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2ème session de la cour d’assises de dakar - ACCUSES, LEVEZ-VOUS ! Assassinat, meurtres, vols aggravés et infanticides à la barre

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2ème session de la cour d’assises de dakar - ACCUSES, LEVEZ-VOUS ! Assassinat, meurtres, vols aggravés et infanticides à la barre

La 2ème session des assises 2007-2008 de Dakar débute aujourd’hui jusqu’au 25 janvier. La Cour, présidée par le juge Demba Kandji, connaîtra des affaires d’assassinat, de meurtres, de vols aggravés et d’infanticides. Les avocats généraux sont Ndiaga Yade et Cheikh Tidiane Ndour. Nous vous livrons ici les faits ayant valu à la vingtaine d’accusés de passer à la barre.

Victime de son amour propre

Ibrahima Diallo est un adepte de Bacchus. Il avait coutume, à chaque fois que sa bourse le lui permettait, de se rendre dans les bars pour se livrer à son jeu favori : picoler. Le 25 février 2001, aux environs de 23 heures, à la sortie d’un bar de Guédiawaye, il fut abordé par Mamadou Diaw qui lui proposa du chanvre indien. Une offre qu’il soutient avoir déclinée. Non content de la réponse, poursuit l’accusé, Mamadou Diaw le traita de « faiseur de malin » avant de lui arracher la cigarette qu’il avait aux lèvres. Il s’ensuivit une bagarre au cours de laquelle Ibrahima Diallo affirme avoir reçu un coup de poing au menton et un coup de couteau à la fesse droite. Séparés par des passants, il rentra chez lui et, touché dans son amour propre, il revint sur les lieux armés de deux couteaux pour se venger. Il asséna des coups de couteaux à sa victime qui finit par succomber à ses blessures, quelques instants plus tard. Le certificat genre de mort établi le 28 février 2001 fait état de plusieurs plaies cutanées musculaires et vasculaires causées par arme blanche. Agés de 32 ans aujourd’hui, Ibrahima Diallo, le premier accusé à passer à la barre, répondra devant la Cour du crime d’assassinat.

Un dada pour les portables

C’était il y a 7 ans. Abdoulaye Diallo alias « Ablaye », avec sa bande, écumait les passants qui empruntaient les rues de Colobane et ses alentours. Dès la tombée de la nuit, ils agressaient avec une obsession mortelle pour les porteurs de téléphones cellulaires. En 2000, seuls quelques privilégiés pouvaient se payer ce gadget. La bande, composée d’Abdoulaye Diallo, Insa Mané dit Insa, Abdou Karim dit « Pabougatt », molestait et délestait toute personne qui avait le malheur de croiser son chemin et ne reculait devant rien. Même les personnes âgées n’échappaient pas à leur loi. Le 22 mai 2001, Mbassa Thiam, âgé de 62 ans, en empruntant la rue longeant l’entrée principale du Lycée John F. Kennedy, ne savait pas qu’il avait rendez-vous avec la mort. Vers les coups de 23 heures, il reçut un coup mortel d’Abdoulaye Diallo désigné par les autres membres de la bande comme l’auteur du geste fatal. Quelques jours plus tard, il fut arrêté pour une affaire de vol en réunion d’un téléphone portable. Extrait de prison, il nie les faits en chargeant les autres pour les disculper après. Il répondra avec Insa Mané de vol en réunion commis la nuit avec port d’arme et violence ayant entraîné la mort.

Victime de l’école de la rue

El Hadji Diagne dit Forman peut être appelé « enfant de la rue ». Né de parents divorcés, il apprit très tôt à se prendre en charge dans cette école pas des meilleures : la rue. Il n’hésitait pas à agresser pour se faire un peu d’argent et subvenir à ses besoins. Le soldat de première classe Ismaïla Camara croisa son chemin le 28 août 1993. Se rendant au camp Leclerc, il est suivi par El Hadji Diagne près du carrefour situé entre la caserne Sékou Mballo, le marché grand Yoff et Liberté 6 prolongée. Il le rejoignit pour lui asséner un coup de couteau à la nuque. L’agresseur fut formellement identifié par deux témoins : Sidy Keita et une dame nommée Niang. La perquisition effectuée à son domicile permettra aux enquêteurs de saisir deux couteaux dont un poignard. Il aura à répondre devant la Cour de meurtre, vol de nuit avec usage d’armes et de violences.

