendance. A l’époque, 1.200 Volontaires ont été recrutés.

L’objectif, qui a été atteint, a dépassé les espérances, parce que cela a permis de stopper la baisse du Taux brut de scolarisation et même de l’augmenter. De sorte que de 54 % en 1995, le Taux brut de scolarisation au Sénégal tourne aujourd’hui autour de 83 % au niveau de l’Elémentaire.

Cela a permis de franchir de grands pas dans le cadre du Pdef (Programme décennal de l’éducation et de la formation). Mais, le Pdef est aujourd’hui dans sa deuxième phase qui s’occupe particulièrement de la qualité et de la gestion. Dans cette aventure, la direction du projet des Volontaires, qui s’est attelée à prendre en charge la question liée à l’accès pendant pratiquement dix ans, a voulu aussi mettre sa touche pour participer à l’amélioration de la qualité des enseignements6apprentissages.

A cet effet, nous avons tenu compte d’un paramètre qu’il faut relativiser un tout petit peu et qui est aujourd’hui à l’ordre du jour : c’est la courte durée de la formation des Volontaires. En 1995, ceux-ci n’avaient pas plus de trois mois de formation. Cependant, cela n’a pas empêché qu’il y ait eu des performances.

Aujourd’hui, nous sommes à six mois de formation au niveau des Ecoles de formation des instituteurs (Efi). Et, nous envisageons d’aller à neuf mois. Mais, nous pensons que c’est encore insuffisant, parce que comme dans tous les corps de métiers, on n’a pas le meilleur profil à la sortie de l’école de formation. Que vous soyez journaliste, enseignant ou même chauffeur, quand vous venez d’avoir votre permis, vous n’êtes pas l’as du volant. Donc, il y a cet aspect de la formation continuée que nous avons voulu prendre en charge.

La nouvelle donne, c’est que cela est centré autour des Nouvelles technologies de l’information et de la communication. Nous avons voulu en faire une application pratique dans le cadre de la formation, aussi bien à l’initial, qu’au niveau de la formation continue.

Ainsi, depuis 18 mois pratiquement, nous nous sommes attelés à mettre en place un certain nombre de dispositifs en équipant les Efi de matériels informatiques de dernière génération, à les connecter toutes sur Internet et maintenant, amener la technologie pour mutualiser les expériences, partager les savoirs et les savoirs-faire et propulser un tout petit peu l’auto formation et la formation permanente.

Cette innovation que nous avons mise en ligne est le fruit d’un engagement de toute cette équipe (aussi bien de l’équipe technique que l’équipe pédagogique). Nous avons eu l’idée, nous en avons parlé au ministre qui nous a fortement encouragés. Heureusement qu’il y avait des ressources humaines disponibles et compétentes qui ont fait preuve de solidarité et de ténacité pour qu’on arrive à mettre en place ce dispositif-là.

C’est un dispositif techno-pédagogique très révolutionnaire qui nous permet de décloisonner d’abord, l’information -on va la dématérialiser et la partager au bout du clic- de mutualiser un certain nombre d’expériences, de réduire les disparités en les nivelant par le haut et de mettre à disposition, en tout cas du corps enseignant sénégalais, des ressources pédagogiques pertinentes qui vont permettre de parfaire leur formation, de leur donner de la documentation suffisante, en qualité et en quantité. On se projettera en termes de perspectives, après avoir fait peut-être un bilan, une évaluation de ce que nous avons mis en place pour voir quel impact ça a eu, du point de vue de l’amélioration de la qualité, faire les corrections nécessaires et peut-être aller dans le sens de généraliser le projet.

Sur la page du portail d’entrée aux différents services proposés au public et en particulier aux Volontaires, il y a beaucoup de liens dont certains sont déjà accessibles.

Comme le lien où les Volontaires sont invités à s’inscrire. Nous sommes en train de collecter les inscriptions de ces Volontaires et de les valider. Ce qui va leur permettre d’avoir accès à certaines parties du site où ils vont pouvoir avoir accès à un certain nombre de ressources pédagogiques qui les concernent.

Cela veut dire que toutes les parties du site ne sont pas ouvertes à tout le monde, donc certaines parties du site ne concernent que les Volontaires et les acteurs du projet des Volontaires qui vont y trouver de l’information spécialisée, de l’information technique en rapport avec leurs besoins.

