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Vendredi 01 Juin, 2018 +33
Politique

Serigne Modou Bara DOLLY ( Responsable du mouvement des guides religieux du Sénégal) : ‘ Idrissa Seck ne doit plus occuper de postes de responsabilité dans ce pays ’

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Serigne Modou Bara DOLLY ( Responsable du mouvement des guides religieux du Sénégal) : ‘ Idrissa Seck ne doit plus occuper de postes de responsabilité dans ce pays ’

Serigne Modou Mbacké Bara Dolly, responsable du mouvement des guides religieux du Sénégal, est connu pour ses prises de position assez radicales. Ce responsable politique du Pds à Touba, fils de l’ancien député devenu sénateur Serigne Bara Dolly, se dit scandalisé par toute idée de voir Idrissa Seck revenir aux affaires. Pour lui, l’ancien Premier ministre ne peut même plus être à la tête d’une mairie, à plus forte raison vice-président du Sénégal. Celui qui affirme être au Pds depuis 1988, avant même son père sénateur, ne décolère pas contre ceux qui alimentent les querelles de positionnement au sein du Pds. Pour Serigne Modou Bara, Karim Wade et Macky Sall n’intéressent pas les Sénégalais et le seul soutien qui vaille, c’est d’être derrière Me Wade.

Wal Fadjri : Comment appréciez-vous la récente déclaration du chef de l’Etat appelant l’opposition à un dialogue politique et non à des assises nationales ?

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : J’ai entendu les propos du chef de l’Etat Me Wade proposant à l’opposition un dialogue politique à la place d’assises nationales. Et je dois vous dire qu’en dehors de tout parti-pris, je suis entièrement d’accord avec Me Wade sur cette question. J’avais fait une déclaration, il y a quelques mois, pour dire que l’opposition n’existe plus au Sénégal parce que la majeure partie d’entre ces hommes politiques sont aujourd’hui en dehors des sphères de décisions comme l’Assemblée nationale et le Sénat. Au fait, c’était pour leur dire qu’ils (les membres du front Siggil Sénégal, Ndlr) ont commis une grave erreur politique en boycottant les élections législatives. Parce qu’ils auraient dû, au préalable, penser à tous ces Sénégalais qu’ils devraient représenter aujourd’hui au Parlement avant de prendre cette décision. Quand on est un homme politique responsable, on n’a plus le droit de bouder ou de boycotter une élection. Voilà pourquoi je suis en phase avec la proposition du chef de l’Etat de s’asseoir autour d’une table avec son opposition pour discuter. Accepter la proposition de l’opposition serait leur donner raison alors qu’ils ont eu tort de boycotter les élections. J’invite donc l’opposition à venir écouter le chef de l’Etat. Je vous révèle aujourd’hui que j’ai des amis dans cette opposition. Moustapha Niasse est par exemple un grand ami, c’est pourquoi je regrette beaucoup leur absence à l’Assemblée nationale.

Wal Fadjri : Quel rôle joue le guide religieux, mais aussi le responsable politique que vous êtes dans la crise que traverse votre parti, le Pds ?

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Je suis d’accord quand vous parlez de problèmes au sein du Pds. Mais il ne s’agit point d’une crise. Ces problèmes au sein du parti sont les signes de sa vitalité. Un parti qui ne vit pas politiquement, ne peut pas rencontrer de problèmes comme ceux que le Pds connaît aujourd’hui. Cependant, en tant que guide religieux, je me mets toujours à l’écart de toute querelle politicienne. D’ailleurs, je ne cesse d’appeler les militants à l’unité et non à la division en clans pro-x ou anti-y. Parce que je suis convaincu que si le Pds est uni, il pourra diriger ce pays pendant cinquante ans comme les socialistes. Seulement, pour connaître cette longévité, il faut nécessairement laisser de côté les querelles intestines qui, du reste, n’intéressent pas le peuple sénégalais. La mission d’un parti au pouvoir, c’est d’être au service des besoins des populations. C’est ce que je crois, moi, en tant que guide religieux. Les querelles ne sont que perte de temps puisqu’elles n’aboutissent à rien du tout. Et ce temps perdu aurait dû être consacré à la recherche de solutions pour le mieux-être des Sénégalais. Et je signale que le Pds est en train de suivre les mêmes traces qui ont conduit à la chute du régime socialiste.

“A propos du différend entre Karim et Macky, j’avais pris mon bâton de pèlerin avec Cheikh Béthio Thioune pour essayer d’arrondir les angles. Et je continue à le faire en appelant les guides religieux à œuvrer dans ce sens car notre rôle en tant que guide religieux n’est pas de se ranger derrière l’un ou l’autre”.

Wal Fadjri : Derrière cette querelle, il y a la question de la succession de Me Wade…

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Je dois signaler une chose par rapport à cette question de succession : Quand Wade arrivait au pouvoir, en mars 2000, il était loin de s’imaginer quelques mois avant qu’il serait le président de la République du Sénégal. C’est pour dire que son accession au pouvoir est une volonté divine. Sa succession relèvera donc de la volonté divine. Seul Dieu peut lui désigner un successeur, mais pas quelqu’un d’autre. Et personne ne peut s’autoproclamer son successeur. Par conséquent, que les gens reviennent à la raison. Et je crois qu’aucun guide religieux au Sénégal ne cautionne ce débat qui ne mène nulle part, car l’avenir appartient à Dieu. Mieux, vous entendez tous les jours le chef de l’Etat dire à qui veut l’entendre qu’il se porte comme un charme.