Folie meurtrière ?

Amadou Mamadou Kane dit « Doro » fait partie de cette catégorie d’hommes dont bien des femmes ne souhaiteraient pas que leurs chemins se croisent. Il est décrit par ses voisins comme un mari qui battait régulièrement sa femme Ndimou Niang. D’ailleurs, l’un d’eux soupçonnait en lui une jalousie. Un mois après leur déménagement au quartier Hamdalaye IV de Thiaroye, il commit l’irréparable en tuant son épouse et sa fillette âgée d’environ deux ans. Le drame arriva, malgré les suppliques de sa femme lui disant : « Doro tu vas me tuer ». Pour expliquer son acte, Amadou Mamadou Kane dit avoir agi sous l’emprise d’esprits maléfiques. Le rapport d’expertise psychiatrique a conclu à l’existence d’une épilepsie temporaire sans établir de façon formelle que l’accusé était en état de démence au moment des faits. Amadou Mamadou Kane dit Doro aura à répondre devant la Cour du crime de meurtre.

Bande organisée

Alassane Coly, Ibrahima Seck dit « Vieux », Oumar Senghor et le reste de la bande formaient un gang bien organisé qui opérait à la faveur de la nuit. Le modus operandi consistait à se constituer en deux groupes, le premier avait la charge de subtiliser les biens des victimes en les menaçant, le deuxième de bien corriger ceux qui osaient manifester une résistance. Le 28 décembre, alors que la bande se rendait à une soirée dansante, la dame Ngoné Diokhané, accompagnée par son frère Serigne Mbacké Diokhané, subit la dure loi des agresseurs. Le premier groupe composé d’Oumar Senghor et Gagne Keita, sous la menace d’un couteau, lui arracha son sac contenant un portable avant de prendre la fuite. Son frère Serigne Mbacké Diokhané, qui voulait poursuivre les malfaiteurs, fut encerclé par le deuxième groupe composé d’Arona Thiam, Ibrahima Coly et Alassane Coly qui le rouèrent de coups de couteaux. Lors de leur interrogatoire, ils ont avoué avoir l’habitude d’agir en bande structurée, armés de couteaux, sous l’impulsion d’un chef dont le seul but était de commettre des infractions après des plans savamment mûris. Ils répondront devant la Cour de meurtre, association de malfaiteurs, vol en réunion commis la nuit avec violence et usage de véhicule.

Terreur au terminus Tally Boubess

S’il y a quelqu’un que le passé pénal dessert jusqu’à ce qu’il s’en serve pour espérer se tirer d’affaire, c’est bien le jeune Papa Abdoulaye Falla alias « Palaye ». Ce garçon, qui soufflera en février prochain sa vingt-huitième bougie, veut se présenter en bouc émissaire à qui l’on voudrait faire endosser plusieurs cas de vols de téléphones portables, sommes d’argent et cyclomoteurs survenus au même endroit : le terminus de Pikine Tally Boubess. C’est ainsi qu’il fut extrait de sa cellule de prison pour être inculpé et interrogé le 16 septembre 2002. Mais « Palaye » dit ne pas connaître François Gomis et Baba Yaradou qui seraient ses camarades de bande. Il endosse juste plusieurs agressions perpétrées de concert avec son compère Saliou Diouf dit « Zale » contre des cyclomotoristes. Et, une fois qu’ils s’emparaient des motos, ils les revendaient à deux receleurs établis au carrefour Tally Boubess. Pour ces activités délictuelles, « Palaye » comparaîtra devant la Cour pour vol en réunion la nuit avec usage d’armes et de violences. Le hic, c’est que le bonhomme et son unique co-accusé, François Gomis, soutiennent qu’ils ne se connaissent même pas. Et pourtant, plusieurs victimes d’agressions survenues dans la zone les indexent. Courant août-septembre 2001, munis d’armes blanches, ils auraient attaqué Al Housseynou Dia, Moussouba Doumbouya, Oumar Mbow pour les délester de leurs biens. Ayant été poursuivis dans le passé à plusieurs reprises pour des faits délictuels, Abdoulaye Fall et François Gomis ne pourront pas compter sur l’enquête de personnalité peu reluisante les concernant.