Il est demandé au Volontaire en s’inscrivant de montrer pattes blanches, donc de s’identifier en donnant son numéro de matricule, en somme nous prouver qu’il est Volontaire -ce qui sera vérifié au regard de la base de données disponibles au niveau du projet des Volontaires.

Cette inscription permet aussi de garnir une base de données pour connaître un peu la distribution de populations des Volontaires, leurs origines, le niveau sur lequel ils interviennent, les Efi dont ils sont issus, la génération à laquelle ils appartiennent.

Une fois que le Volontaire a été inscrit et validé et que le portail lui est ouvert, il peut donc s’identifier et rentrer dans la partie qui va le concerner, la partie privée, celle que le public ne verra pas. Dans cette partie, il y a un certain nombre de ressources qui sont mises à sa disposition : des ressources communicantes et des ressources pédagogiques.

Sur les « Ressources pédagogiques », il y a un certain nombre d’informations que les Volontaires demandent de façon récurrente : des fiches de cours, comment préparer sa fiche, avoir accès à une banque de fiches portant sur des matières, sur différents niveaux, sur différents aspects pédagogiques et techniques qui sont propres à la formation. Il y a également un ensemble de ressources aussi portant sur la didactique, les éléments de psychologie ; bref, l’ensemble des savoirs et des savoirs-faire qui gravitent autour de la formation de l’enseignant.

Il y a bien sûr un espace d’échanges que nous avons préféré confiner dans la partie privée, il ne va concerner que les acteurs du projet. Car tous ceux administrent des serveurs Internet connaissent la difficulté de gérer dans l’espace public un forum, avec tous les dérapages que l’on connaît.

Par ailleurs, il a été ouvert une porte pour les arabisants. Cela procède d’une demande qui a toujours été manifestée. En tout cas, nous leur avons montré notre disponibilité à prendre en charge leurs besoins. Donc, nous leur avons tendu la main, en leur disant de mettre à notre disposition des contenus qui concernent leur corps, la spécificité de ce corps ; en tout cas, le portail est prévu pour répondre à leurs besoins.

L’objectif, c’est de donner aux Volontaires un certain nombre de capacités. Mais il y a des pré-requis consistant en un certain nombre de mesures.

Si on clique sur le lien « e-formation » - qui nécessite un logging ou passeport, la première chose qui frappe à l’œil, c’est cette partie qui consiste déjà un autre noyau de catalogue de cours. Un catalogue de cours sur les activités géométriques, les enseignements du vocabulaire, l’expression écrite, le programme, la résolution des problèmes, etc. Ce catalogue de cours va s’étoffer avec le temps, ainsi que différents cours portant sur des aspects de la vie quotidienne d’un enseignant ou de quelqu’un qui utilise l’Internet ou la machine informatique, etc.

Le gros morceau de notre travail sur le portail est dédié à la formation des Volontaires. Nous avons envisagé plusieurs scénarii.

Premièrement, pendant que les Volontaires sont en formation, nous allons ouvrir des modules de formation en distancié. C’est ce qu’on appelle une formation mixte. Le Volontaire peut s’approprier certains contenus de cours avant de venir en classe. Ce qui lui permet de préparer son cours, de venir assister au cours et de le prolonger sur le portail. Donc, c’est déjà une petite révolution que nous introduisons dans la formation du Volontaire.

Le deuxième aspect, c’est l’auto formation. C’est-à-dire que certaines parties du portail seront ouvertes avec des modules de formation permettant au Volontaire, pendant qu’il est sur le terrain, de pouvoir avoir accès à un certain nombre d’informations. Ces formations peuvent être suivies sous tutorat ou non, c’est-à-dire qu’il va y avoir des petites classes virtuelles, avec des étudiants qui sont à Kédougou, à Tambacounda, Dakar, bref, dans toutes les différentes régions du Sénégal, avec des tuteurs et des responsables pédagogiques qui sont aussi distribués dans toutes régions du Sénégal. Tout ce monde va se retrouver sur la plate-forme, ce qui fait que la formation du Volontaire se poursuit par le virtuel. Donc, le Volontaire n’est plus abandonné à lui-même.

Cependant, nous allons ouvrir une troisième catégorie de cours qui seront totalement à distance et non sous tutorat. Ce seront pratiquement des banques de ressources pédagogiques dans lesquelles, le Volontaire pourra avoir des informations dont il aura besoin et solutionner certains de ses problèmes d’enseignement.

