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A QUARANTE HUIT HEURES DE LA TABASKI LES MOUTONS HORS DE PORTEE : Le jeu à l'usure impitoyable entre vendeurs et acheteurs

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A QUARANTE HUIT HEURES DE LA TABASKI LES MOUTONS HORS DE PORTEE : Le jeu à l'usure impitoyable entre vendeurs et acheteurs
A quarante huit heures de la Tabaski, vendeurs de moutons et acheteurs se livrent à un jeu à l'usure. Les premiers haussent les prix tandis que les seconds attendent les derniers moments pour venir acheter. Les choses risquent de se jouer à la dernière minute.

Les points de vente de moutons disséminés dans la capitale dakaroise peinent à se vider de leurs ruminants, à seulement deux jours de la fête de Tabaski. La faute aux prix élevés, pratiqués par «les teefankés». Comme s’ils s’étaient donnés le mot, les prix restent hors de portée. Et ce, malgré la suspension temporaire des taxes, la subvention en aliments et l’approvisionnement des points de vente en eau. Un diktat que refusent d'accepter les acheteurs qui préfèrent attendre les derniers moments pour venir payer un bélier. Ce qui fait des rapports vendeurs acheteurs une sorte de guerre à l'usure ou chacun tente de jouer au plus malin pour dribbler l'autre. 
Au rond-point de Liberté 5, par exemple, les prix varient entre 70 000 francs Cfa et 400 000 francs Cfa. Les plus petits moutons ont vu leur prix fixé à 70 000 francs Cfa, alors que les moutons moyens, auxquels s’intéresse le Sénégalais lambda, se marchandent autour de 110 000 francs Cfa pour des prix définitifs de 90 000 francs Cfa. Les ovins de 50 000 ne sont pas légion. Les quelques bêtes vendues à ce prix ne remplissent pas les critères édictés par l’islam, jugent certains acheteurs. Et même pour ces quelques moutons à 50 000 francs Cfa, c’est après un marchandage serré qu’ils sont vendus à ce prix. 
Mais les moutons dont les prix sont véritablement intouchables restent ceux de chez nous, élevés à domicile. Pour ceux-là, les prix ne descendent pas en dessous de 150 000 francs Cfa. C’est le cas d’«Etalon», un bélier blanc de 17 mois, dont le propriétaire informe avoir fixé le prix à 389 000 francs Cfa. «Ce mouton c’est la progéniture de Général. Si vous êtes amateur de gros moutons, vous avez entendu parler de ce spécimen. C’est un bélier énorme qui a été vendu ici à un million de francs Cfa l’an dernier», confie un «Téfanké» selon qui «Etalon» ne sera pas vendu à moins de 380 000 francs Cfa. 
Et si les vendeurs guettent l'arrivée de potentiels clients, d'autres, par contre, ont déjà entrepris un rude marchandage avec les clients. Des marchandages qui pour la plupart n'aboutissent pas. Car les prix des moutons sont excessivement élevés, selon les acheteurs. Trouvé sur les lieux, Sokhna Diallo, une mère de famille en quête de mouton, a fini par rebrousser chemin car n’ayant pas suffisamment d’argent pour s’offrir un bélier. «Les prix des moutons qu'on m'a proposés sont trop chers. Ces gens-là se moquent de nous. Ils proposent de petits moutons qui valent à peine 40 000 ou 50 000 F et ils veulent empocher 100 000 F à la place, alors qu'ils ne paient même pas de taxes. C'est vraiment incroyable», se désole-t-elle avant d’ajouter : «C'est pourquoi jusqu'à présent je n'ai pas acheté de mouton. Je rentre à la maison parce que je n’ai pas assez d’argent pour me payer un mouton. Je vais essayer de trouver une solution, mais il faut que le gouvernement réagisse. Parce que cela ne peut pas continuer». 
«Combien, coûte ce bélier ?», lance Diouf, un autre acheteur rencontré sur place. «Pour ce mouton, il faut donner 100 000 F», rétorque le vendeur. Surpris par le prix avancé par le vendeur, Diouf lui jette sur la figure : «100 000 F tu rêves ou quoi ? 60 000 F, c'est tout ce que je peux payer». Le berger peulh de porter la réplique en confiant qu’il ne peut pas céder le bélier à moins de 90 000 F. C'est le dernier prix. 
Désemparé, M. Diouf qui n’a pu s’accorder avec le vendeur explique : «Je pense que je vais rentrer bredouille. Tous les moutons que j'ai eu à demander coûtent entre 90 000 et 150 000 F. Je n'ai même pas vu de mouton de 50 000 F. J’espère que d'ici la Tabaski, les prix vont baisser pour que tout le monde puisse avoir un mouton à sacrifier le jour J». 
Du côté du point de vente de Fass, le scénario est le même. Rares sont les moutons qui sont vendus à moins de 60 000 francs Cfa. Ici, les «Téfankés» cèdent d’ailleurs les bêtes à partir de 70 000 francs Cfa. Les prix pouvant même tourner autour de 500 000 francs Cfa pour les moutons de race. 
Mais si les vendeurs qui ont inondé les abords du canal de moutons de toutes catégories cherchent par tous les moyens à convaincre les clients, ces derniers, malgré de très longs marchandages, ne parviennent pas à s’accorder avec eux. Mariama, une dame qui était en compagnie de son époux est rentrée bredouille. «Les prix des moutons à l'heure actuelle sont trop chers. Je voulais acheter un mouton, mais je rentre jusqu'à la veille de la Tabaski pour revenir acheter. J'ai marchandé avec beaucoup de vendeurs, mais c'est la même chose. Pour un tout petit mouton, ils disent 100 000 ou 90 000 F. Et c'est comme cela partout. Je suis allée au niveau de quelques points, mais les prix sont partout les mêmes», fulmine-t-elle. 
À la Zone B, sur le Boulevard Dial-Diop, l’affluence est minime. Mais, ici comme à liberté 5 et à Fass, les prix restent pour le moment élevés. Ce qui fait qu’à deux jours de la Tabaski, une bonne partie des Dakarois ne dispose toujours pas de mouton pour perpétuer le sacrifice d'Abraham. Cependant, force est de noter que les prix du mouton sont aussi fonction des quartiers où se situent les points de vente. Dans les quartiers populeux de la banlieue de Dakar, les prix sont plus abordables que dans les environs des quartiers habités par des gens de la classe moyenne ou bien les quartiers huppés comme Sacré-Cœur, Almadies, etc. 
Ce qui est sûr, c'est que c'est au dernier moment seulement que va se décider le vainqueur de ce jeu à l'usure entre les vendeurs et les clients. Soit les prix resteront en l'état et cela fera leurs affaires, soit ils baisseront et les acheteurs en tireront le plus grand profit. 