Wal Fadjri : Malgré tout, le Pds est aujourd’hui divisé en pro-Karim et pro-Macky Sall.

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Il ne devrait pas y avoir de nuages entre Karim Wade et Macky Sall. Du moins, si tous les deux croient sincèrement qu’ils travaillent pour la réussite du chef de l’Etat qui les a tous mis là où ils sont. Le duo ou duel Karim-Macky ne devrait pas être aujourd’hui au cœur du débat. C’est plutôt celui qui a été élu en mars 2000 et qui vient d’être réélu qui devrait être la préoccupation des Sénégalais. Car c’est lui qui a signé un contrat de confiance avec le peuple. J’estime que s’il y a quelqu’un qu’on doit soutenir, c’est bien lui. Et aucun autre. Je ne vous le cache pas, mais Macky Sall et Karim Wade sont tous deux mes amis. Je ne suis dans aucun camp. Si je dois choisir un camp, c’est celui de Me Abdoulaye Wade que le peuple a choisi. Et à propos du différend entre Karim et Macky, j’avais même pris mon bâton de pèlerin avec Cheikh Béthio Thioune pour essayer d’arrondir les angles. Et je continue à le faire en appelant les guides religieux à œuvrer dans ce sens. Car j’estime que notre rôle en tant que guide religieux n’est pas de se ranger derrière l’un ou l’autre. C’est parfois une honte de voir le Pds en arriver à ce stade de la division. Surtout quand on se rappelle les années de braises. Et je le dis haut et fort, nous sommes contre tous ceux-là qui alimentent ces querelles pour une raison ou pour une autre. Car ils gênent, à la limite, la bonne marche des affaires du pays.

Wal Fadjri : Pourtant, parmi ceux-là, on peut citer Doudou Wade qui est l’auteur de la pétition pour la destitution de Macky Sall de la tête de l’Assemblée nationale.

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Je ne citerai personne parce qu’il y a d’autres hommes politiques, de simples citoyens et même des chefs religieux qui, au lieu de chercher à tempérer la situation, jettent de l’huile sur le feu. C’est regrettable. Et ce sont ces gens que notre mouvement combat. Ce qui nous intéresse, encore une fois, c’est l’unité et non la division. Vous savez, certains croient rendre un grand service alors qu’ils ne font que détruire. C’est le cas de tous ceux qui œuvrent pour la destitution de Macky Sall, ou qui cherchent par tous les moyens à l’opposer à Karim Wade. Nous dénonçons cela. Je ne vois pas pour quelle raison des militants du Pds devraient estimer normal de faire la guerre à un autre frère militant pour le destituer ou l’exclure du parti. Ce n’est pas normal.

“C’est Me Wade qui a dit devant tout le peuple sénégalais qu’Idrissa Seck a pris de fortes sommes d’argent qu’il a planquées à l’étranger et qu’il doit obligatoirement rapatrier (…) On ne peut pas laisser passer ces milliards par pertes et profits. Surtout au moment où les Sénégalais traversent d’énormes difficultés. D’ailleurs, même si Idrissa Seck ramenait ces milliards, il ne doit plus occuper de postes de responsabilité dans ce pays”.

Wal Fadjri : L’autre actualité qui polarise l’attention dans votre parti, c’est le retour de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck au Pds. Comment l’appréhendez-vous ?

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Ma position sur cette question est connue de tous ceux qui me connaissent ou qui m’écoutent. Je suis souvent scandalisé quand j’entends certains dire qu’Idrissa Seck peut revenir car le problème, c’était entre lui et Abdoulaye Wade. Je dis non. Idrissa Seck n’a pas de problème avec Me Wade, mais avec tout le peuple sénégalais. Maintenant, quant à son retour au Pds, il faut qu’on soit clair : C’est Me Wade qui a dit devant tout le peuple sénégalais qu’Idrissa Seck a pris de fortes sommes d’argent qu’il a planquées à l’étranger et qu’il doit obligatoirement rapatrier. Par conséquent, à mon avis, avant de revenir au Pds, il doit obligatoirement être d’abord blanchi par la justice sur cette affaire d’argent. On ne peut pas laisser passer ces milliards par pertes et profits. Surtout au moment où les Sénégalais traversent d’énormes difficultés. D’ailleurs, même si Idrissa Seck ramenait ces milliards, il ne doit plus occuper de postes de responsabilité dans ce pays.

Wal Fadjri : Et pourtant, on parle d’un poste de vice-présidence de la République du Sénégal, que le chef de l’Etat chercherait à lui confier.