Et vraiment, nous avons applaudi lorsque nous avons eu ce portail. Pace que le problème majeur qui s’était posé, c’était la formation. Parce que l’encadrement des corps de contrôle (qui étaient appelés corps d’encadrement) fait défaut. Dans la mesure où vous avez un inspecteur aujourd’hui pour plus de 1.000 enseignants. Mais avec, justement ce portail, il y aura l’auto formation, il y aura la formation à distance et chacun ira à son rythme. Les formateurs aussi auront la pression sur eux. Parce que, les formés auront des contenus. Et lorsqu’ils seront en classe, ils vont pousser les formateurs à aller plus loin. Et ça aussi, c’est vraiment une révolution.

Voilà, par exemple, la représentation virtuelle du cours de géométrie. Il faut imaginer ce cours en train de se dérouler dans le temps surtout quand c’est un cours sous tutorat. Le cours se déroule au fur et mesure que l’on aborde les modules. Le professeur responsable rend publique la partie correspondant par exemple au chapitre 1. Et, il peut dérouler, au fur et mesure, chacun des aspects du cours. Chacun des aspects du cours va concerner l’ensemble des contenus pédagogiques que le Volontaire peut s’approprier (il peut télécharger les contenus), l’ensemble des contenus pédagogiques qui seront des contenus interactifs. Autrement dit, le Volontaire trouve un panel de solutions technologiques qui lui permettent soit, d’utiliser des images, soit d’utiliser des animations, etc. Il va y avoir un ensemble d’études technologiques qui vont permettre au Volontaire d’entrer en communication avec les responsables pédagogiques de ce cours.

Il s’agit-là donc d’une banque de ressources pédagogiques de l’ensemble des gestes pédagogiques (tracer une droite, tracer des droites parallèles, faire certaines représentations géométriques, etc.). Imaginez la même chose en vocabulaire, en français, en grammaire et dans toutes les autres activités pédagogiques.

L’évaluation est un autre volet, à deux dimensions : l’auto évaluation et l’évaluation. Il est extrêmement important de mettre à la disposition des gens un dispositif d’auto évaluation. Dans ce sens, nous sommes en train de mettre en place des dispositifs d’auto évaluation qui permettent au Volontaire, après une ou plusieurs tentatives de savoir s’il a compris et acquis les connaissances qu’on voulait qu’il acquière. Mais, l’évaluation formative qui est sanctionnée par des notes peut venir.

Le portail est d’autant plus intéressant que si je prends le cas d’un Volontaire isolé à Kédougou, il y a plusieurs aspects qui peuvent se produire : il peut avoir honte de demander. Peut-être parce qu’il n’a pas envie de mettre à nu certaines des déficiences dont nous sommes tous porteurs, ou qu’il ne peut pas trouver dans son environnement quelqu’un en mesure de résoudre son problème. Donc, c’est autant de motivations qui nous ont amené justement à développer ce produit. C’est un portail Internet qui prend en charge énormément de choses. Il prend en charge les contenus. Il va prendre en charge les apprenants, qu’ils soient au nombre de 1.000 Volontaires, 2.000 ou 10.000. Chaque inscrit va bénéficier littéralement d’un dossier virtuel auquel les enseignants peuvent avoir accès, voir les activités qui sont effectivement faites par le Volontaire et même voir ses performances.

En effet, il y a toute la partie administration qui permet à l’enseignant d’avoir une visibilité globale sur le système, ou à l’étudiant d’avoir une visibilité. Donc, l’ensemble des dispositifs sont absolument opérationnels à l’heure où je vous parle. Nous attendons simplement la rentrée pour commencer à ouvrir les modules et à accueillir les premières cohortes d’étudiants qui vont vivre cette expérience. Et comme toute expérience, à mi-chemin, elle sera évaluée, auditée. L’objectif, c’est dans les 12 mois à venir, de systématiser le dispositif à l’ensemble des Volontaires de l’Education.

En tout cas cela va régler beaucoup de problèmes. Parce que imaginez-vous que pour faire cette formation qu’on faisait avant la formation à distance, non seulement il fallait polycopier les cours, appeler les Volontaires sur place, leur distribuer cela, discuter avec eux, répondre à des questions, au moins quatre jours de regroupement, leur demander de retourner et de revenir quatre jours après le mois prochain pour régler les problèmes qui ne l’étaient pas. Et chaque jour - ça c’est au niveau de la région - c’est 7.500 francs Cfa par Volontaire. Je ne parle même pas du formateur.

