Profitant des facilités technologiques, l'audiovisuel sénégalais a connu un soudain essor qui s'est manifesté avec l'apparition inopinée de nombreuses séries télévisées parmi lesquelles : un Café Avec, Buur Guéwél, Dinama Nékh, Double Vie, Wiri Wiri, etc. Vautrés dans leur salon, les spectateurs ont le choix, ce qui n’est pas pour leur déplaire. Leur succès fulgurant est tel que, pour les téléspectateurs, certaines préférences (plus ou moins idéologiques) apparaissent et nourrissent la concurrence entre les séries. L'idée fanfaronnée plus ou moins était que le célèbre "Café Avec" ne reflétait pas la "réalité sénégalaise" comme le ferait une autre série phare tel que "Wiri Wiri". Avant d'étudier profondément ce concept rabâché à tout coin de rue, Walabokk sonde et répertorie certaines récurrences narratives estampillées "réalités sénégalaises" de nos séries télévisées. On y go !
Le tekk deal est un sport national
"Ken du ligeey xaliss, da niu key lijënti". C’est toujours la même rengaine absurde qui revient. Ainsi, la plupart des personnages de nos séries, pour atteindre leurs fins, ont, comme par hasard, souvent la même idée : Tekk Deal. Rappelez-vous les photos mises en scène par Lissa et les litiges avec Thierno Diallo dans Un Café Avec, la mallette et la caméra de Tundu Wundu, les infaillibles techniques de Daro et Mounass pour tromper les hommes ou même les plans machiavéliques de la jeune Queen Sy. Il y en a même une toute dernière intitulée Tekk Tegui. De fil en aiguille, ce phénomène fait son nid dans notre culture et se fait accepter comme une réalité essentielle de notre quotidien, nous poussant même à croire que c'est la télévision qui influence secrètement l'opinion générale et non le contraire. La plupart de nos pieux compatriotes vivraient donc de "Tekk Deal" acharné ? Konn affaire bi, c'est alarmant deh! "Passe ma télécommande bi !"
Les femmes ne font que du Mbaraane
Se réveiller. S'habiller. Se maquiller (style "Chez Fleur"). S’affaler dans son canapé. Recevoir des hommes. Négocier, mettre en vente son "amour" avec un et/ou plusieurs mecs (hors caméra, le spectateur lambda comprendra qu’il s’agit de son corps, mais chuuut, c’est un sujet tabou). Manigancer le plan qui va détruire le couple en ligne de mire. En résumé, voici le job de nos femmes dans nos séries télévisées. Approuvent-elles ce portrait ? Motus et bouche cousue. Le schéma est simpliste : soit elles acceptent d’être des proies assujetties au bon vouloir des hommes, ou bien elles sont des prédatrices croqueuses d'hommes à la poche facile. Si par chance, elles ont un peu d’entrain, c'est pour ouvrir un salon de coiffure et bavarder à longueur de journée. Et les belles-mères qui sont les chefs de la mafia ? N'en parlons même pas.
On ne dit pas que les femmes ne peuvent pas se comporter de cette manière, mais c’est juste que l’on se pose la question de savoir si cette représentation de la femme sénégalaise est forcément une "réalité sénégalaise". Si oui, il est temps pour nous les hommes de prendre la poudre d’escampette ! C’est le sauve-qui-peut ! "Boy bayil rek ma changé télé bi !"
Les relations homme/femme : Argent et Manipulation
C'est un sujet en lien direct avec les points cités plus haut. Par ricochet, la plupart des relations de couple sont régies par le mensonge, la manipulation et l'argent. Mais bien sûr ! Ce n'est pas la mère de "Khadouch" dans "Chez Fleur" qui dira le contraire. Cette bonne dame a brillamment réussi (avec l'humour) à commercialiser les relations de ses filles. Quant à Dinama Nekh, c'est le business matrimonial le plus florissant du pays ; "Le nerf de la guerre", dira-t-on. En effet, selon nos séries, le mariage est un champ de bataille où le mensonge et la manipulation règnent en maîtres de la vie conjugale. Les hommes comme les femmes peuvent, tour à tour, devenir des marionnettes guidées par le bon vouloir des manigances et des billets de CFA. Demandez à Soumboulou la raison pour laquelle elle pleurait autant lors de son mariage dans "Wiri wiri". Repensez aux chaudes larmes de Maïmouna à quelques encablures du lieu de son mariage à la fin de la saison 1 de Dinama Nekh. Ces fictions seraient-elles donc le reflet d'une société sénégalaise hypocrite et tordue à souhait ? "Jotali len ma télécommande bi. Gni degn mey titeul!!"
La grossesse, un traumatisme sénégalais ?
Alors là. C'est le moussiba suprême. Déjà que la vie conjugale est un champ de bataille ensanglanté, pour la femme, tomber enceinte devient le coup de grâce. Il faut savoir que dans nos séries, il est très rare de retrouver un scénario où la grossesse est signe d’un bon présage. Souvenez-vous de la grossesse mouvementée de Lissa dans Un Café Avec, Modou Mbaye "le metteur enceinte" en série des minettes dans Buur Guéweul, et dans cette même série, la méfiance de Kiné envers sa coépouse suite à sa récente grossesse. Nos personnages fuient littéralement les bébés et par là, leurs responsabilités. Ainsi, la réalité insinuée par allégorie serait-elle que nous faisons tous semblant d'être forts et responsables mais au moment fatidique, on détale comme des tapettes ??? Répondez avant que la télécommande ne zappe !
Le téléphone portable, notre meilleur ami... ou ennemi !
Cathy, Lissa et Soumboulou sont très connues et adulées. Mais les téléphones portables sont les vraies stars de nos séries. Essayez de chercher un épisode dans lequel on ne passe pas un coup de fil. Ces petits machins contrôlent littéralement les péripéties de nos personnages, qui, par conséquent, en sont "narrativement" dépendants. Tekk Deal, chagrins d'amour, rumeurs et réconciliations, c'est-à-dire tout ressort dramatique, est obligé de passer par l'opérateur de téléphonie avant d'arriver aux oreilles des protagonistes. Ceci dit, ce gimmick, redondant à la longue, est tout sauf une alternative créative dans la narration, mais une facilité qui, cette fois, montre nos lacunes en matière d'écriture. Ou bien est-ce que c’est l'opérateur de téléphonie qui paye pour une publicité dissimulée dans chaque séquence ? La réponse est non bien sûr ; la vérité est que c’est la réalité sénégalaise que l’on nous décrit ici : eh oui, les Sénégalais sont de grands accros du portable. On peut zapper là non ?
9 Commentaires
Anonyme
En Février, 2016 (16:29 PM)Anonyme
En Février, 2016 (17:25 PM)Mly
En Février, 2016 (18:11 PM)Pape Alioune Diop
En Février, 2016 (08:41 AM)Djourhi
En Février, 2016 (10:15 AM)Il fait quand même un mauvais procès à Buur Guewel en se contentant du seul comportement de Modou Mbaye. Je trouve que cette série est raccord justement avec les réalités de notre société : la femme (Coumba) qui n'arrive pas à enfanter, l’immixtion trop intrusive de la belle mère ds le ménage, les médiocrités de Biram Codou, etc. On est loin de la vie Jet Set qu'essaie de nous vendre Un café avec.
Walabook
En Février, 2016 (12:16 PM)Anonyme
En Février, 2016 (15:33 PM)Anonyme
En Février, 2016 (14:47 PM)Wiri Wri Diary Ndari
En Février, 2016 (01:00 AM)bande de jaloux !!!!
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