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Je le répète encore une fois, Idrissa Seck ne peut plus et ne doit plus occuper de poste de responsabilités étatiques au Sénégal. Il ne doit plus être ministre, député, sénateur, à plus forte raison le vice-président du Sénégal. Idrissa Seck ne doit même plus être un maire au Sénégal. Il faut être sérieux quand même. Quelqu’un qui a été accusé publiquement d’avoir détourné des milliards ne peut pas, du jour au lendemain, revenir diriger le Sénégal.

Wal Fadjri : Et si c’est la justice qui le blanchit ?

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Même s’il était blanchi par la justice, cela ne changerait rien dans la donne. Les Sénégalais continueraient toujours à l’indexer comme ayant une fois été accusé de détournement de deniers publics. En tous cas, un guide religieux comme moi, qui est en train de sensibiliser les gens sur la pertinence de la mise en place du Fonds de solidarité nationale, ne peut pas cautionner la malversation, encore moins être de ceux-là qui disent que l’ancien Premier ministre Idrissa Seck doit revenir au Pds pour occuper un poste de responsabilité. En plus d’exiger le rapatriement de ces milliards, on doit demander des dommages et intérêts quand on sait que si cet argent était resté au pays, on n'aurait pas besoin de créer aujourd’hui un Fonds de solidarité nationale. C’est cela ma conviction, et je suis sûr que je la partage avec beaucoup de guides religieux, des hommes politiques et de simples citoyens. Vous savez, ce que je dis là, ce n’est pas parce que j’en veux à Idrissa Seck. Loin de là. Seulement, je suis un homme de conviction. Et c’est Me Wade qui a déclaré devant tout le Sénégal qu’Idrissa Seck a pris de l’argent qu’il doit rembourser intégralement. Et tant que le même Abdoulaye Wade ne revient pas devant tous les Sénégalais pour dire qu’Idrissa Seck a remboursé, je continue de croire qu’il doit de l’argent au peuple. Je crois fermement en ce que le chef de l’Etat a dit. Et personne ni rien ne peut m’empêcher de le croire jusqu’à ce qu’on me prouve le contraire. Et moi, Serigne Modou Bara Dolly Mbacké, je dis haut et fort que même si Idrissa Seck remboursait cet argent, on devrait le regarder d’un autre œil que de penser à lui confier un poste de responsabilité. Parce que quelqu’un qui vole ta chemise et qui revient plus tard, après plusieurs négociations, te la remettre en disant qu’il l’avait juste cachée, n’est rien d’autre qu’un voleur. J’estime que si Wade veut le blanchir, il nous donnera les preuves qu’Idrissa Seck n’avait rien pris. Du moins, c’est ce que je pense, moi Serigne Modou et tous les Sénégalais dotés d’un bon sens et d’une certaine vertu pensent comme moi.

Wal Fadjri : Mais le président Wade l’a déjà blanchi lors de son audience avec une délégation de Rewmi.

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Ah bon ! C’est ce que vous appelez blanchir ? Qu’est-ce que Me Wade avait dit ?

Wal Fadjri : Il avait dit, entre autres, qu’Idrissa Seck n’avait rien fait et qu’Omar Sarr était à 90 % responsable de ce qui lui est arrivé.

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : C’est possible. Cela peut bien arriver. Certains compagnons peuvent vous pousser à commettre des erreurs, à voler ou à tuer. Cependant, ces propos du chef de l’Etat ne signifient pas, à mon avis, que l’ancien Premier ministre a été blanchi. C’était juste une manière de parler. Il est vrai que Me Wade et Idrissa Seck se parlent. Mais cela ne signifie rien pour moi. Il est le chef de l’Etat, et en tant que tel, il doit rencontrer tout Sénégalais, qu’il soit homme politique, membre de la société civile, chef religieux ou même un voleur. D’ailleurs, il le fait tous les jours que Dieu fait.

Wal Fadjri : Comment analysez-vous, en tant que guide religieux, les événements du 21 novembre dernier avec la révolte des marchands ambulants ?

Serigne Modou Bara Dolly Mbacké : Une erreur a été commise. C’est de ne pas avoir privilégié la concertation avant de prendre la décision de déguerpir ces marchands ambulants. C’est pourquoi, je dis qu’il y a certains dans l’entourage du président de la République, qui ne lui facilitent pas du tout la tâche. Vous l’avez entendu un jour dire qu’il préfère l’ennemi intelligent à l’ami fou. Au fait, cet ami fou croit toujours vous rendre service dans tout ce qu’il fait. C’est ce qui est arrivé avec les marchands ambulants. Ces jeunes ne sont pas contre Wade, on les a juste poussés à se révolter. Ils ont presque tous voté pour lui. Voilà pourquoi je demande qu’on les aide parce qu’ils viennent tous de milieux défavorisés. Aujourd’hui, on doit aider le monde rural qui connaît certaines difficultés dues à un déficit pluviométrique. Et tant que les problèmes du monde rural ne sont pas réglés, rien ne pourra arrêter ce flux de jeunes qui envahissent Dakar à la recherche d’un gagne-pain. L’Etat doit commencer par aider ces jeunes qui n’ont pas d’autres solutions et qui ont préféré ne pas braver l’océan pour aller en Europe. La solution, ce n’est pas de les déguerpir ou de leur rendre la vie difficile. La solution, c’est de les aider à travers des projets.



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