Or, l’inscription au site est gratuite. Nous voulons ainsi avoir une traçabilité, savoir que la personne qui est inscrite dans un cours est bien un Volontaire identifié comme tel et est prêt à recevoir le contenu que nous mettons à sa disposition. Mais, le nombre est pour l’instant assez réduit, car si on laisse la porte ouverte à tout le monde, on allait se retrouver entre 2.000 à 3.000 personnes qui fréquentent la partie professionnelle du site, alors que dans 80 % des cas, elles n’ont rien à y faire. Il n’y a absolument rien à payer. Nous voulons maîtriser ce qui se passe dans cet espace, car nous voulons booster la qualité par ce système.

Pour l’accès à Internet, les Volontaires de l’Education peuvent utiliser les cybercafés. Nous avons d’abord pensé à l’équipement des Efi. Il y a eu un premier lot. Nous allons encore améliorer. On attend d’autres outils à disposition. Il y a un nouveau projet qui est en route, le « Clic » qui est en train d’équiper, au-delà des Iden, les écoles. On prendra le temps comme allié, c’est-à-dire l’évolution de la technologie. Je pense qu’au bout de cinq à dix ans, nous ne serons pas complètement déconnectés par rapport à l’évolution du monde en matière de Nouvelles technologies de l’information et de la communication.

Dans le déroulement du projet, nous ne sommes pas pressés. D’ailleurs, nous avons un protocole bien mis en place. Là, dans quelques semaines, nous allons passer à une phase expérimentale. La phase expérimentale va toucher entre 500 à 600 Volontaires. Donc, c’est dans ce cadre expérimental que nous allons tester le dispositif et l’évaluer. Sur la base des retours d’expériences que nous allons avoir, nous allons passer à une extension. Il s’agit déjà, au niveau de la formation des Volontaires, de faire en sorte que dans toutes les Efi, cela soit intégré dans le cursus des Volontaires. En concurrence, nous allons ouvrir des cours qui seront accessibles aux Volontaires qui sont sur le terrain. Cela dit, il est clair qu’on ne peut pas toucher tout le monde, mais on touchera un certain nombre de personnes. Avec le temps, il est aussi clair que les capacités Internet du pays vont en s’accroissant, il s’agit d’accompagner un mouvement général qui se fait au niveau de tout l’enseignement. Maintenant, il est clair que dans le petit village reculé du fin fond du Sénégal, les choses seront plus difficiles à mettre en place. Et, c’est peut-être l’occasion d’inciter les acteurs du secteur des télécoms à faire des efforts, à faire preuve de créativité. Je suis absolument convaincu que dans moins de 10 ans, le signal Internet sera aussi banal que le signal radio. Personne ne l’achètera. Il sera à la disposition de tout le monde.

Les Volontaires eux-mêmes se sont déjà préparés. Parce que la Mutuelle des Volontaires, qui accompagne le projet, a déjà pris les devants pour commander des ordinateurs pour les Volontaires (15.000 ordinateurs). Il s’agit du concept « Un Volontaire, un ordinateur », cédé à des prix très réduits. C’est déjà préparer l’accès à l’Informatique.

Prise en compte de l’examen professionnel

C’est un volet que nous avons mis a priori dans les aptitudes pédagogiques. Autrement dit, tous les documents qui ont été produits dans le cadre de la formation diplômante sont déjà disponibles sur le portail. Donc, quand quelqu’un se connecte, il a la possibilité d’aller chercher ces documents et d’en faire ce qu’il voudra, de se préparer au Ceap (Certificat élémentaire d’aptitude professionnelle) ou Cap (Certificat d’aptitude professionnelle). Ce qui permet de régler un certain nombre de problèmes, car, jusque-là, il fallait trouver un inspecteur, s’organiser et payer pour recevoir la formation et dans quelles conditions ! Mais, à terme, nous pouvons basculer ces documents pédagogiques dans la plate-forme, dans l’enseignement à distance, c’est-à-dire que l’on aura des modules pour le Ceap ou le Cap voire le Crei ou Creia, parce que le ministre nous a demandé de pousser dans cette direction. Cela permettra d’ouvrir davantage les opportunités et d’avoir des enseignants de plus en plus qualifiés.