Quand Khombole, Toubatoul, Ngoudiane s’alignent sur les prix de Dakar

Que de désillusions, hier matin, pour les Dakarois qui fuyaient les prix exorbitants pratiqués par les vendeurs de moutons dans la capitale pour espérer acheter à moindre prix dans l’intérieur du pays. Ils sont tombés dans un véritable piège. Une féroce spéculation frappe les prix des ruminants dans les principaux centres de vente de moutons. 
A Khombole, pourtant réputé pour ses bons moutons pas chers vendus par des maures qui ont hâte de palper leur argent et rentrer chez eux, c’était l’enfer des prix. De troupeau en troupeau, les prix pratiqués ressemblent étonnamment à ceux de Dakar. Un bélier véritablement moyen, les vendeurs vous le fixent à 80 000 F Cfa au minimum. À prendre ou à laisser. Les moutons qui ont une certaine allure et qu’ils qualifient de «xar bu mag» (gros bélier) cherchent dans les 120 ou 130 000 F Cfa. Des prix à débattre, mais qui ne crèvent pas le plancher de 95 000 F Cfa. Comme s’ils s’étaient tous passé le mot, les maures tiennent à la gorge les acheteurs. Déjà assez dépités d’avoir fait tout ce trajet, beaucoup finissent par acquérir, juron à la bouche, un bélier qu’on aurait pu avoir sans peine, à Dakar au même prix. Au risque de rentrer bredouille. 
Quand on s’enfonce encore plus dans l’intérieur, le scénario est le même. A Toubatoul, Ngoudiane, Lambaye, Ndangalma ou Bambey, c’est le même fantasme des «Téfankés» pour la centaine de milliers de francs Cfa. Dès qu’un mouton est grassouillet, qu’importe sa taille, il est digne de plus de 100 000 francs. Même les villageois qui exposent leurs moutons, ou qui attachent leurs béliers sur le bord de la route, ou encore les bergers solitaires croisés au hasard de la route, sont synchronisés sur les prix de Dakar. Un mouton de 50 000 F Cfa, c’est du «rày mu dee, ràyul mu dee» (un mouton maigre). Un peu comme dans la capitale. 

AMADOU GAEL KA, PRESIDENT DE L'UNION NATIONALE DES ELEVEURS : «Les prix ne sont pas chers, ce sont les acheteurs qui prétendent à des moutons hors de leur portée»

Le président de l'Union nationale des éleveurs du Sénégal, Amadou Gael Ka, n'est pas du même avis que ceux qui disent que les prix des moutons sont élevés au niveau des différents points de vente disséminés un peu partout. Selon lui, «les prix ne sont pas chers, ce sont les acheteurs qui prétendent à des moutons hors de leur portée». 
A 30 000 francs, il est possible d'avoir un mouton répondant aux critères de la Tabaski, précise-t-il. Mieux, il explique qu’au niveau des différents points de vente, nombreux sont ceux qui achètent un mouton cher, et qui accusent les «téfankés», alors qu’ils n'y sont pour rien. «Tout est la faute des rabatteurs. Pour un mouton de 30 000 francs, ils rajoutent 10 000 F alors que le plus souvent, nous les vendeurs, nous n’avons que 25 000 F de bénéfice par mouton», explique-t-il avant de conseiller aux clients : «mieux vaut traiter directement avec l'éleveur». 
Quant à la levée de la taxe, il souligne qu'elle ne peut pas avoir une grande incidence sur le prix. «Les 100 F de taxes éliminés ne peuvent pas trop influer sur le prix du mouton», martèle-t-il. Le point avantageux pour les éleveurs, souligne-t-il, c'est l'alimentation du bétail avec un stock de 130 tonnes déjà disponible. Mieux, explique-t-il, la tonne d'aliment qui était de 3300 F l'année dernière est passée cette année à 2750 F. 
L'éleveur se réjouit de la sécurité dans les points de ventes. «Ils sont plus sécurisés cette année et nous y disposons suffisamment d'eau et d'aliments». Il se félicite qu'il n'y ait pas encore de coupure d'électricité ; et que les seuls cas de vol recensés jusqu'à maintenant ont eu lieu à Thiaroye. «Ce point de vente toléré n'est pas totalement sécurisé, et les vendeurs se plaignent de cette négligence», regrette-t-il. 