Le troisième enfant de trop

Laquelle des deux versions divergentes servies l’une à l’enquête policière et l’autre devant le juge d’instruction Fatou Sarr dite « Pithiote » réitérera devant la Cour d’assises qui la jugera pour infanticide ? Voulait-elle échapper à la honte jusqu’à commettre l’injustifiable ? « Pithiote » était déjà mère de deux enfants de pères différents. Et un troisième enfant naturel dans ce contexte allait faire de sa famille la risée du coin, avait-elle pensé. Née en 1969, cette fille que l’on présente comme communiquant peu avec son entourage n’a jamais connu le mariage. Elle se contentait de son travail d’éboueuse pour soutenir sa mère. Malheureusement, elle contracta une troisième grossesse à l’âge de 25 ans. Elle réussit à tenir au secret son état et ne consulta aucun médecin pour le suivi de sa grossesse. Le jour de la délivrance, elle préféra un endroit désert fatal à son enfant, on ne sait dans quelles circonstances.

En tout cas, il est constant qu’elle a mis au monde un enfant de sexe féminin, vivant, mais qui est mort par la suite. Les policiers du commissariat de Dieuppeul, avisés le 5 février 2004 de la découverte du corps sans vie d’un nouveau-né dans un dépotoir d’ordures à la Sicap Baobabs, interpellèrent Fatou Sarr dénoncée par une information anonyme. Elle passa aux aveux à la police. Elle avait accouché seule, sans problème, dans un endroit désert. Ensuite, elle tira sur le cordon ombilical enroulé autour du cou de l’innocent être qui venait de sortir de ses propres entrailles « jusqu’à ce qu’il ne bouge plus ». Et, naturellement, l’enfant mourut et son corps fut jeté par sa mère dans un seau servant de poubelle sur un dépotoir d’ordures.

Mais, devant le juge d’instruction, « Pithiote » servit une autre version selon laquelle l’enfant, une fois expulsée, était tombé par terre. Une chute, dit-elle, qui a dû lui coûter la vie. Malheureusement, le certificat de dépôt de cadavre n’a pas déterminé la cause de la mort. Mais l’enquête a retenu que Fatou Sarr a volontairement donné la mort à son nouveau-né. A elle maintenant de convaincre la Cour si elle veut défendre la thèse de la chute accidentelle fatale.

Ossements de nouveau-né

L’histoire de la jeune Sokhna Kâ ressemble à bien des points à celle de Fatou Sarr « Pithiote ». Cette fille âgée de 25 ans, poursuivie du crime d’infanticide, est créditée d’une bonne éducation et entretient de bonnes relations avec son entourage. Sa mère la protégeait trop même, à en croire l’enquête de personnalité. Fille de ménagère et habitant le quartier Thiaroye Gare, Sokhna a eu dans le passé un premier enfant. Là voilà encore traînant une autre grossesse. Mais elle prit le soin de tout cacher à son entourage. Pire, elle n’avait effectué aucune visite prénatale. Même sa propre mère qui la chouchoutait n’était au courant de rien. La fille vivait seule son histoire, jusqu’au jour où l’on découvrit les restes du cadavre d’un nouveau-né. Le 13 avril 2005, le nommé Mbaye Diabaye alerta les gendarmes de la brigade de Thiaroye d’une découverte macabre qu’il venait de faire près de son domicile. Selon l’enquête, M. Diabaye pensa qu’il s’agissait des ossements de l’enfant que portait sa voisine Sokhna Kâ. Les ossements étaient enveloppés dans du tissu et on pouvait deviner que c’était un bébé.