En somme, toutes les productions pédagogiques commencent à intégrer déjà le dispositif. De fait, les gens n’iraient plus à la direction du projet des Volontaires pour chercher un document pédagogique, mais ils pourront l’avoir sur clé Usb à charge de l’imprimer. Et donc se préparer pour avancer dans la carrière professionnelle, d’autant que l’on constate que de plus en plus les Volontaires réussissent aux examens professionnels ; l’année dernière, 76 % y ont réussi, ce qui permet d’intégrer rapidement la Fonction publique.

C’est vrai que dans le bilan d’étape, vous trouvez les éléments d’amélioration des conditions du Volontaire. On a beaucoup parlé de précarité de l’emploi. Il n’y avait pas peut-être de perspective de carrière pour le Volontaire. Au début, c’était en quelque sorte une aventure, on ne savait même pas où on allait, on n’était même pas certain que les enseignants recrutés durant les premières années du projet des Volontaires allaient rester dans le secteur, parce qu’il n’y avait aucune visibilité. C’est lorsqu’ils sont entrés et qu’ils ont commencé à nous pousser que nous avons réfléchi et anticipé sur les problèmes.

Dans un premier temps, il y a eu la mutuelle pour s’occuper en fait du social. Ensuite, il est apparu évident que les Volontaires allaient devenir vieux et devoir prendre leur retraite. Il fallait donc leur trouver une carrière. Dès la deuxième année, nous avons pu réunir tous les acteurs du système éducatif pour profiler cette carrière à travers le statut de Maître contractuel, un corps intermédiaire auquel accédait le Volontaire après quatre ans d’exercice.

Aujourd’hui, je pense que c’est non seulement la seule porte d’entrée pour l’enseignement élémentaire. Mais quand on est Volontaire on est sûr d’être un Maître contractuel après deux ans de volontariat -et non plus quatre ans. En réussissant aux examens professionnels (Ceap ou Cap) on passe instituteur-adjoint et on vous intègre dans la Fonction publique. Donc, il y a une massification qui est en train d’être faite. Au tout début, quand ce plan de carrière a démarré, on intégrait à peu près 200 Volontaires par an dans la Fonction publique. Mais chemin faisant, je crois que, aujourd’hui, on en fait 1.700 par an. Avec les derniers accords que nous avons eus avec les syndicats, chaque année, la Fonction publique absorbe 1.700 Volontaires. Donc, c’est un pas assez important qui est en train d’être fait. Je n’ai pas le chiffre exact du nombre de Volontaires qui ont été totalement intégrés. Mais, cette volonté de les sécuriser, à mon avis, est absolument claire. Nous allons réfléchir chaque jour pour améliorer les conditions des Volontaires, parce que, il faut le dire, ils sont dignes de respect car ils se sont sacrifiés pour ce pays.

Pour la plupart des cas, des populations nous disaient, lorsque nous avons fait la première évaluation, « mais nous avons besoin de Volontaires ». Car le Volontaire ne vient pas en retard et suit les élèves en dehors de la classe, au niveau du village. Peut-être qu’il faudrait, même si l’Etat pense à une autre forme de recrutement, laisser le volontariat pour que les enseignants soient mieux imprégnés des tâches citoyennes, qu’ils soient des agents de développement, non pas seulement des maîtres. Nous avons vu que dans beaucoup de villages, ils faisaient de l’alphabétisation, aidaient les populations au niveau de la santé, etc.

Mais on vient de loin. Au départ, l’Etat ne pouvait recruter que 500, aujourd’hui on recrute près de 4.000 Volontaires par an. Cela s’est passé à la faveur d’un changement d’orientation politique. Parce que c’était une politique de l’offre. C’est-à-dire l’Etat ouvrait des classes par rapport au nombre d’enseignants qu’il pouvait recruter. Maintenant, on a changé de fusil d’épaule. Aujourd’hui, c’est une politique de la demande. Partout où les populations demandent des classes, des enseignants, il faut mettre une classe. De plus en plus, partout au Sénégal. Et chaque fois qu’il y a la demande, l’inspecteur est tenu d’ouvrir la classe.