ALGOR THIAM INSPECTEUR RÉGIONAL DES SERVICES VÉTÉRINAIRES DE DAKAR : «L'Etat a levé les taxes, mais les prix sont libres»

Malgré les taxes levées sur les moutons venant de la sous-région, le constat est que le prix des moutons reste toujours cher. Une situation sur laquelle l'Inspecteur régional des services vétérinaires de Dakar, Algor Thiam, s'est prononcé. 
«L'Etat a levé les taxes mais les prix sont libres, parce que quand un berger vend son mouton, il n'est pas contrôlé», précise Docteur Thiam. «Si les taxes sur les moutons venant de la sous-région ont été levées, c'est pour qu'il y ait beaucoup de moutons et que les prix baissent», ajoute M. Thiam. Ce qui signifie qu'après avoir obtenu la levée des taxes, les vendeurs ne subissent aucun contrôle pour que l'objectif visé à travers cette mesure qui est la baisse des prix, soit atteint. 
Cette cherté des coûts du mouton, l'inspecteur régional des services vétérinaires de Dakar considère qu'elle est à relativiser, puisque la tendance varie d'une localité à une autre. Selon lui, «à la Séras, les prix ne sont pas chers parce que presque tous les moutons qui viennent de l’intérieur du pays sont concentrés là-bas». 
Avouant l’absence de tout moyen de contrôle sur les vendeurs, Dr Thiam renseigne : «notre travail est d'assurer la sécurité, l'eau et l'électricité aux vendeurs. Pour les mettre dans de bonnes conditions de vente». Un même dispositif a été installé au niveau de 18 points de vente normalisés existant un peu partout dans la région de Dakar. 



10 Commentaires

  1. Auteur

    Ibou

    En Novembre, 2010 (16:12 PM)
    namena tabaski senegal akh demm niani ndewenal :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad: 
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  2. Auteur

    Scaletta

    En Novembre, 2010 (16:13 PM)
    Il faut prendre les "thiogal", c'est plus abordable et c'est plus Saf !
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    Auteur

    Matay

    En Novembre, 2010 (16:41 PM)
    Tabaski = pratiques paiens hérités du moyen âge!!!

    Imaginez un dieu qui demande à un homme de tuer son fils? mdr  :haha:  :haha: 

    Vous croyez toujours à ces contes et légendes arabes  :tala-sylla: 

    En fin de compte c'est vous les moutons  :-D  :-D  :-D 
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    Auteur

    Neoclassique

    En Novembre, 2010 (16:51 PM)
    kou amoul khar dieufandikou mbame dou dépasser 100 000 té dagane na mako wakhhhhhhhhhhhh mdr
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    Auteur

    Néoclassique

    En Novembre, 2010 (16:52 PM)
    kou amoul khar dieufeundikou mbame té dagane na mako wakh mdr bonne fete waye
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    Auteur

    Bara

    En Novembre, 2010 (16:56 PM)
    «Les prix ne sont pas chers, ce sont les acheteurs qui prétendent à des moutons hors de leur portée»

    Encore des Sénégalerie!! Finalement dans ce pays tout le monde est hypocrite et cupide!!



    ils ont pleurnicher jusqu'à ce que l'Etat enlève les taxes!! Je me demande à quoi cela a servi



    Triste Sénégal :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :sad:  :?:  :?:  :?:  :?:  :?:  :?:  :?: 
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    Auteur

    Mooyéne

    En Novembre, 2010 (17:08 PM)
    ET SI ON BOYCOTAIT LES MOUTONS? :?:  :?:  :?: 
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    Auteur

    Moror

    En Novembre, 2010 (17:26 PM)
    «Les prix ne sont pas chers, ce sont les acheteurs qui prétendent à des moutons hors de leur portée»



     :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D  :-D 
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    Auteur

    Moise

    En Novembre, 2010 (17:39 PM)
    sama gayyi kou may diapale thie khar bok



    tabaski daf ma warr de
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    Auteur

    Maa

    En Octobre, 2013 (11:40 AM)
    A MATAY, NOUS TE FERONS BIENTÔT GRAVIR UNE PENTE RUDE. OUI, BIENTÔT. Et tu souhaitera etre mouton, ou meme bouc; et tu ne le pourra point
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