À Dakar, Martine Aubry ne dévie pas de sa ligne

En se déplaçant au Forum social mondial, la première secrétaire du PS pensait marquer des points dans la course à la présidentielle. Jusqu'à mercredi et les propos d'Anne Sinclair... 

 Elle s'y attend... La question sur la phrase d'Anne Sinclair… De retour de son entrevue avec le président sénégalais Abdoulaye Wade, Martine Aubry se soumet à l'exercice. «J'ai déjà dit que je ne commenterai pas les petites phrases, fussent celles de mon amie Anne Sinclair» , la première secrétaire du PS, qui depuis cinq jours se trouve à Dakar. «Chacun a le droit de s'exprimer, je suis pour la liberté d'expression, c'est ce qu'on défend ici au Forum social mondial.» Revenir à la charge, c'est l'exaspérer : «Cela n'a aucune importance, vous ne comprenez pas les enjeux.» Ou encore : «Vous êtes givrés, allongez-vous.» 

«Nouvelle alliance »

 La première secrétaire du PS n'est pas du genre à se plier aux exigences médiatiques ni à se laisser perturber par les affaires de Solferino, alors elle ne veut pas en dire plus. «On ne va pas mettre sur le même plan une phrase d'Anne Sinclair et le discours de Martine Aubry», s'offusque le secrétaire national aux droits de l'homme, Pouria Amirshahi. L'enjeu, pour Martine Aubry, c'est le discours sur l'Afrique qu'elle a prononcé mercredi. En se déplaçant au Sénégal, dans le cadre du Forum social mondial, Aubry aurait pu espérer marquer des points dans la course à la présidentielle. 

Les ONG et les associations présentes sur place ne cachent pas leurs réticences vis-à-vis du FMI et de son directeur général. «Il n'y a pas eu de changement particulier depuis que DSK est à sa tête», regrette l'une d'elles. Au sein de la délégation socialiste, les partisans d'Aubry sont nombreux. «Elle sera mieux à même de rassembler la gauche», assure une députée européenne. Dans l'entourage de la première secrétaire, on ne pouvait donc qu'être ravis. Jusqu'à mercredi… «Ce qui imprime, c'est ce qu'on fait avec sérénité, avec une ligne», veut cependant croire le directeur de cabinet de la première secrétaire, Jean-Marc Germain, qui répète son discours sur l'importance du rassemblement du PS en vue de 2012. «Quand Dominique et elle veulent se parler, ils se parlent», poursuit-il pour faire comprendre que l'entente entre les deux est toujours d'actualité.

 L'entourage de la première secrétaire ne veut pas alimenter le jeu des ambitions. «Elle sera la femme la plus contente du monde si la gauche gagne la présidentielle», assure-t-on. Même si ce n'est pas elle. Après avoir promu un «autre monde» dans le cadre du Forum social des altermondialistes, Aubry a défendu mercredi un autre regard sur l'Afrique qui «s'éloigne d'une vision compassionnelle». «Il faut tourner définitivement le dos aux pratiques postcoloniales», a-t-elle ajouté avant de proposer une «nouvelle alliance » entre les deux continents. Elle a aussi répondu au très controversé discours de Dakar prononcé par Nicolas Sarkozy en juillet 2007. «L'homme est né en Afrique.

 C'est par ce continent que le monde s'est peuplé. Il faut le dire à ceux qui l'ignorent», a-t-elle lancé. Dans un discours plus technique qu'habité, veillant à démontrer sa bonne connaissance des problématiques du continent, la première secrétaire a balayé tous les aspects de la situation africaine. Elle a insisté sur les atouts et le potentiel du continent. Elle a cherché à poser différemment la question de l'immigration en observant que la plupart des mouvements de population avaient lieu entre pays du continent plutôt qu'entre les deux rives de la Méditerranée. Martine Aubry n'aime pas les visions imposées.