Il faut dire que le recrutement des Volontaires passés de 1.200 par an à trois fois plus que ce nombre, induit nécessairement une augmentation des efforts par rapport à l’éthique et la déontologie. D’autant qu’il faut l’admettre, dans la plupart des cas, on ne vient plus à l’enseignement par vocation comme avant. En outre, la formation a changé de résidence car, avant, c’était l’inspecteur lui-même qui formait ses enseignants, de sorte qu’il y avait une certaine affectivité entre les formés et le formateur qui les connaissait tous. Les liens affectifs étaient tels que, partout où il allait, le Volontaire voulait être le meilleur, parce qu’il savait que l’inspecteur n’était pas loin et avait un œil sur lui. Or maintenant, la formation se fait au niveau des Efi (Ecoles de formation des instituteurs) où, de manière presque anonyme, le formateur vient dispenser son cours et s’en va. Donc, ce n’est pas la même chose.

Cependant, dans le référentiel de compétence de la formation, nous avons bien insisté en formation présentielle sur le module de l’éthique et la déontologie sur lequel nous avons travaillé longuement. Mais, il ne faut pas oublier que les lois sont aussi là pour punir les comportements contraires à l’éthique et à la déontologie de la profession d’enseignant. Cela dit, nous prenons en charge cette question dans le forum du site où les enseignants, les inspecteurs, formateurs poseront et discuterons, entre autres, de cette problématique.

Donc, celui qui entre dans le corps, il faudra nécessairement lui faire aimer le métier. Nous inculquons aux Volontaires le devoir pour l’école et de soutien aux populations, à l’environnement social ; c’est cela la philosophie du Volontaire.

Je disais qu’aujourd’hui, la seule porte d’entrée pour être enseignant dans l’élémentaire c’est le volontariat, mais il nous est arrivé de transférer beaucoup de Volontaires vers le moyen et secondaire. Certains sont devenus des inspecteurs de l’Enseignement et de plus en plus nous en avons qui sont titulaires du Doctorat et qui tapent à la porte de l’université. Donc, le Volontaire est en train de traverser tout le système éducatif. Il y a toute une synergie qui est en train de s’organiser pour faire du système éducatif sénégalais un bloc cohérent, soudé autour d’un certain nombre de principes et de valeurs que nous partageons.

Il faut rappeler avant tout que ce projet, entièrement financé par le budget de l’Etat, est parti du constat que le Sénégal reçoit des Volontaires japonais, Indiens, etc., qui quittaient leur pays pour se mettre au service de notre pays. Nous nous sommes dits pourquoi pas des Volontaires bien de chez nous. De là, des jeunes diplômés de l’Enseignement supérieur pour la plupart et qui n’avaient pas d’emploi se sont engagés. Nous leur avons demandé de venir nous soutenir jusqu’au moment où ils pourraient mettre en place leurs projets. C’est ainsi que nous avons recruté, les premières années, des maîtrisards, des licenciés. Et 88 % des premières générations, c’était pratiquement des étudiants de l’Enseignement supérieur. Ce qui veut dire que le niveau était extrêmement élevé. C’est pour cela que la durée du temps de formation (trois mois) suffisait. Parce qu’on se disait : autant le niveau académique est élevé, autant le temps de formation peut être court. Parce que vous êtes des journalistes, vous comprendrez que même si la formation initiale est fondamentale, elle n’est pas déterminante. Ce qui l’est, c’est la formation sur le terrain. Aujourd’hui, nous pouvons nous glorifier d’avoir des collègues inspecteurs, préfets, etc., qui ont été des Volontaires de l’enseignement. Pour dire qu’il n’y a aucune base scientifique qui détermine que le niveau est faible.

Par ailleurs, ce que nous demandons à ces Volontaires pour entrer dans le corps, c’est d’avoir le Brevet, un diplôme académique. Or si on met en cause le niveau, cela signifie qu’il faudrait d’abord mettre en cause le niveau académique. Et, ce ne sera pas simplement des enseignants, mais pratiquement toutes les catégories socioprofessionnelles qui exercent dans ce pays qui seront concernées.

Au contraire, au Sénégal où le taux de scolarisation baissait chaque année, non seulement ces Volontaires ont pu arrêter ces baisses, mais ils ont redonné de la motivation supplémentaire au niveau des enseignants.