Arrêté par les gendarmes, Sokhna Kâ passa aux aveux, mais en précisant que l’enfant était mort-né, qu’il n’avait pas crié et qu’il était resté inerte. Alors, racontait-elle aux gendarmes, elle l’enveloppa dans un morceau de tissu avant de le jeter par-dessus l’étage sur des briques disposées dans la parcelle se trouvant à côté de leur maison. Si l’enfant est mort-né, pourquoi se débarrasser de la sorte de son corps ? Les enquêteurs sont restés dubitatifs, d’autant plus que Sokhna Kâ reconnaît avoir secoué l’enfant pour savoir s’il était vivant ou mort avant de se débarrasser de lui. Ce sont des ossements qui furent découverts plus tard, enveloppés dans un pagne, le tout placé dans une bassine sur laquelle était posée une brique. Ce qui n’avait laissé aucune chance à l’enfant, estime l’enquête. La fille soutient avoir jeté un cadavre, mais curieusement, l’enquête ne fait état d’aucune lésion sur le corps après une chute d’au moins six à huit mètres.

Octogénaire jugé pour meurtre

Lors de la cérémonie de sélection des jurés, tout le monde se demandait ce qu’avait pu faire un vieillard né en 1926 lui valant d’être attrait à la barre de la Cour d’assises. Mbaye Ngom est très vieux. Mais il a tué le cireur Demba Ndiaye qui a l’âge de son petit-fils, comme il a eu à le dire. Le vieillard qui gagne sa vie en mendiant a commis l’irréparable parce que tout simplement le cireur Demba Ndiaye lui réclamait la somme de 100 francs après lui avoir ciré ses chaussures. Le 4 mai 2001, le mendiant avait confié ses chaussures au jeune homme établi au marché de Grand-Yoff, à charge pour ce dernier de les cirer. Revenu le même jour vers 16 heures pour récupérer ses chaussures, Mbaye Ngom se vit réclamer par le cireur 100 francs représentant le salaire de ce service rendu avant toute restitution de la paire. Mais, le vieil homme lui rétorqua qu’il avait déjà payé au moment de requérir ses services.

C’est à partir de là que le mendiant sert deux versions différentes. A la police, Mbaye Ngom avait ajouté que, dans une ambiance de plaisanterie, il avait brandi en direction du cireur sa canne qu’il utilisait pour marcher. Mais, Demba Ndiaye aurait décrypté cet acte comme une menace, il se serait énervé puis se serait rué sur le mendiant qu’il aurait repoussé de quelques mètres, devant tout le monde. Rudoyé publiquement par un jeune, Mbaye Ngom se vexa et, sous l’emprise de la colère, sortit de son sac un couteau. Un coup partit dans la région de la poitrine. Ce qui ôta toute chance au cireur qui décéda de plaies viscérales avec hémorragie interne.

Mais, devant le juge d’instruction, Mbaye Ngom changea de version. Cette fois, dit-il, ses chaussures lui avaient été bien restituées après paiement des 100 francs exigés. L’accident était arrivé au moment où il rafistolait son sac et que le cireur, qui était placé derrière lui, s’était mis à tirer sa canne qu’il tenait par l’aisselle. Ce qui l’obligea à se retourner dans le but de faire lâcher prise au cireur. Mais, devant la résistance de Demba Ndiaye, Mbaye Ngom soutient qu’il s’était retourné avec le couteau qu’il détenait, touchant ainsi le cireur en pleine poitrine alors qu’il n’avait pas cette intention.

Bocar Sarr, témoin des faits, a battu cette version en brèche. Selon sa déposition à la police, Mbaye Ngom, très excité, voulait à tout prix frapper le cireur avec sa canne. Un attroupement s’étant vite formé, les gens intervinrent pour éloigner Demba Ndiaye du vieil homme en l’amenant de l’autre côté de la chaussée. Mais, ajoute le témoin, le mendiant, qui tenait à faire la fête au jeune homme, retrouva ce dernier et lui planta son couteau dans la région du cœur en se jetant sur lui. Accusé de meurtre, le vieux Mbaye Ngom, en prison depuis mai 2001, sera-t-il sauvé par son âge ?

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