En tout cas, vu ce qui est fait jusque-là, les résultats obtenus, ainsi que ce que cela inspire dans d’autres pays de la sous-région, le Sénégal peut être fier de ce projet. Car c’est une expérience, une réflexion des cadres sénégalais, accompagné par le budget sénégalais uniquement. Les premiers appuis que nous avons eus sont venus de la coopération française lorsqu’il a fallu prendre en charge la formation des premiers Volontaires. C’est ensuite que d’autres sont venus en appui, notamment la Banque mondiale qui a octroyé un véhicule. Je salue dans ce sens la volonté de M. Faye de nous accompagner. Il est de l’Enseignement supérieur, il nous a servi sans aucun franc de contrepartie, les contenus sont jusqu’à ce jour l’œuvre de l’équipe technique et pédagogique que je dirige, tout cela pour que l’Education de notre pays aille de l’avant.

Concernant l’accès, il faut garder l’œil sur le rétroviseur. On va chercher encore 17 %. Parce que l’objectif, c’est la scolarisation universelle. C’est la parité « fille/garçon » et le maintien des filles à l’école. Donc, il y a un ensemble de défis que nous nous sommes lancés. Notamment du côté de l’enseignent arabe, franco-arabe ou religieux.

Nous nous sommes rendus compte que les poches de résistance à l’école classique, c’est dans les zones de foyers religieux. Nous devons leur proposer des solutions qui sont conformes à leurs convictions dans le cadre de la dynamique de réponse à la demande d’éducation. Ce que ces zones veulent, c’est une école classique mais avec de l’arabe, de l’enseignement religieux, etc. Voilà pourquoi il y a une politique de développement des écoles franco-arabes, des « daaras » modernes. Nous n’avons donc pas perdu de vue que nous devons gagner cette bataille. Voila pourquoi d’ailleurs nous avons recruté des Volontaires arabes.

Et, la réforme du curriculum de l’éducation de base adapté aux besoins sociaux, culturels et économiques est dans ce sens une réponse de plus. J’ajoute que les populations scolarisables ou scolarisées, qui sont dans les « daaras » ou écoles franco-arabes ne sont pas prises en compte dans le Tbs comme le font du reste des pays comme la Mauritanie ou la Gambie, de sorte qu’ils présentent des taux très élevés.

Il est vrai que l’année dernière, il y a eu un travail qui a été fait, en relation avec la Drh (la Direction des ressources humaines) du ministère de l’Education. Avec la domiciliation des salaires, nous nous sommes rendu compte qu’il y avait effectivement des personnes qui sont fictives. Des mesures ont été prises et les salaires ont été coupés.

Au niveau des Volontaires, cela peut arriver qu’il y ait, dans les 52 Inspections départementales du Sénégal, un ou trois Volontaires (sur 25.000 actuellement) qui passent par les mailles ! Mais, s’ils sont 500, je pense que c’est très grave. Cependant, régulièrement, nous faisons des missions de terrain, de contrôle des effectifs.

Il faut dire que quand un Volontaire quitte, il y a une classe qui est fermée. On peut se demander dans quel intérêt le directeur de l’école, l’inspecteur, serait amené à ne pas signaler cela. Car dans tous les cas, il ne peut pas encaisser ce salaire. Ce n’est pas possible. Le système de paiement est verrouillé. Maintenant, il y a peut-être des insuffisances à ce niveau. Et par rapport à cela, nous ne nous sommes pas arrêtés. En termes de perspectives - comme il est dit plus haut - nous sommes en train de mettre en place une base de données. Les Efi vont toutes être connectées sur Internet et il y aura bientôt un Intranet entre la direction du projet des Volontaires de l’Education et les Efi. De fait, nous aurons une parfaite maîtrise des Volontaires qui sont en formation. Mais cette base de données est transférée au niveau des Iden. Cela nous permettra de savoir ce que chaque Volontaire fait et où il est.

D’ailleurs, il y a une esquisse de base de données mise dans le portail, elle est en construction. Cela entre d’ailleurs dans le cadre du volet gestion de la phase II du Pdef. Et la gestion suppose une rationalisation et une optimisation de nos ressources, aussi bien humaines que matérielles. Sur cette base de données, on a le fichier des Volontaires qui porte le prénom et le nom, le numéro de matricule, le sexe, le lieu de naissance, l’étude d’origine, la génération, les années d’obtention des diplômes académiques, du diplôme professionnel, la situation matrimoniale, l’adresse exacte du Volontaire.

Nous allons mettre son numéro de téléphone, son adresse Internet, la personne à contacter en cas d’urgence et peut-être même la photo du Volontaire. Et nous avons sa carte d’identité, nous connaissons le Volontaire de A à Z, son adresse, la rue où il est, l’école où il a servi la première année, quand est-ce qu’il a commencé, quand est-ce qu’il a quitté de façon précise. Nous les suivrons, parce que nous en avons les compétences techniques, à travers un outil qu’on appelle « suivi-statistique ».

Si, par exemple, vous voulez savoir ce qui s’est passé depuis la création du projet des Volontaires en 1995, en termes d’évolution du Genre chez les volontaires, sa répartition au niveau de l’Académie de Dakar, ou encore en termes de diplômes académiques et professionnels. Cela nous permet de savoir ce que vaut la ressource humaine afin d’avoir une meilleure gestion et d’optimiser nos ressources.

Donc, c’est le but d’avoir une meilleure visibilité que nous sommes en train de ficeler et dérouler tous ces projets.

Mais, il faut dire que nous gérons cette situation. Parce que vous savez, nous faisons des délégations de virement pour le salaire des Volontaires. Ce n’est pas par mois, mais -disons- par tranche de mois ; six mois par exemple. Il peut arriver que lorsque nous avons viré le salaire, le deuxième mois, le Volontaire est parti. Il n’est pas encore remplacé. Mais lorsque nous faisons nos tournées -parce que chaque mois nous sommes sur le terrain- nous nous rendons compte de cela. Nous ne demandons pas un reversement. Mais à la fin du processus, il va rester de l’argent que nous défalquons de la délégation que nous allons faire. C’est comme cela que çà se passe. Maintenant, pour les Maîtres contractuels, nous ne les prenons pas en charge. C’est en fait au niveau de la Dag qu’ils sont pris en charge. Mais, au niveau de nos Volontaires, nous savons exactement où se trouve chaque Volontaire et on suit de très près les salaires.

C’est vrai que la situation de Dakar est extrêmement difficile. Parce que c’est l’Ia (Inspection d’académie) qui paie tous les enseignants (instituteurs, inspecteurs, etc.), tous ceux qui sont payés au billettage (les Maîtres contractuels, les Volontaires). C’est une situation à débloquer, parce que cela n’amène pas la qualité quand des enseignants restent ici deux voire trois jours pour percevoir leurs salaires. Ce n’est pas la même situation dans les régions, les départements, où les Volontaires sont payés parfois dès le 26 du mois. Mais, il peut arriver dès fois, des problèmes de liquidité dans le département. Pour Dakar, nous sommes en train de réfléchir pour contourner cette situation et déléguer directement les salaires au niveau des Inspections départementales.

Parfois les gens, y compris les Volontaires eux-mêmes, ne comprennent pas comment le processus est engagé. L’inspecteur n’a pas de la liquidité avec lui. Quand il fait une ponction, c’est qu’elle est comptable. Ce sont des pièces qu’il envoie au Trésor. Donc, c’est au niveau du Trésor que les ponctions sont opérées. S’il dit que tel enseignant est absent, on lui défalque 6.000 francs Cfa, les 6.000 Fcfa restent au Trésor.

Ce n’est pas l’inspecteur qui les récupère dans le cas des journées de grève. Nous avons reçu beaucoup d’informations de ce genre tendant à laisser penser que c’est l’inspecteur qui a son sac où il garde ces millions destinés au paiement des salaires et qu’il met de côté.

Aujourd’hui, à leur demande, les Volontaires ont un bulletin de salaire. Cela n’a pas été facile de l’obtenir des Finances car le bulletin porte des taxes et impôts. Du coup, le salaire des Volontaires, qui était en fait une bourse sur lequel on n’enlève pas un rond, a été soumis au régime fiscal, de sorte que certains Volontaires ont vu leurs revenus imputés. Ils se sont plaints alors que ce sont eux qui l’ont voulu. Or, puisque c’est une bourse, nous avons voulu que ce soit géré entre le Trésor et l’Iden pour qu’il ne puisse pas y avoir de ponction. Dès fois, ce sont des problèmes d’incompréhension. Mais nous allons continuer à sensibiliser pour montrer que les inspecteurs ne détiennent pas la liquidité, mais tout simplement des pièces comptables. Il est de même pour les formations, il faut des pièces justificatives pour que le Trésor sorte de l’argent.



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